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«Le projet du Jardin botanique de Fès n’a toujours pas vu le jour»

Dans le cadre des activités commémoratives de la Journée de la Terre au Maroc, le Forum régional des initiatives environnementales dans la région de Fès-Boulemane a organisé du 22 au 24 avril des visites dans les espaces verts, les jardins publics, les zones forestières et d'autres espaces, pour s’enquérir de l’état de l’environnement dans la ville de Fès. Zoom sur cette action avec le président du Forum, Abdelhay Raïss.

«Le projet du Jardin botanique de Fès n’a toujours pas vu le jour»
La ville de Fès, qui compte plus d’un million d’habitants, ne dispose que de 2 millions de m² d’espaces verts.

Le Matin : Quels sont les sites de la ville de Fès que vous avez visités à l’occasion de la célébration de la Journée de la Terre ? Et quel était l’objectif de cette action ?
Abdelhay Raïss : Cette année, pour célébrer la Journée de la Terre, nous avons choisi, au niveau du Forum régional des initiatives environnementales, de mener des actions de proximité en allant sur le terrain, pour faire un diagnostic de la situation environnementale actuelle de la ville de Fès. Dans ce cadre, nous avons visité le jardin Jnane Sbil, le Parc du Champ de courses, le Parc Majid, les jardins de Dekkarate, le Jardin Lalla Amina, la pépinière municipale, la Place Florence, la décharge contrôlée de Fès, entre autres. Cette action a pour objectifs d’attirer l’attention sur les dysfonctionnements qui touchent l’environnement au niveau de la ville, d’échanger avec les responsables des visions et des idées innovantes en matière environnementale, de mettre en lumière des expériences environnementales réussies qui peuvent servir de modèles pour le futur et de proposer des idées de projets susceptibles de répondre à l’enjeu du développement durable.

Quel constat avez-vous fait suite à ces sorties sur le terrain ?
Malheureusement, nous avons fait un constat très accablant après ces sorties sur le terrain. En effet, la majorité des sites que nous avons visités sont, soit délaissés, soit dans un état de délabrement avancé, à cause du manque d’entretien et de la négligence. C’est le cas du Parc Majid, des jardins Dekkarate, de la Place Florence, ou encore de la pépinière municipale qui a dans le passé joué un rôle primordial dans la fourniture de plantes et de fleurs aux jardins et espaces verts de la ville.
Pour ce qui est de la décharge contrôlée de Fès, la mauvaise odeur qui se dégage du site, qui se trouve à proximité de la station thermale Sidi Harazem, continue de constituer une grande préoccupation pour les habitants de plusieurs quartiers de la ville, même ceux qui sont situés à plusieurs kilomètres du site de la décharge, comme le quartier Narjis ou le quartier Aïn Chkef. Pour nous, les seuls motifs de satisfaction furent, lors de ces visites, procurés par le Jardin Jnane Sbil (le plus ancien jardin public de ville) qui a bénéficié entre 2006 à 2010 d’une grande opération de rénovation, le Jardin Lalla Amina, ou encore l’avenue Hassan II. Ces espaces verts sont des références en matière d’entretien et d’aménagement et constituent des exemples à suivre.

Pouvez-vous nous dresser un état des lieux des espaces verts dans la ville de Fès ?
Nous pouvons dire qu’il y a aujourd’hui à Fès une extension inquiétante du ciment aux dépens des espaces verts qui constituent de véritables réservoirs d’oxygène et jouent un rôle très important dans l’équilibre physique et mental des gens. Ainsi, la ville de Fès, qui compte plus d’un million d’habitants, ne dispose que de 2 millions de m² d’espaces verts. Ce qui fait qu’en comparaison avec les normes internationales qui stipulent que chaque habitant doit bénéficier de 10 m² d’espaces verts au minimum, Fès est très loin du compte avec seulement 2 m²/hab. En effet, les plans d’aménagement de la ville sont conçus sans prendre en considération le bien-être des habitants de la ville. En conséquence, les différents quartiers de la ville se retrouvent dépourvus d’espaces verts, de jardins publics et de parcs pour enfants.

La forêt de Aïn Chkef constitue un véritable poumon vert pour la ville de Fès. Comment se porte-t-elle ?
L’urbanisation accrue constitue une réelle menace pour la forêt de Aïn Chkef. Cette forêt très importante pour la ville de Fès est également livrée aux attitudes irresponsables des citoyens. Ainsi, pour valoriser ce site naturel, nous avons proposé au Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification un projet de centre d’éducation environnementale, qui sera situé au cœur de la forêt de Aïn Chkef. Ce projet sera doté d’outils didactiques et pédagogiques adéquats pour inculquer aux enfants la fibre écologique, forger chez eux un engagement écocitoyen et les préparer aux défis environnementaux du futur.

Qu’en est-il du projet de Jardin botanique de Fès, proposé par le forum et qui devait voir le jour en 2011 ?
Le projet du Jardin botanique de Fès n’a pas vu le jour, car le conseil communal de la ville a résilié la convention de partenariat qui le liait au Forum et à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah pour la réalisation du Jardin et a affecté le terrain de 7 hectares, sur lequel devait être érigé le jardin, à la location. Ce projet environnemental, qui a été conçu pour offrir aux habitants de Fès et à ses visiteurs de réels espaces de verdure, devait renfermer des collections de plantes méditerranéennes sauvages et des plantes médicinales, utilitaires, alimentaires et industrielles et donner la possibilité aux passionnés des plantes de découvrir des espèces nouvelles avec leurs noms scientifiques et communs.

Que faut-il faire, à votre avis, pour rendre à Fès sa réputation de ville verte ?
Alors qu’aujourd’hui, la situation environnementale de Fès est très alarmante, autrefois, les jardins et les espaces verts faisaient partie du patrimoine lié à l’histoire de la capitale spirituelle, lui donnant la réputation de ville verte. Pour que Fès réussisse à retrouver sa place d'antan et à offrir à ses habitants un cadre de vie agréable, il faut une prise de conscience des autorités publiques et des habitants de l'importance des espaces verts et de la nécessité de les préserver. Il faut également miser sur la mobilisation de tous les moyens, la synergie des efforts des différents intervenants et, surtout, l’instauration d’une bonne gouvernance en matière de gestion des affaires de la cité. 

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