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Quand le talent l'emporte sur le handicap

Le théâtre de la Fédération des œuvres laïques (F.O.L) présentait, vendredi dernier à Casablanca, «La Fêlure», un texte de l’auteur Francis Scott Fitzgerald mis en scène par Cédric Laroche. Sur scène, Jean Malbernard, petit par la taille, mais grand par le talent, incarne avec aisance ce profond personnage tombé dans les filets de la dépression.

Quand le talent l'emporte sur le handicap
Après un premier passage à Tanger et à Casablanca, Cédric Laroche, Jean Malbernard et Saad Akalay veulent poursuivre leur aventure dans le Royaume.

L’affiche promettait une belle soirée, la photo montrait un homme charismatique à l’air meurtri par la vie. Une fois dans la salle, les lumières s’éteignent et on découvre Jean Malbernard, allongé sur un divan, il n’en remplit que la moitié. Jean est handicapé, il ne dépasse pas le mètre vingt et son bras gauche est déformé, mais Jean est tellement beau. Ce visage si bien fait, cette présence intimidante, ce charme si propre aux stars hollywoodiennes. Jean ne fais plus un mètre vingt, sur scène il atteint facilement le mètre quatre-vingt-douze, il est taillé comme un athlète et il porte la barbe de trois jours, non pas celle des hommes négligés, celle des beaux gladiateurs.

Possédé par Francis Scott Fitzgerald lui-même, Jean se laisse transpercer par la vie, les passions, les souvenirs et les malheurs de l’écrivain. Il nous replonge dans les années trente, à l’époque où Fitzgerald brillait pour son talent, mais souffrait de devoir écrire sur commande. Tombé dans l’alcoolisme et la dépression, il écrivit «La Fêlure», un texte dans lequel il aborde son impuissance à écrire. Fitzgerald aimait l’Homme et il aimait décortiquer ses folies, ses contradictions et ses différences. Malgré l’ivresse et le chaos qui règne dans sa tête, il livre un discours ô combien lucide et ô combien touchant !

Bien que sur scène, Jean soit grand, il n’en est pas moins handicapé et il a souhaité associer ce texte aux problèmes rencontrés par les handicapés dans le monde du travail.
Cette représentation s’inscrit dans une démarche de sensibilisation entreprise par Cédric Laroche, Jean Malbernard et Saad Akalay et qui vise à mettre en avant les difficultés qu’ont les handicapés, non pas à travailler, mais à montrer leurs capacités dans le monde du travail. «Les handicapés sont souvent au chômage, non pas dû à leur handicap, mais plutôt aux clichés qu’on peut avoir vis-à-vis de leur handicap», explique Cédric Laroche. Partisan d’un théâtre engagé, le metteur en scène considère le théâtre comme une tribune d’expression et compte bien s’en servir pour défendre ses idées et sensibiliser les gens. Convaincu par son ami et ancien élève Saad Akoulay de développer des projets au Maroc, Cédric Laroche a franchi le pas. «Saad a été mon élève à Brive (sud-ouest de la France), nous nous sommes liés d’amitié et nous avons entrepris des projets ensemble.

Originaire de Casablanca, il m’a tout de suite parlé du Maroc et de son envie de développer des projets. Il m’a proposé d'en trouver un pour le tourner au Maroc. À cette époque, j’étais en train de monter “La Fêlure” avec Jean qui est un comédien que je connais bien et avec qui j’avais déjà travaillé auparavant. Jean avait envie de véhiculer au travers de son handicap, l’idée qu’un handicapé ce n’est pas seulement quelqu’un avec des incapacités. Son idée c’était de sensibiliser les gens au travers d’une performance», confit le metteur en scène. Après un premier passage à Tanger et à Casablanca, Cédric Laroche, Jean Malbernard et Saad Akalay ne comptent pas s’arrêter là. Touché par le regard des gens, par l’humain, par le côté naturel et la chaleur spontanés des Marocains, le trio veut poursuivre son aventure dans le Royaume.

«Maintenant notre idée c’est de continuer notre aventure avec le Maroc, de ne pas repartir comme ça. On a rencontré des gens qui nous ont touchés, on a eu des contacts et on a envie de continuer à créer des passerelles entre la France et le Maroc et de venir animer des stages sur des projets précis. Pourquoi ne pas créer un spectacle en résidence avec de jeunes acteurs marocains, créer des mélanges, un brassage culturel», conclut Cédric Laroche.

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