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Éco-Conseil : Avec le mois du Ramadan, les conflits et les incompréhensions risquent de se multiplier en entreprise. Comment expliquer cette situation ?
Leïla Naïm : En effet, un simple tour dans les bureaux au cours du mois du Ramadan permet de constater une baisse dans le rythme du travail et, dans certains cas, des incompréhensions entre collègues qui se multiplient et peuvent aller jusqu’à des accrochages verbaux ou même plus. Les managers savent bien que pendant le Ramadan, il n’y a pas que la productivité à gérer. Il y a également la question de l’ambiance et l’environnement au travail qu’il faut maintenir dans de bonnes conditions, et ce en gérant les conflits entre les collaborateurs, lesquels conflits risquent d’être très nuisibles pour la cadence du travail. Au-delà des causes relatives au manque de sommeil, la faim et le stress, les addictions à des stimulus, tels que le thé, le café ou la cigarette peuvent accentuer le taux d’implication émotionnelle dans les échanges durant ce mois-ci. Il y a également des causes relatives à l’organisation du travail et au management des équipes durant ce mois-ci. Je citerai des conflits qui interviennent, par exemple, lors de l’affectation des tâches entre membres des équipes pendant ce mois-ci. L’exemple de salariés qui pourraient refuser d’accomplir certaines tâches physiques très dures, même quand cela fait partie des tâches habituelles du salarié en question en temps normal, ou ceux qui d’habitude travaillent dans le cadre de shifts la nuit et qui refusent de le faire pendant le mois du Ramadan parce que le soir ils s’adonnent à la pratique religieuse. D’autres conflits peuvent naître à cause du manque de tolérance de la part du manager face à la baisse de la performance du salarié au cours de ce mois-ci ou des conflits qui naissent aussi lorsqu'on refuse au salarié de quitter le lieu de travail pour faire la prière au cours de la journée. Les causes sont multiples et sont dues au rythme du Ramadan comme à la privation durant ce mois-ci.
Comment gérer ces conflits en entreprise ?
Le manager devra admettre l’idée que durant ce mois-ci, travailler sera plus difficiles que les autres mois de l’année. Il doit être vigilant quant à la sécurité de ses salariés durant ce mois-ci.
Il doit éviter que des accidents de travail ne se produisent. Les salariés sont peut-être somnolents, fatigués et peu concentrés, il faut donc en être conscients et très vigilant. En communication interne, le manager pourra faire en sorte de rappeler à chaque fois les messages de paix véhiculés par ce mois-ci.
Cela recentre l’intérêt des collaborateurs sur la morale recherchée par le fait de jeûner au lieu de le percevoir comme une autorisation communément partagée qui légitime les coups de gueule et les coups de barre.
Enfin, les managers devront s’adapter au rythme et aux contraintes temporaires durant ce mois-ci, quand cela est possible, en décalant les horaires, en réorganisant le travail de façon à faire régner l’ambiance professionnelle appropriée pour atteindre la production optimale et sans heurts durant
ce mois-ci.
Quels types d’action envisager pour apaiser les tensions et assurer
un climat de travail sain ?
Le mois du Ramadan est l’occasion privilégiée pour l’entreprise de créer et mettre en place des événements dont l’objectif est de véhiculer les valeurs de l’appartenance et de la solidarité commune. Beaucoup d’entreprises profitent de ce mois-ci pour organiser des ftours pour l’ensemble du personnel. Rompre le jeune ensemble a une connotation spirituelle et crée l’intimité entre les membres de l’équipe. Cela permet, à fortiori, de changer les perceptions et surtout de créer de la convivialité et de briser la glace entre les collaborateurs.
D’autres entreprises pensent à des opérations caritatives prises en charge par l’ensemble du personnel, comme visiter des orphelinats ou offrir des aides à des associations civiles opérant auprès des personnes nécessiteuses. Ce type d’action renforce les valeurs de l’amour de son prochain qui pourraient être reconduites en entreprise.
