Menu
Search
Lundi 20 Mai 2024
S'abonner
close

Le phénomène de radicalisation à la loupe de l’IRES

L’Institut royal des études stratégiques, en partenariat avec l'ambassade de France au Maroc, a réuni jeudi dernier une pléiade d'experts et de chercheurs de divers horizons pour débattre des phénomènes de radicalisation. Les participants ont tenté de mieux comprendre ce phénomène complexe en y apportant des éclairages nouveaux.

Le phénomène de radicalisation à la loupe de l’IRES
le phénomène de radicalisation et d'extrémisme menace la communauté internationale.

L’Institut royal des études stratégiques (IRES) a organisé à Rabat, conjointement avec l’ambassade de France au Maroc, «les rencontres internationales sur les phénomènes de radicalisation». Ce débat de deux journées (les 27 et 28 octobre) a réuni une centaine d'experts et de chercheurs ainsi que des sécuritaires marocains et français, ainsi que des représentants du ministère des Affaires islamiques et des habous. Cette rencontre a permis aux participants d'échanger autour de nombreux sujets liés notamment au processus d'endoctrinement terroriste.

En effet, ainsi que l’a souligné le directeur général de l’IRES, Tawfik Mouline, lors de la séance d'ouverture, cette rencontre a pour but de dresser une cartographie actualisée du phénomène de radicalisation. M. Mouline a ajouté que cette «rencontre devrait permettre de mieux comprendre les fondements du référentiel idéologique des mouvements extrémistes et radicaux ainsi que les mécanismes par lesquels s'opère la transition de l'idéologie extrémiste à l'action violente contre l’État et la société». Il s'agit aussi d'«examiner les facteurs qui alimentent l'expansion de l'idéologie extrémiste et radicale et les espaces de prédilection en termes d'endoctrinement et de recrutement et de réfléchir aux nouvelles approches à adopter en matière de lutte contre la radicalisation en mettant l'accent sur les mécanismes de coopération à promouvoir, en vue d'une meilleure efficacité de l'action de la communauté internationale pour contrer la prolifération de l'idéologie radicale».

Dans le même cadre, l'ambassadeur de France au Maroc, Jean François Girault, a souligné que le phénomène de radicalisation et d'extrémisme menace la communauté internationale. Il a rappelé dans ce sens le discours royal dans lequel S.M. le Roi avait dénoncé le fanatisme en précisant que tant les chrétiens, les juifs que les musulmans sont victimes du terrorisme. Le diplomate français a saisi cette occasion pour saluer les bonnes relations qui lient le Maroc et la France et leur coopération sur le plan sécuritaire pour faire face à ce phénomène. Par ailleurs, en réponse aux problématiques posées, les intervenants ont essayé, dans un premier temps, d’analyser les contextes historique et géographique de la radicalisation djihadiste, tout en mettant l'accent sur leur influence et leur transformation au cours des dernières décennies.

D’autres intervenants ont essayé de répondre à trois principales questions : quels sont le contenu, le programme et les principales propositions de l’idéologie à laquelle se réfèrent les djihadistes ? Ces derniers partagent-ils, malgré leur diversité, un discours fédérateur ? Comment cette idéologie se traduit-elle en violence politique, comment passe-t-on des actes terroristes en pays «ennemis» à la construction d’une société de type totalitaire dans les territoires passés sous contrôle du djihad ?
Dans le cadre de ces débats, les intervenants ont beaucoup insisté sur les motivations économiques qui animent les groupes et organisations terroristes, notamment au Sahel et dans d’autres zones africaines. Une autre thèse exposée lors de ce débat a insisté sur des motivations religieuses. Elle est basée sur le concept de «conversion religieuse». Concept qui met en avant la promesse de «chahid» (martyr) et «chahada» qui permet au martyr de garantir, dans l'au-delà, une place au Paradis à 70 de ses proches. C'est ce discours qui a facilité la conversion religieuse de nombreux jihadistes qui ont rejoint Daech.

La radicalisation a été également expliquée par la marginalisation économique qui facilite le basculement dans des groupes extrémistes. Cela a été rendu possible par la «halalisation» (rendre légal) de la violence, mais aussi la propagation de la «daawa» (prédication) sur le Net. Cette situation a amené des intervenants à parler même de mariage sur Facebook entre jihadistes. Les débats ont également tenté de faire un zoom sur les mécanismes de l’engagement radical, et ce pour savoir comment s’opère l’endoctrinement et l’enrôlement, les canaux, la propagande et le recrutement, le rôle des lieux de culte, de l’école, mais aussi d'Internet, des réseaux sociaux et des lieux de détention. 

Lisez nos e-Papers