Menu
Search
Vendredi 19 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 19 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Naissance de SAR Lalla Khadija

Hommage à la fondatrice de Casamémoire

Jacqueline Alluchon est décédée récemment. L’association qu’elle a pensée et créée organise une cérémonie de recueillement en hommage à cette militante qui a sacrifié sa carrière d’architecte pour sauver les bâtiments art déco de Casablanca.

Hommage à la fondatrice de Casamémoire
Jacqueline Alluchon, fondatrice de Casamémoire.

Casamémoire organise, aujourd’hui à 18 h à la Coupole au parc de la Ligue arabe, une cérémonie de recueillement en hommage à Jacqueline Alluchon, fondatrice de l’association qui s’est éteinte le 29 août à Toulouse suite à une longue maladie. «Jacqueline a laissé les amoureux de Casablanca orphelins», indique Casamémoire. Architecte passionnée de Casablanca, la défunte a consacré sa vie à défendre le patrimoine architectural de la métropole. Elle n’a jamais baissé les bras quand il s’agissait de militer pour faire apprécier la richesse architecturale de la cité blanche. Un travail et une passion menés jusqu’au bout. Faisant preuve de beaucoup de patience et d’amour pour sa ville natale, Jacqueline a pu, non seulement réunir les amoureux du patrimoine autour de sa cause, mais aussi sensibiliser l’opinion publique, les acteurs sociaux et politiques à l’importance de ces joyaux architecturaux. Aujourd’hui, son association est réputée au niveau international pour la défense de ce patrimoine «bidaoui». Grâce à elle et à l’équipe dévouée de Casamémoire, beaucoup de bâtiments art déco ont pu résister au rouleau compresseur de l’immobilier.

C’est en 1949 que nait Jacqueline Alluchon à Casablanca. Elle quitte le Maroc à l’âge de 5 ans, mais y revient fréquemment pour la visite des grands-parents. Férue d’architecture, d’urbanisme et d’histoire, elle décida de se spécialiser dans ce domaine. Ainsi, elle eut en 1969 son diplôme d’architecte de l’École spéciale d’architecture de Paris. Son amour pour Casablanca et pour le patrimoine du XXe siècle qui décore cette ville ne l’a jamais quittée. Elle décida alors de revenir à son lieu d’appartenance, à sa ville natale.

En 1972, elle obtient l’autorisation d’exercer en profession libérale sur le territoire marocain. Elle a d’abord travaillé au côté d’architectes de renom avant d’ouvrir son propre cabinet à Casablanca. Jacqueline
Alluchon s’est spécialisée dans la construction et la rénovation de villas. Elle a également collaboré à plusieurs projets d’édition dans le domaine de l’architecture notamment avec Jean Louis Cohen et Monique Eleb. Néanmoins, elle n’a jamais accepté la dégradation et la disparition du patrimoine art déco casablancais.

En 1995, Jacqueline et quelques autres passionnés d’architecture créent l’association Casamémoire, en réaction à la démolition de la villa Mokri de l’architecte Marius Boyer, emblème du fabuleux patrimoine art déco de Casablanca. À partir de cette date, elle se lancera officiellement dans le militantisme pour sauvegarder les somptueux monuments témoins de l’architecture du XXe siècle. «Jacqueline n’aura de cesse d’arpenter les rues de Casablanca à pied ou au volant de sa mythique voiture, une 4L, pour surveiller ses amis de pierre et de fer !» témoignent ses amis de Casamémoire. Elle menait un combat sans répit. Un combat qui lui a valu en 2011 le titre de Chevalier des arts et des lettres décerné par le ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand. Cette décoration n’est pas l’unique fierté de la défunte. En 19 ans, Jacqueline Alluchon a remporté, avec les militants de Casamémoire, quelques victoires, même s’ils ont eu des moments de colère suite à l’anéantissement de certains témoins de la mémoire architecturale casablancaise. «Aujourd’hui, les portes ne se referment plus devant nous. Notre action est reconnue, tant par le public que par les autorités», avait-elle déclaré en 2011 suite à la destruction de l’immeuble Piot Templier, de style néomauresque situé au boulevard Mohammed V.

Lisez nos e-Papers