Connexion
Le Matin : Vous avez opté pour le Maroc comme pays hôte de ce grand rendez-vous international. Quel regard portez-vous sur le Royaume ?
Prince Bandar Bin Khalid Al-Faïsal : Ce n’est pas la première fois que le Maroc accueille la conférence annuelle de la Fondation de la pensée arabe. Le Royaume était déjà l’hôte de cet événement il y a exactement dix ans. En 2004, la conférence avait pour thème «les Arabes entre la culture du changement et le changement de la culture». Cette année, notre conférence, qui s’étendra sur trois jours et qui se tiendra dans la ville de Skhirat, aura pour thème «La complémentarité arabe : le rêve de l’unité et la réalité de la division». Ce thème intéresse tous les pays arabes, que ce soit ceux du Moyen-Orient, du Maghreb ou du CCG, surtout avec les événements qui touchent la région. Le Maroc ne jouit pas uniquement d’une place privilégiée au sein des pays du Maghreb, mais également dans tout le monde arabe. De ce fait, il joue un rôle dans la complémentarité arabe et constitue un acteur principal dans sa concrétisation. De plus, le Maroc est un pont entre l’Orient et le Maghreb arabe d’un côté et les pays de l’Union européenne et le monde de l’autre. Sans oublier l’hospitalité de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et son indéfectible soutien à l’organisation de notre congrès. En effet, le gouvernement et le peuple marocains ont toujours appuyé la mission de la Fondation de la pensée arabe, en adoptant ses initiatives et en fournissant des plateformes qui facilitent l’exécution de ses projets.
Vous avez choisi «La complémentarité arabe : le rêve de l’unité arabe et la réalité de la division» comme thème de cette édition. Quels en sont les enjeux ?
Cela fait des années que nous parlons de l’unité arabe. Malheureusement, les Arabes demeurent divisés sur plusieurs plans, notamment économique, politique, culturel et social. Je pense qu’il est grand temps que nous tirions des leçons des expériences de ceux qui nous ont précédés, dans l’espoir d’accomplir un pas vers le processus de complémentarité. L’Union européenne à titre d’exemple avait bien commencé par s’unir sur le plan économique à travers un marché commun qui facilitait la circulation des personnes et des marchandises, avant de devenir une union et une entité politique. À la lumière des récents changements géopolitiques, il est urgent de penser à la complémentarité du développement arabe, à l’avenir de la coopération économique entre nos pays, à la complémentarité culturelle, et aux solutions aux problèmes de sécurité et des divisions politiques… Le congrès se penchera également sur le rôle de la Ligue arabe, sur la question des ressources naturelles arabes, telles que l’eau et le pétrole, ainsi que sur les questions relatives aux frontières, à la répartition démographique et à la promotion de la langue arabe.
Cette XIIIe édition se tient dans un contexte de bouleversements et d’instabilité politiques dans les pays de la région. Qu’attendez-vous et qu’attend le monde arabe d’un tel événement ?
FIKR13 rassemblera des responsables gouvernementaux, des ministres, des hommes politiques et des décideurs, ainsi que des penseurs et différents experts et académiciens arabes et occidentaux. Lors de la session générale, nous discuterons de l’histoire des politiques et des changements culturels et géopolitiques arabes. Nous nous pencherons également sur la cause de ces changements. Nous évaluerons de même ces politiques et nous échangerons nos points de vue respectifs, dans le but de parvenir à une entente et à des alternatives susceptibles de restituer la sécurité, la stabilité, le développement, l’essor et l’unité dans nos sociétés.
Quels sont les objectifs que votre Fondation désire réaliser à travers cet événement ?
Le congrès annuel de la Fondation de la pensée arabe a de tout temps contribué à la réflexion pionnière autour du présent et l’avenir des Arabes. Nous avons toujours examiné de près les développements et dynamisé la réflexion pour faire face aux défis culturels, économiques, sociaux, politiques et de développement que rencontre notre monde arabe. FIKR a suivi de près les événements par lesquels est passée la région arabe depuis le premier congrès qui s’est tenu, il y a treize ans, au Caire. Nous avons pour objectif de promouvoir la solidarité culturelle et le progrès dans nos pays, avec une ouverture sur le monde entier. À travers FIKR13, nous aspirons à établir un dialogue constructif et unique entre les Arabes, de manière à ce que de nouvelles idées puissent émerger pour construire un meilleur avenir pour les citoyens de notre région. À travers la treizième édition de ce congrès, la Fondation de la pensée arabe aspire à raviver l’espoir d’une union arabe, même si les clivages s’accentuent et que la violence l’emporte sur la voix de la raison, de la sagesse et du dialogue. La Fondation œuvre à porter la voix des intellectuels et à faire prévaloir le principe de logique et la culture du dialogue constructif de manière à dominer tous les conflits et toutes les différences et à créer une plateforme qui rapprocherait les Arabes.
