L’appétit de la Compagnie minière de Touissit (CMT) à l’international est insatiable. L’entreprise marocaine, qui arbore le slogan de prospecteur de valeurs, vient de renforcer sa participation dans la société Auplata, premier producteur d’or en Guyane française. CMT devient du coup l’actionnaire principal de cette société en portant ses parts de 7,8 à 27,02%, lors d'une augmentation de capital de 5 millions d'euros.
À en croire le management de CMT, Auplata vaut son pesant d'or. La société affiche une production de 594 kg en 2013 (+14% par rapport à 2012) et dispose de plus de 700 km2 de permis et titres miniers. «La société mène une stratégie industrielle novatrice de mise en valeur des ressources aurifères guyanaises avec une forte implication des acteurs locaux», assure CMT.
En février dernier, Auplata annonçait avoir reçu l’autorisation pour la construction d’une unité pilote de traitement de concentrés aurifères en utilisant le procédé de cyanuration. L’objectif de cette unité jugée pilote en Guyane française est de traiter de manière centralisée les concentrés aurifères produits par Auplata par les concentrateurs gravimétriques sur ses différents sites miniers. L’unité devrait permettre d’augmenter la production aurifère actuelle de 20%. Auprès du management d'Auplata, l’on affirme que les enjeux de cette avancée stratégique sont considérables aussi bien du point de vue économique que social puisque ces développements établiront de nouveaux standards pour l’industrie aurifère guyanaise. «Ils devront aussi profiter à l’ensemble du secteur», fait valoir Auplata dans un communiqué. Cette avancée industrielle majeure, soutient l’entreprise, pourra bénéficier au vaste gisement minier du projet de la Montagne d'Or sur le site de Paul Isnard dans lequel Auplata dispose d’intérêts capitalistiques au travers des accords avec NordGold. «Cette avancée est également concomitante à la volonté affirmée de l'État français de promouvoir l'industrie aurifère en Guyane française à travers notamment la création future de la Compagnie nationale des mines de France (CMF), dont l'objectif est d'orienter la nouvelle politique minière de l'Hexagone», souligne le management d'Auplata.
La société a d’autres projets dans le pipe. Elle compte créer à moyen terme des unités industrielles de plus grande capacité directement sur les sites miniers. C’est notamment pour financer ces investissements que le prospecteur d’or a annoncé le 4 mars l’augmentation de capital réservée en priorité aux actionnaires actuels. Les souscriptions, qui ont démarré le 6 mars, s'achèveront le 20. «Il s’agit aussi d'anticiper ou de nouer d'éventuels partenariats afin de jouer un rôle de premier plan dans l'essor de l'industrie aurifère guyanaise», indique l’entreprise.
Notons qu'Auplata est le premier actionnaire de la société canadienne d'exploration aurifère Columbus Gold cotée sur le marché TSX de la Bourse de Toronto (Canada). Les actions d'Auplata sont cotées, elles, sur le marché Nyse Alternext à Paris (NYSE Euronext). Malgré une hausse de production en 2013, le chiffre d'affaires de l'entreprise guyanaise a reculé de 2% à 20,2 millions d’euros. Motif, un marché fortement baissier avec un cours de l'or en baisse annuelle de 18% : 34,182 €/kg en moyenne en 2013 contre 41,701 une année plus tôt, souligne Auplata, citant le World Gold Council.
Pour rappel, son désormais principal actionnaire, CMT, est une filiale d’Osead Maroc Mining, elle-même filiale à 70% d’Osead France et à 30% de Moroccan Infrastructure Fund. Ce fonds d’investissement est à son tour filiale d’Attijariwafa bank. La compagnie minière marocaine, cotée à la Bourse de Casablanca, dispose de 27 permis miniers, dont 16 concessions d’une durée de 75 ans, venant à échéance entre 2012 et 2029. Pour les autres permis, leurs échéances se situaient entre 2007 et 2009, mais les demandes de renouvellement se font automatiquement. CMT exploite un gisement polymétallique à Tighza dans le Moyen-Atlas où elle dispose d’une usine de traitement qui produit des concentrés de plomb argentifère et de zinc argentifère. L’entreprise a également lancé le développement de filons aurifères dans le même district minier, jugés encourageants. Au Nord de Marrakech, sur le site de Rehamna, CMT possède un gisement d’argiles industrielles jugées de bonne qualité en cours d’exploitation. C’est en 2005 que la Compagnie minière de Touissit a procédé aux démarches administratives nécessaires pour l’obtention de la location des terrains et l’autorisation administrative sur ce site. La quantité totale à extraire autorisée à Rehamna porte sur 100 000 m3. Par ailleurs, CMT a lancé, en 2007, la carrière d’exploitation ainsi qu’une station de broyage sur place. À ce jour, la société aura extrait 1 500 tonnes d’argiles industrielles. Les réserves étant estimées à plus de 3 millions de tonnes.
CMT : encore des projets dans le cuivre
Par ailleurs, l’entreprise projette, à moyen terme, de démarrer le développement d’autres sites miniers dont elle détient des permis de recherches, lui permettant de générer des sources de croissance et de diversification supplémentaires. Il s’agit notamment du domaine minier de Tabaroucht dans la région d'Azilal (cuivre) et de celui de Midelt (cuivre également). Notons que CMT détient une participation minoritaire (7%) dans SFPZ qui exploite l’unique raffinerie du minerai de plomb du Maroc (fonderie de l’Oued El Heïmer) avec une capacité de 80 à 100 kt de plomb métal.
