Éco-Conseil : Quels sont les principaux obstacles à la créationd'entreprise ?
Amal Cherif Haouat : Parmi les obstacles rencontrés, on peut citer, en phase de précréation, la difficulté à réunir les financements nécessaires, la méconnaissance des aides disponibles, la crainte de se lancer dans l'aventure de la création, la lourdeur des démarches administratives, le poids des charges sociales et la méconnaissance du marché. Il faut aussi mentionner l'analyse de faisabilité économique du projet de création qui, si elle est mal menée, peut devenir un élément déterminant de l’échec d'une nouvelle entreprise, suivie de l'élaboration du business plan et le choix d’un accompagnement, si c’est possible, axé sur le coaching entrepreneurial proprement dit. D’autres éléments, bien que souvent jugés déterminants pour la réussite d'un projet, comme la connaissance du métier ou la possession d'une base clientèle initiale, n’arrivent qu’en second lieu, ainsi que le choix d'un statut juridique, la volonté et la motivation.
Quel serait le rôle de l’accompagnement pour dépasser ces problèmes ?
L’accompagnement peut permettre de «booster» l’entreprise dans divers domaines :
• Dans la mise à disposition de fonds, en aidant le promoteur à soumettre aux organismes financiers des dossiers de bonne qualité, préparés professionnellement (sélection de projets porteurs, accès aux études économiques et commerciales précieuses, élaboration du business plan, incubation, etc.) ;
• En renseignant le promoteur sur son parcours de création et en l'aidant à faire face au dédale des interlocuteurs ;
• En évitant aux créateurs l'exclusion, en cas d'échec, en les guidant pour les garantir contre d’éventuelles poursuites et en les formant pour leur permettre de recommencer un autre projet ou de retrouver une activité salariée ;
• En apportant une assistance technique, de la formation ou du parrainage au démarrage afin d’assurer au créateur une saine gestion de son entreprise ;
• En coachant les créateurs afin de leur faire partager les bonnes pratiques ;
• En travaillant l’image de l’entreprise qui doit gagner la confiance de ses clients et être payée comme il se doit.
Que faut-il faire pour améliorer le financement des TPE aujourd’hui ?
Quand on parle de financement de la TPE, les banques évoquent la qualité de l’information fournie par l’entreprise, tandis que cette dernière estime que la banque exige beaucoup trop de garanties. Ce dont les entreprises ont besoin aujourd'hui, c'est d'un environnement stable, clair et simple.
Le premier point à améliorer est le développement de la communication autour des produits et l’accompagnement de la TPE pour y recourir.
Il est aussi nécessaire que les agents et les commerciaux des banques soient suffisamment formés pour communiquer autour des produits bancaires dédiés au financement de la TPE. Il y a un gros effort de pédagogie et de communication à faire.
Les TPE attendent que les banques simplifient l’accès au crédit, ce qui est, il faut le souligner, en train de se faire avec le développement des crédits à la TPE, la mise en place du fonds de garantie Damane Express (CCG), avec les délais de réponse limités à 15 jours ou la motivation des refus de crédits. Il faut aussi travailler pour continuer à améliorer la relation banques-entreprises en se parlant davantage, avec confiance, transparence et clarté.