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Quatre morts et 55 blessés dans l’effondrement de trois «immeubles»

Il devait être 2h du matin passé, dans la nuit du jeudi
à vendredi, lorsqu’une habitation de 5 étages s’est partiellement affaissée à plus de 100° dans le quartier Bourgogne, entrainant dans son fléchissement l’effondrement total des deux petits immeubles (R+4) adjacents. Dans un bilan provisoir, 4 personnes ont trouvé la mort sur le coup et une cinquantaine ont été blessées, tandis que 8 personnes sont restées coincées sous les décombres. Une première dame a été extirpée, vivante, sous les amas de bétons en début d’après-midi en ce vendredi 11 juillet 2014. Sous-équipés, dotés de moyens sommaires, à la limite du ridicule, les vaillants éléments de la protection civile ont mis leur vie en danger et pris tous les risques, grimpant sur des décombres instables pour tenter de sauver des vies. Reportage.

L’heure était à la consternation, vendredi, plus qu’elle n’était à l’émotion, dans ce quartier de Bourgogne au cachet mi-populaire, mi-commercial, avec une bonne dose d’anarchie touchant à différentes facettes du temps et de l’espace. Le drame survenu quelques heures auparavant était sur toutes les lèvres, sur tous les visages, marquant en profondeur des expressions faciales déjà façonnées par cette chaleur pesante. Un drame alimentant des discussions tantôt sensées, tantôt saugrenues, parfois silencieuses même, à travers une larme qui coule sur un visage meurtri, dont le regard est plongé sous les décombres, plein d’espoir, en quête d’un signe de vie d’un proche ou d’un parent qui respirerait encore la vie et qui surgirait, par miracle, indemne des amas de béton.

«J’étais avec ma mère à la maison et dès qu’on a senti ce qui ressemblait à une première secousse, elle m’a sommée de quitter la maison et de tout laisser derrière… j’ai couru et elle en a fait autant, elle était juste derrière moi… au moment où j’ai mis les pieds dehors, elle a été happée par l’effondrement… disparue…», raconte, les yeux embués entre deux sanglots, cette jeune fille qui n’arrive toujours pas à réaliser de quelle manière le destin l’a séparée de sa mère, toujours sous les décombres, en quelques fractions de secondes.
C’est ce qu’on appelle communément le destin, semble vouloir lui répondre l’une des voisines, qui n’arrêtait pas de la consoler depuis l’aube. Un destin façonné par l’homme et mis en branle par l’irresponsabilité et l’absence de conscience.

Dans la foule dense qui s’est agglutinée tout alentour, certaines dames, les yeux remplis de larmes, lèvent les mains vers le ciel, implorant la clémence d’Allah envers celles et ceux encore otages de leurs logements «déconfiturés». En début d’après-midi de ce vendredi, les éléments de la protection civile ont réussi à extirper une dame sous les amas de béton, une seule, toujours en vie. De source officielle, il restait encore 7 personnes sous les décombres, les riverains parlant d’une quinzaine.
En milieu d’après-midi, parmi les personnes toujours coincées sous les décombres figuraient une jeune maman et son enfant de 6 mois, venue partager le repas de rupture du jeûne avec sa mère. Tous les trois n’ont pas eu le temps de quitter l’immeuble avant son effondrement. Le père du petit, qui n’était pas présent lors du drame, n’avait que son impuissance à crier face aux tas de décombres qui retenaient, contre leur gré, son épouse et son enfant. Sont-ils encore en vie ou, autrement, son chemin et le leur allaient-ils se séparer, à jamais, à ce check-point du destin ?

Des constructions hors la loi

Les trois immeubles effondrés souffraient plusieurs problèmes liés aussi bien au volet technique qu’au registre juridique et réglementaire. Dans cette zone, les premières autorisations de construire ont été délivrées pour des constructions R+1. Du jour au lendemain, l’on s’est retrouvé avec des R+4 et R+5 en lieu et place des R+1 en l’absence, manifestement, de toute étude technique du sol digne de ce nom. Les autorisations nécessaires auraient été délivrées sur la base d’études relativement partielles, voire légères, pour ne pas dire autre chose. Les riverains indiquent également que le propriétaire de l’immeuble affaissé avait entamé des travaux de restauration, suite à la démolition d’une partie du bâtiment, survenue récemment. En tous les cas, une sorte d’échafaudage et des cordages pendants attestent que des travaux étaient bien en cours.
«On ne peut pas passer d’un immeuble R+1 à une construction R+5 sans préalablement réaliser les études techniques du sol requises, car le problème réside dans le fait que les fondations construites initialement l’ont été dans une logique de R+1 et qu’elles ne pourraient en aucun cas supporter une construction 4 ou 5 fois plus imposante», souligne, sur les lieux du drame, Mohamed Karim Sbaï, président du Conseil régional du Centre relevant de l’Ordre national des architectes. Pire encore, le premier «immeuble» affaissé abritait plus d’une douzaine de ménages, à raison de trois familles par étage. Idem pour les bâtiments limitrophes, chose qui constitue un surpoids de plus sur de frêles fondations.

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