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«C'est un véritable honneur de venir jouer au Maroc et partager ma musique dans mon pays d'origine»

L’année 2014 est celle de Samia Tawil. La jeune rockeuse, auteure, compositrice et interprète, née à Genève d’un père helvético-syrien et d’une mère marocaine, vient de sortir un album bien soigné : «Freedom is now». Parfait mélange de rock-funk, pop et soul, sur fond d’une poésie unique. Sacré voyage ! L’album puisé dans ses racines métissées sera présenté au public marocain, dans le cadre du prochain Festival Mawazine, rythmes du monde. L’occasion de découvrir sa voix chaude, la force évocatrice de ses textes et sa bande électrique.

«C'est un véritable honneur de venir jouer au Maroc et partager ma musique dans mon pays d'origine»
Samia Tawil.

Le Matin : Votre album «Freedom is now» est un savoureux mélange d’un funk-rock et de poésie. Comment arrivez-vous à obtenir ce résultat ?
Samia Tawil : Je pense qu'il s'agit de l'influence de mes parents ! J'ai été beaucoup influencée par la musique qu'ils écoutaient quand j'étais enfant, entre autres la soul-rock profonde des années 60, le blues, ou encore le rock comme les Pink Floyd, ou autres chanteurs aux textes forts, tels que Bob Dylan ou même Ben Harper. Cela m'a menée à ne jamais dissocier la musique de son sens ou du message qu'elle promeut. Pour moi, la musique n'est pas un simple divertissement, elle n'est pas faite pour faire danser uniquement ; elle est le véhicule d'un message qui peut être parfois très fort, à titre politique ou émotionnel. J'ai donc vraiment mis un point d'honneur à travailler les textes de mes chansons et à tenter au mieux de rendre justice aux émotions qui m'envahissaient au moment de sa conception. C'est aussi mon amour de la littérature et de la poésie qui m'a poussée dans ce sens.

S’agit-il d’un pamphlet contre les injustices sociales constatées dans des pays comme le Liban, le Brésil ou encore le Maroc ?
Il est vrai que de nombreuses chansons de l'album rendent compte de certaines injustices sociales dont j'ai été témoin en vivant dans ces pays, et qui m'ont beaucoup touchée. Par ailleurs, lors de l'enregistrement de cet album, les événements du Printemps arabe ont éclaté, et se sont propagés dans l'Espagne au travers du mouvement des Indignés, et dans le reste de l'Occident au travers du mouvement «Occupy», et j'ai ressenti un fort espoir autour de ce mouvement, et cette quête d'une humanité vers la dignité qu'elle sentait enfin se devoir à elle-même m'a beaucoup inspirée. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai intitulé l'album «Freedom is now».

C’est aussi un hommage à la scène rock féminine ?
Ah, bien sûr. Pendant l'adolescence, j'étais fascinée par Alanis Morissette, Skunk Anansie, Shery Crow ; j'adore leur manière d'enfreindre les codes et de se laisser aller dans leurs textes à une sincérité parfois très crue mais, en même temps, très belle. La musique que je fais aujourd'hui et très influencée par cette vague-là.

Que représente pour vous le fait de jouer au Festival Mawazine, rythmes du monde ?
C'est un véritable honneur de venir jouer au Maroc et de partager ma musique dans mon pays d'origine, le pays de ma mère, où j'ai vécu durant mon enfance. C'est aussi un honneur que cela soit dans le cadre du Festival Mawazine, que j'apprécie tout particulièrement, d'autant qu'il laisse place à des artistes tant américains, africains, que marocains ou orientaux, connus ou à découvrir, et je trouve ce mélange très enrichissant.

Quelle est la plus-value de vos origines métissées dans votre musique ?
Il est vrai que j'ai été principalement influencée par l'univers de la musique américaine. J'ai aussi baigné dans la musique Gnawa durant mon enfance et connu de plus près la musique et la danse orientales plus tard. Ces influences, qui font écho à mes origines marocaines et syriennes, se reflètent dans certaines chansons, où j'ai inclus des interventions d’oud ou de derbouka. Même s'il ne s'agit que de quelques chansons, ces influences sont bel et bien présentes, et je trouve cela très intéressant de mêler le Gnawa ou des mélodies orientales au rock ! Au final, cet album traite le thème de la liberté politique, sociale, émotionnelle ou encore artistique et même identitaire, et c'est aussi ce que j'ai voulu exprimer dans les photos du livret de l'album, où des coulures de peinture de différentes couleurs s'entremêlent et se mélangent. J'ai voulu illustrer le refus d'étiquette, de barrières, et le refus de toute limite à l'expression, et embrasser pleinement la complexité et la richesse de ce que je suis et la subtilité de ce que je souhaite véhiculer.

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