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«Les jeunes marocains peuvent construire des ponts entre l'Islam et les autres religions»

Le docteur Maya Soetoro-Ng a animé, lundi à Rabat, une conférence sous le thème «Les jeunes, l’éducation et le développement durable» à l’École Mohammadia des ingénieurs, avant de s'envoler à Dakhla où elle doit prendre part aujourd'hui à la quatrième rencontre internationale du Forum des jeunes de l'Université ouverte de la ville. Dans cet entretien exclusif, la demi-sœur du Président américain Barack Obama appelle les jeunes marocains à construire des ponts entre le Nord et le Sud, entre l'Est et l'Ouest, entre l'Islam, une religion d'amour, de paix et de compassion, et les autres religions.

«Les jeunes marocains peuvent construire des ponts entre l'Islam et les autres religions»

Le Matin : Vous êtes l'invité d'honneur à la quatrième rencontre internationale du Forum des jeunes de l'Université ouverte de Dakhla, qui se tient du 11 au 14 juillet. Vous avez également organisé une conférence à Rabat sur la jeunesse, l'éducation et le développement durable. En tant que spécialiste couvrant les questions de la jeunesse et de l'éducation, quelle est votre perception des jeunes en Afrique du Nord, et en particulier au Maroc ?
Maya Soetoro : J’espère que mon voyage va contribuer à l'approfondissement du dialogue entre les jeunes des États-Unis et du Maroc. Nous avons besoin d'engager et d'entretenir plus de dialogue et de partage, susceptibles de mener vers une collaboration et un échange d'idées continus. Ces rencontres sont essentielles pour assurer un avenir pacifique. Je salue les efforts des éducateurs et des jeunes dans les universités et ailleurs au Maroc, car ils font preuve d’un sens de citoyenneté mondiale et travaillent avec courage pour faire face aux défis les plus urgents de notre planète. Les forums en ligne sont actifs avec une discussion politique sur les préoccupations des jeunes au Maroc, à savoir la corruption, l'état des infrastructures, la marginalisation du monde rural, la réduction de la violence, le changement climatique et l'environnement. Ces problématiques sont débattues avec de nouvelles approches, grâce à de nouveaux outils. Il est courageux de penser différemment et d’assumer la responsabilité d'initier les changements nécessaires à notre survie en tant que communauté mondiale. Le Maroc est le deuxième plus grand consommateur de sacs en plastique (après les États-Unis) et si je comprends bien, la loi visant à interdire les sacs en plastique est entrée en vigueur ce juillet. Le Maroc semble ne pas avoir peur d'aborder des questions environnementales difficiles telles que celles des sacs en plastique pour lutter contre la pollution par les déchets. C'est un leader dans le développement durable, reconnu pour son engagement en vue d'atteindre les objectifs de la COP 21 (Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de 2015). Cela témoigne d’une coordination exemplaire, d’une coopération et de beaucoup d’effort. Partout dans le monde, et pas seulement en Afrique du Nord, les jeunes générations prennent le leadership concernant les questions qui touchent directement leurs familles aujourd'hui et à l'avenir. Il y a beaucoup de changements qui se produisent, parmi lesquels les conflits, la technologie et le changement climatique. Ce n’est un chemin facile pour aucune personne, qu'elle soit responsable gouvernemental ou agriculteur. Les jeunes du Maroc m’inspirent de leur bravoure paisible pour le lancement d’actions qui vont bâtir le genre de monde qu'ils veulent voir.

L’un des axes de votre formation est l'histoire des mouvements pacifistes et le leadership pour le changement social. Quel est votre point de vue sur la transition démocratique au Maroc depuis l'accession de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Trône, une transition qui a également permis d'éviter de subir les répercussions du Printemps arabe ?
Je pense que les jeunes du Maroc d'aujourd'hui utilisent leurs voix pour coopérer et innover pour le changement social. Le succès se trouve au-delà de la réforme de la Constitution. Il est dans la continuité des lois et des efforts de la communauté et dans les écoles et les salles de cours. Bien que je ne sois pas au courant de toutes les nuances de la politique, l'histoire et la vie sociale marocaines, le leadership actuel du Maroc s’est certainement positionné pour s’engager bénévolement sur des questions importantes pour la région et pour le monde. Je suis au courant des déclarations du secrétaire d’État John Kerry, en avril de l'année dernière, concernant l'appréciation des États-Unis du leadership de Sa Majesté le Roi pour poursuivre les efforts de renforcement des institutions démocratiques du Maroc. Une série de programmes ont été récemment lancés pour renforcer le rôle des partis politiques et aider à préparer les élections locales et régionales. Le système juridique militaire assure maintenant que les civils ne seront plus traduits devant des tribunaux militaires. Conformément aux recommandations du Conseil national des droits de l'Homme, un certain nombre d'associations de la société civile ont été créées pour influer sur les politiques publiques. Le secrétaire Kerry a souligné le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à travers ses efforts visant à favoriser le développement humain et la prospérité économique en Afrique.

Vous êtes cofondatrice de l'organisation très réussie «Ceeds of Peace», qui doit son succès à la participation des parents, des enseignants et des jeunes. Il s’agit d’une ONG active dans la résolution des conflits. Cette approche communautaire joue un rôle important pour l'émergence de leaders et l'inclusion sociale des jeunes issus de milieux défavorisés. Pourriez-vous envisager de dupliquer ce modèle au Maroc en partageant les expériences de «Ceeds of Peace» avec les partenaires locaux ?
Je suis impatiente de partager le cadre et les outils de «Ceeds of Peace» avec les jeunes et les éducateurs au Maroc. Les partenaires locaux qui sont touchés par la mission de «Ceeds of Peace» sont les bienvenus pour utiliser les connaissances et les méthodes disponibles de quelque façon qu'ils le souhaitent. Les collaborations sont les bienvenues, mais il est essentiel qu’il y ait des leaders locaux pour prendre en charge tout ce qui est entrepris, car mon projet non lucratif se concentre sur l'exploitation des ressources et de l'énergie au sein de la communauté où les plans d'action de la paix sont en cours d'élaboration.

Vous avez enseigné principalement dans les écoles secondaires et vous avez été confrontée à l’adolescence et à la crise identitaire, chose que vous avez très bien illustrée dans votre livre pour enfants «Ladder to the Moon», publié en 2011. L'identité est une composante essentielle de notre personnalité. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Marocains pour les aider à acquérir une meilleure compréhension de leur identité et à contribuer à la construction d'un monde meilleur ?
J’espère que les jeunes marocains sentent qu’ils ont le pouvoir en ce moment d'agir au nom de leurs communautés et de leur culture. Dans mon cours de leadership pour le changement social, je travaille dur pour convaincre les jeunes que le leadership n’est pas quelque chose qui se limite au gouvernement. Nous pouvons diriger en étant à côté et en dessous. Chacun de nous peut se livrer au quotidien à des actions significatives de leadership. Je voudrais rappeler aux jeunes marocains qu'ils sont de puissants conducteurs de la paix. Ils peuvent construire des ponts entre le Nord et le Sud, entre l'Est et l'Ouest, entre l'Islam, une religion d'amour, de paix et de compassion, et les autres religions. Nos pays et notre monde ont tellement besoin d’eux en ce moment. Nous avons besoin de leur intelligence, leur compassion, leurs mains et leur courage moral.

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