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«Si on n'alimente pas le consultant en données, cela ne sert à rien d'acheter du conseil»

Le rôle du conseil est d'apporter une expertise spécifique par rapport à un métier, un secteur, ou une fonction, ou bien en amont, dans la réflexion stratégique. Il apporte un regard externe et des outils de diagnostic stratégique qu'il va utiliser avec le chef d'entreprise pour mieux orienter ses choix. Il s’agit là d’une coproduction entre le chef d’entreprise et le consultant.

«Si on n'alimente pas le consultant en données, cela ne sert à rien d'acheter du conseil»
Le chef d'entreprise est obligé à un moment donné de faire le point pour mettre à jour sa réflexion stratégique. Il a le choix de le faire tout seul ou avec l'accompagnement d'un consultant qui, lui, est rodé à la démarche de la réflexion stratégiqu

Éco-Emploi : Quel intérêt de recourir au conseil en stratégie ?
Youssef El Atmani : Pour continuer d'exister, l'entreprise doit repenser en permanence et en profondeur son métier à travers une mise à jour périodique de sa vision, de ses orientations stratégiques et de son organisation. Le rôle du conseil est d'apporter une expertise spécifique par rapport à un métier, un secteur, ou une fonction, ou bien en amont, dans la réflexion stratégique. Beaucoup d'entreprises considèrent que le conseil est une charge. Quand on demande à un chef d'entreprise, notamment la PME, de citer tous les investissements qu'il souhaite faire, il est rare qu'il pense au conseil. Pourtant, la plupart le font sur le volet financier, par le biais de fiduciaires, parce que cela va les aider à optimiser leurs frais et payer les impôts. Sauf qu’en dehors de ce volet, le chef d'entreprise a également besoin de conseil que ce soit pour le développement commercial, RH ou autre...
Quelle que soit l'entreprise et pour n'importe quel secteur, il y a un changement d'environnement, un changement de positionnement, de ressources. Beaucoup d'incidents peuvent surgir. À un moment donné, le chef d'entreprise est obligé de faire un point pour mettre à jour sa réflexion stratégique. Il a le choix ou de le faire tout seul, selon les données dont il dispose, ou avec l'accompagnement d'un consultant qui, lui, est rodé à la démarche de la réflexion stratégique. Ce dernier apporte un regard externe et neutre, en même temps, il est doté d'outils de diagnostic stratégique qu'il va proposer. Donc, toute la réflexion du dirigeant va passer à travers le prisme de ces outils-là pour la valider.
Ainsi, le dirigeant va mener la réflexion, vu qu'il connaît l'activité et son secteur. Le consultant, lui, va prendre cette réflexion pour la confronter à d'autres notamment par le biais de benchmarks d'entreprises similaires, ou à des pratiques dans d'autres secteurs et essayer de la filtrer et lui proposer une plus cohérente. Il va donc challenger le chef d'entreprise sur certains points pour le pousser à creuser davantage dans les choix qu'il souhaite faire dans cette nouvelle orientation stratégique. Le but étant de clarifier et d’améliorer son positionnement et surtout de renforcer son pouvoir de négociation.

Comment faire le choix du prestataire ?
Tout d’abord, il faut séparer l’achat du conseil et l’achat de l’expertise. Il est très important que l’entreprise sache faire la différence. L’expertise, c’est l’achat du conseil par rapport à quelque chose de spécifique. Par exemple, je prends un expert comptable pour valider mes comptes, je prends un expert en informatique pour mettre en place un CRM. Le chef d’entreprise n’intervient pas et l’expertise impose le résultat. Par contre, le conseil est différent. Un consultant apporte un canevas, il a des outils qu’il va utiliser avec le chef d’entreprise pour un objectif donné. Il s’agit là d’une coproduction entre le chef d’entreprise et le consultant. Par exemple, un avocat va m’aider avec ses outils pour défendre mes intérêts. Il a l’obligation des moyens, mais pas des résultats. Car, ce n’est pas parce que je fais appel à un avocat que je vais gagner une affaire. Donc, le consultant opère en fonction des éléments, du contenu et de l’engagement que le chef d’entreprise lui accorde. Acheter du conseil ne veut pas dire laisser faire et revenir en arrière. Si on ne l’alimente pas en données, si on n’investit pas en temps, cela ne sert à rien d’acheter du conseil. Maintenant, on a le choix de faire appel à un consultant, en fonction de son expérience dans un secteur donné ou de son expertise générale. On peut, en parallèle, faire appel à des structures étatiques ou autres qui accompagnent les entreprises, à travers même le financement des prestations de conseil et qui sont à même de proposer des consultants référencés et évalués par expertise.

Comment s’y préparer ?
Comme je l’ai mentionné auparavant, acheter du conseil ne veut pas dire laisser faire et revenir en arrière. En plus, le consultant va proposer des recommandations, si elles ne sont pas mises en œuvre comme il se doit, cela ne peut pas marcher. Cela amène à réfléchir s’il faut acheter du conseil avec des recommandations ou bien engager également le consultant dans la mise en œuvre de ces recommandations. Le consultant va ainsi valider avec le chef d’entreprise ses choix stratégiques et l’accompagner pour les opérationnaliser. Et c’est là la grande difficulté, vu qu’il va falloir intégrer ces choix dans le moulin de l’entreprise, expliquer et faire adhérer les équipes au projet, le mettre en place. Il est également nécessaire de mettre en place des indicateurs de performance pour valider ou faire progresser la stratégie en cours de route, car il n’y a pas de stratégie fiable à 100%. Enfin, il faut souligner que le chef d’entreprise doit être prêt à tout partager avec le consultant. Il doit communiquer en interne avec ses équipes et désigner un facilitateur de la mission au sein de l’entreprise pour que le consultant soit impliqué dans le projet.

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