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Kigali, ville verte, symbole de la renaissance rwandaise

Après avoir été, il y a vingt-trois ans, le théâtre de l’un des génocides les plus sanglants du XXe siècle, le Rwanda a pu exorciser les démons du passé et se projette désormais résolument dans l’avenir. Le pays des mille collines est en effet cité comme exemple, tellement il fascine par le dynamisme de son économie, mais surtout par la détermination de sa population à se construire un cadre où il fait bon vivre.

Kigali, ville verte, symbole de la renaissance rwandaise
23 ans après le génocide, le Rwanda a visiblement pu panser ses plaies et tourner cette page douloureuse de son histoire

En foulant des pieds pour la première fois le sol de Kigali, la capital rwandaise, vous êtes immanquablement frappés par deux éléments : la propreté irréprochable et la verdure omniprésente. En quittant l’aéroport, vous avez l’impression de pénétrer dans un immense jardin. La végétation est partout : en bordure de route, en périphérie, au centre-ville. Il est rare de tomber sur des déchets qui jonchent le sol et déparent la beauté du paysage. «Chez nous, la préservation de la propreté des rues et des espaces verts est l’affaire de tous. Toute la population y contribue. Il s’agit d’un contrat tacite auquel tout le peuple rwandais a adhéré», nous confie Maurice, un cadre au sein du Rwanda Développement Board qui nous a accompagnés tout au long de notre périple.

Il faut dire que cet état d’esprit fort positif est plutôt récent. Selon Emmanuel Hategeka, président du Rwanda Développement Board (RDB), cette prise de conscience a été en effet encouragée il y a à peine dix ans par le Président de la République Paul Kagamé, une personnalité publique très admirée d’ailleurs ici à Kigali. Le Chef d’État rwandais, qui a fait de la cause environnementale une priorité nationale, a décrété un certain nombre de mesures pour réussir ce choix écologique, notamment l’interdiction formelle de l’usage des sacs en plastique et l’instauration d’amendes en cas de jet d’ordures ou de détritus dans la rue. Une politique ferme, certes, mais qui a fini au fil des ans par changer la mentalité des Rwandais, si bien qu’ils ont adopté des réflexes écologiques salutaires qui ont transformé leur capitale en «petite Suisse» de l’Afrique. «Je ne cherche pas à flatter mon pays parce que je suis Rwandais, mais Kigali est devenu un exemple à suivre pour tout le continent en matière de propreté. Les responsables politiques et les techniciens chargés des villes africaines viennent aujourd’hui en quasi-pèlerinage à Kigali pour admirer notamment la propreté des rues !» nous confie non sans fierté le patron du RDB.

Une gestion urbaine rigoureuse
Mais il n’y a pas que la propreté qui suscite la jalousie des pays voisins. Rwanda est propre, certes, mais elle représente aussi un petit paradis africain grâce à l’omniprésence des espaces verts. L’aménagement parfait de ces espaces et leur entretien continu dénote un souci écologique, mais aussi la volonté d’offrir aux populations des cadres de vie agréables et verdoyants, même à l’intérieur des agglomérations urbaines. «Kigali s’est lancée dans un zonage urbain qui applique à la lettre la fameuse Charte d’Athènes des “villes fonctionnelles”, rédigée en 1933», nous explique Alice, une cadre bancaire qui s’improvise pour l’occasion en une fervente défenseuse de l’image de son pays !

Rwanda prépare son décollage économique
En effet, 23 ans après le génocide qu’a connu le pays et qui avait fait plus d’un million de victimes en trois mois, le Rwanda a visiblement pu panser ses plaies et tourner cette page douloureuse de son histoire. Le pays des mille collines est progressivement devenu un exemple à suivre en Afrique, affichant désormais une croissance soutenue de 6% en 2016. Certes, l’endettement atteint 48,2% du PIB, mais il présente un faible risque de dépassement selon la Banque mondiale. En effet, le pays s’est engagé à améliorer la rentabilité de plusieurs secteurs, particulièrement ceux des services et des TIC dont la contribution à la création des richesses est patente, à telle enseigne qu’on surnomme le Rwanda «le petit Singapour africain».
Cette ascension économique et sociale est due à l’adhésion de toute la société rwandaise au plan de développement du pays. Cette «rage» d’avancer et de progresser est ressentie aussi bien chez les dirigeants au plus haut niveau de l’État que chez les simples citoyens. Fabrice, une jeune employée dans un hôtel, explique ce sentiment par une volonté commune d’exorciser les démons du passé et de se projeter dans l’avenir.

Commémoration du 23e anniversaire du génocide
Pourtant, bien que très peu évoqué dans les discussions quotidiennes, le drame est toujours fort présent dans les esprits. Notre visite à Kigali avait coïncidé avec les préparatifs relatifs à la commémoration le neuf avril du 23e anniversaire de l’un des génocides les plus sanglants du XXe siècle. Nous avons pu constater de visu à quel point cette épreuve marque encore toutes les composantes du peuple rwandais. Des cérémonies de recueillement sont organisées un peu partout. C’est ainsi que l’on honore la mémoire des victimes. «Cette célébration nous permet à nous autres Rwandais de nous réconcilier avec nous-mêmes et de garder l’espoir en un avenir meilleur pour tous les Rwandais, abstraction faite de leur ethnie», conclut Maurice, très ému. 

 


DNES à Kigali, Yousra Amrani

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