Éco-Conseil : On parle de plus en plus de l’auto-sabotage en tant que démarche auto-destructive. De quoi s'agit-il au juste ?
Gilles Atayi : Vous est-il arrivé de vouloir une chose et de vous conduire ou de poser des actes qui montreraient que vous voulez le contraire ? Vous est-il déjà arrivé d’établir un objectif professionnel ou un objectif de vie, de prendre de bonnes résolutions et de vous rendre compte que les actes que vous posez par la suite ne sont pas en ligne avec ce que vous avez défini précédemment ? C’est ce comportement que l’on trouve chez plusieurs personnes que nous appelons l’auto-sabotage. L’auto-saboteur est un «second vous» qui est tapi en vous et vous pousse toujours à faire le mal que vous ne voulez pas faire, au détriment du bien que vous voulez faire. Il vous pousse toujours à faire les choix pernicieux au détriment des choix victorieux. Il détruit votre motivation, brise votre persévérance, affaiblit votre volonté et vous fait sombrer dans le découragement. L’auto-sabotage, c’est s’empêcher soi-même d’obtenir dans la vie ce qu’on souhaite.
Comment ce problème se manifeste-t-il dans la vie professionnelle ?
Il faut comprendre que toute personne engagée dans une carrière professionnelle rêve de progrès. Mais plusieurs personnes ne font pas les progrès souhaités en raison d’une tendance à l’auto-sabotage. Cela se perçoit à plusieurs niveaux, mais permettez-moi de mettre l’accent sur les 3 niveaux qui me semblent être les plus pertinents.
• La tendance à la dispersion : Les personnes victimes de l’auto-sabotage dans la vie professionnelle sont dispersées. La grande différence entre ceux qui réussissent dans la vie et ceux qui échouent provient en grande partie de la dispersion. Les personnes qui sont victimes d’auto-sabotage ne sont pas attentionnées dans l’exécution de leurs tâches. Elles ont l’habitude de faire plusieurs choses en même temps, sans être douées ou suffisamment travailleuses dans quelque chose. Elles bâtissent d’une main et démolissent de l’autre. Si vous demandez à ces personnes de vous dire ce qu’elles poursuivent comme but, elles auront du mal à vous donner une réponse structurée. De telles personnes ne font pas vraiment de progrès au niveau professionnel et n’arrivent pas à se démarquer. Le succès n’est pas le fait d’être parfait en toutes choses, mais d’avoir de solides compétences et connaissances dans quelques domaines clés. Ce n’est pas qu’elles ne sont pas intelligentes, mais elles ont du mal à structurer leur objectif et à donner corps à ce qu’elles désirent vraiment.
• La tendance à l’oubli : Les personnes victimes de l’auto-sabotage ont une forte tendance à l’oubli ou à perdre de vue ce qui compte vraiment, les décisions qu’elles ont prises comme les raisons pour lesquelles elles les ont prises. Cette tendance à l’oubli est une manifestation du manque de perspective. Elles retournent vite à leurs mauvaises habitudes, se retrouvent toujours au point de départ année après année et ont tendance à se plaindre du mauvais sort ou de la malchance. Mais il n’en est rien ! Le fait qu’elles soient dispersées, c’est-à-dire de vouloir faire plusieurs choses à la fois, les empêche de se concentrer sur une seule chose au moins, l’une après l’autre. Le pire, c’est qu’elles s’attendent à des résultats différents tout en continuant à poser les mêmes actes qui les condamnent.
• La tendance à la procrastination : Ces personnes ont une véritable tendance à la procrastination. Elles trouvent toujours une excuse pour remettre à plus tard les choses, même les plus simples, qu’elles peuvent réaliser maintenant.
Comment s'en sortir alors ?
Pour s’en sortir, il faut d’abord prendre conscience qu’on en souffre. Ensuite il faut identifier les 2 ou 3 influences les plus pernicieuses qui vous empêchent de réaliser votre potentiel et enfin s’engager dans une vraie démarche volontariste pour s’en sortir. Seul celui qui manifeste de la bonne volonté à en être débarrassé y parviendra. Un autre technique c’est d’en parler avec une personne qui peut vous aider, de prévoir des séances régulières en travaillant consciemment à une libération totale.
Certains experts en développement personnel avancent qu'il faut passer à l'action pour y faire face. Qu'en pensez-vous ?
En règle générale, il est connu que trop d’analyse paralyse et empêche l’action. Il y a une garantie qui est la suivante : en ne faisant rien, vous ne réussirez rien. Il y a une autre garantie : en passant à l’action, vous vous offrez l’opportunité de réussir. En clair, il faut passer à l’action, c’est la seule option qui existe pour réussir, même si on est imparfait.