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«Les handicapés devraient disposer de tous les droits reconnus aux citoyens par la Constitution de 2011»

Nommée entrepreneur social de l’année 2015 par la Fondation Schwab, organisatrice du Forum économique mondial, Amina Slaoui, présidente de l'Association marocaine des handicapés (AMH), révèle les détails de cette reconnaissance internationale et revient sur la situation des personnes handicapées au Maroc.

«Les handicapés devraient disposer de tous les droits  reconnus aux citoyens par la Constitution de 2011»
Amina Slaoui.

Le Matin : Vous venez d'être nommée entrepreneur social de l'année 2015. Vous avez également reçu dernièrement le prix Takreem 2014, que représentent ces Prix pour vous ?
Amina Slaoui : Pour le Groupe AMH, ces prix sont la reconnaissance concrète du travail accompli par notre équipe depuis 1992 pour l’inclusion des personnes en situation de handicap et de vulnérabilité dans la société marocaine. Une reconnaissance qui va nous donner l’occasion d’intervenir à une échelle plus importante.
En ce qui concerne la Schwab Foundation, 31 entrepreneurs ont été sélectionnés, dont 5 en Afrique parmi lesquels le groupe AMH qui est l’unique représentant au Maghreb.
Au-delà du prestige, la vitrine mondiale offerte par le World Economic Forum est aussi l’opportunité de poursuivre l’action sociale menée jusqu’à maintenant, en abordant les enjeux sous des perspectives constamment innovantes. L'association est invitée à participer aux réunions régionales du Forum économique mondial qui se tiennent du 21 au 24 mai 2015 dans différents pays, dont la Jordanie, la Chine, Davos.

Comment évaluez-vous la situation des personnes handicapées au Maroc ?
72% sont sans instruction, 88% sont sans emploi, la plupart souffrent d’une absence de couverture sociale et d’accessibilité aux lieux publics : voilà un bref aperçu de la situation des 1.530.000 personnes en situation de handicap au Maroc, soit plus de 5% de la population du Royaume.
Exclus de toute activité sociale d'intégration, victimes de l’indifférence générale de la société et de ses représentants, ceux-ci font l’objet d’une discrimination constante.

Selon vous, le budget consacré à la caisse de cohésion sociale répond-il aux attentes des organisations de personnes handicapées ?
La mise en place d’un fonds national pour financer l’insertion des personnes handicapées et la création d’un conseil national dédié à la protection et la promotion des handicapés étaient les deux mesures phares du projet de loi concocté par l’ancien gouvernement. Le projet de loi-cadre 97-13 prévoit peu ou prou la même chose, sauf qu’il ne détaille rien.
Ainsi, l’organisme de soutien et de promotion sociale (ex-fonds national) distribuera des «aides en fonction des moyens disponibles», tandis que «la composition et l’organisation de la commission nationale seront soumises à un texte de règlement».Tout cela est très flou…
Le projet de loi de Finances 2015 affecte 42,55 milliards aux comptes d’affectations spéciales. Ce budget est destiné, entres autres, aux enfants en difficulté, aux veuves, au programme Tayssir… Nous n’avons donc pas de visibilité quant à la part consacrée aux personnes en situation de handicap.

Quelles sont vos attentes par rapport à la stratégie du ministère du Développement social sur le handicap ?
Au moment où notre pays est appelé à relever d’importants défis liés au chômage, la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées s’avère indispensable. En effet, non seulement elle permettra d’améliorer le niveau de vie de plusieurs personnes présentant une incapacité, mais elle contribuera aussi à favoriser une meilleure adéquation entre l’offre et les besoins de main-d'œuvre.
Nous attendons aussi du ministère qu’il mette en place des programmes de renforcement des compétences des professionnels de santé en matière de prise en charge des personnes en situation du handicap, qu’il élabore des modules d’éducation parentale dans le domaine de la prise en charge des enfants en situation de handicap et, surtout, qu’il entame la révision de l’arsenal réglementaire et juridique afin d'aboutir à une loi reposant sur les piliers suivants : une nouvelle définition du handicap, l’accès des personnes handicapées à tous les droits fondamentaux reconnus aux citoyens par la Constitution de 2011, le droit à la compensation et une nouvelle gouvernance qui associe étroitement les personnes handicapées et leurs représentants. 

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