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Le régime sans gluten

Aujourd'hui, le seul traitement contre la maladie cœliaque est le régime sans gluten. Mais difficile d'éviter toute trace de blé, d'orge ou de seigle. Car ces céréales se cachent dans quasiment tous les aliments.

Le régime sans gluten
L'intolérance au gluten peut provoquer différentes pathologies dont les douleurs articulaires, l'ostéoporose, l'anémie, etc.

La maladie cœliaque, mieux connue sous le nom d’intolérance au gluten, est une pathologie auto-immune au cours de laquelle le système immunitaire, chargé normalement de nous défendre, se dérègle et attaque les constituants sains de l’organisme.

«Cette pathologie provoque une attaque de la paroi intestinale à l’origine d’une malabsorption de nutriments, notamment le fer et le calcium, ainsi que de multiples complications comme l’ostéoporose, la dermatite herpétiforme, des douleurs articulaires, des fausses couches à répétition et un risque potentiel de survenue d’un lymphome», explique Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie, présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS). Le responsable en est le gluten, une protéine contenue dans les céréales (blé, orge, seigle…).

Classiquement, elle était connue surtout comme une affection de nourrissons et d’enfants en bas âge, avec des signes se limitant à l’appareil digestif, alors qu’actuellement on la rencontre de plus en plus souvent chez l’adulte, même au-delà de 65 ans, avec des manifestations très étendues et rendant son diagnostic parfois difficile, telles que les douleurs articulaires, l'ostéoporose, l'anémie, les fausses couches à répétition, les aphtes buccaux, une dermatite ou même encore des maux de tête, la fatigue chronique, l'anxiété et la dépression. Il existe une forte prédisposition génétique à la maladie puisque les membres de la même parenté en sont touchés dans 10% des cas. «De plus, 15 à 25% des cœliaques sont ou seront atteints d’une autre maladie auto-immune comme le diabète de type 1, des thyroïdites ou des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin», précise le Dr Moussayer. Et de poursuivre : «Au Maroc, la maladie reste encore peu connue, bien qu’elle atteigne environ 1% de la population, avec en particulier une prédisposition encore plus élevée dans les populations du Sud marocain».

Pourtant, une réduction des risques de sa survenue ou son retardement est possible chez l’enfant «grâce à l’encouragement de l’allaitement maternel, l’introduction progressive du gluten dans la nourriture et une bonne hygiène pour prévenir les gastroentérites qui joueraient un rôle de facteur déclencheur de la pathologie». Par ailleurs, la spécialiste prévient que cette intolérance au gluten peut rester silencieuse pendant des années et que son diagnostic met en moyenne plus de 13 ans avant d’être établi par le taux élevé des anticorps dans le sang (antitransglutaminase) responsable de l’attaque de l’organisme et par une biopsie de la paroi intestinale. Il reste que pour chaque cas détecté, 9 demeurent ignorés.

Pour retrouver la santé, une seule solution : retirer toute trace de gluten dans son alimentation en suivant un régime très strict, théoriquement à vie. Ce qui n’est pas toujours très simple à mettre en place, car cela implique souvent de modifier des habitudes alimentaires bien ancrées dans la vie du patient. Les grandes surfaces proposent aujourd’hui des produits garantis sans gluten, mais leur coût reste relativement élevé et difficile à supporter par les milieux modestes. Au final, ce n’est pas moins de 2.000 dirhams par mois que devra débourser le patient pour pouvoir manger comme tout le monde.

Autre contrainte, les sorties au restaurant et les repas en famille. En effet, il est souvent conseillé au patient de cuisiner à l'aide des aliments naturels (non préparés industriellement). Ce qui n’est pas
toujours évident en dehors de chez soi. Sont à bannir, entre autres, les plats préparés et les plats microondes ainsi que les boîtes de conserve. 


Avis du spécialiste

Docteur Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et vice-présidente de l’Association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG)

«L’intolérance au gluten peut survenir à tout âge»

Qu'est-ce que la maladie cœliaque ?
La maladie cœliaque, mieux connue sous l’appellation d’intolérance au gluten, est une affection auto-immune, c’est-à-dire que le système immunitaire, chargé normalement de défendre l’organisme contre les agressions (de bactéries, virus, champignons…), se retourne contre le corps et attaque ses propres constituants. Le gluten, une protéine contenue dans les céréales (blé, orge, seigle…), provoque chez certaines personnes cette réaction anormale qui induit des dommages de la paroi de l’intestin grêle et des troubles de l’absorption du fer, du calcium et des vitamines. L’intolérance au gluten au cours de la maladie cœliaque diffère de l’exceptionnelle allergie au gluten qui n’a pas la même expression clinique et ne repose pas sur les mêmes mécanismes.

Y a-t-il des personnes à risque ? Une hérédité ?
La maladie survient sur un terrain génétique particulier. Il existe une forte prédisposition génétique à la maladie et les membres de la parenté d’un malade cœliaque sont touchés dans 10% des cas. Les personnes ayant une maladie auto-immune comme le diabète insulinodépendant de type I, la polyarthrite rhumatoïde ou la thyroïdite sont plus susceptibles de développer la maladie. Elle est aussi plus fréquente chez les personnes atteintes de trisomie 21.

À partir de quel âge peut-on contracter cette maladie ?
L’intolérance au gluten peut survenir à tout âge. Elle peut apparaître chez les jeunes enfants dès l’âge de 6 mois, après l’introduction des céréales dans leur diète, comme elle peut se déclarer à l’âge adulte. D’une affection infantile dont les signes se limitent à l’appareil digestif, la maladie cœliaque est devenue, ces dernières décennies, une pathologie surtout de l’adolescent et de l’adulte, même au-delà de 65 ans, avec des manifestations qui s’étendent à tous les organes. Les femmes sont 2 à 3 fois plus touchées que les hommes.

Comment savoir que l'on souffre d'intolérance au gluten ?
Vérifiez vos antécédents familiaux et portez une attention particulière aux symptômes suivants : douleurs articulaires, ostéoporose, anémies, fausses couches à répétition, aphtes buccaux, dermatite ou maux de tête, fatigue chronique, anxiété, dépression ou une obésité et une constipation paradoxales. Dans la forme typique du nourrisson, on observera, peu de temps après l’introduction du gluten, des diarrhées, des vomissements, un état irritable, une cassure de la croissance.

Peut-on prévenir l'apparition de ce trouble alimentaire ? Si oui, de quelle façon ?
Une réduction des risques de sa survenue ou son retardement est possible chez l’enfant grâce à l’encouragement de l’allaitement maternel, l’introduction progressive du gluten dans la nourriture et une bonne hygiène pour prévenir les gastroentérites à rotavirus, qui joueraient le rôle de facteur déclencheur de la pathologie.

Quelles sont les statistiques de cette maladie au Maroc ?
Au Maroc, la maladie cœliaque reste encore peu connue, même si elle atteint environ 1% de la population, en particulier du sud du Maroc. L’Association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG), présidée par Mme Nadia Moufik et dont je suis la vice-présidente, va œuvrer pour apporter de plus amples précisions sur la fréquence de la maladie dans notre pays.

Existe-t-il à ce jour des traitements ? Un moyen d’éradiquer la maladie ?
Le régime alimentaire strict sans gluten et à vie est actuellement le seul traitement disponible. Son application demeure néanmoins problématique du fait de l’absence d’un étiquetage obligatoire sur la présence du gluten. Ce dernier peut en effet être présent dans des produits divers et souvent insoupçonnés (médicaments, rouge à lèvres, rince-bouche, dentifrice, colle, bonbons, sauce à salade, plats cuisinés…). Un nouvel espoir est néanmoins offert pour les malades cœliaques par un blé épigénétiquement modifié. Par ailleurs, des essais sont en cours portant sur l’utilisation de biothérapies, des produits dérivés de substances naturellement présentes dans les organismes vivants.

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