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L’emploi croît 5 fois moins vite que l'investissement

La contribution de l'industrie manufacturière à l’économie du pays est en dessous de ses potentialités en termes de création d’emploi et de richesse. C’est ce qui ressort de l'Enquête nationale sur les structures économiques 2015 réalisée par le Haut Commissariat au Plan. Ainsi, l’investissement, dominé par les grandes entreprises et largement financé par endettement, a progressé nettement plus vite (13,2%) que l’emploi (2,6%) en moyenne annuelle entre 2006 et 2014.

L’emploi croît 5 fois moins vite que l'investissement

L'industrie manufacturière présente les caractéristiques structurelles d'une économie en développement avec une contribution en dessous de ses potentialités en termes de création d’emploi et de richesse. Il s’agit là de la principale conclusion de l'Enquête nationale sur les structures économiques 2015 réalisée par le Haut Commissariat au Plan (HCP) sur les industries manufacturières. Ce constat global renferme d’autres réalités plus parlantes, tel le fait que le secteur a amélioré son intensité capitalistique au détriment de l’emploi. Autrement dit, l’investissement ne crée pas assez d’emplois.

Ainsi, relève le HCP, l’investissement des industries manufacturières a dépassé les 38,5 milliards de DH, en hausse de 13,2%, en moyenne par an entre 2006 et 2014, contre une progression d’à peine 2,6% pour l’emploi. La palme revient aux entreprises des industries chimiques et para-chimiques qui ont contribué à hauteur de 76% du montant total des investissements, réalisant une croissance annuelle moyenne de 18% depuis 2006. Par contre, l’investissement des entreprises du textile et du cuir a connu une baisse annuelle moyenne de 4,6% et sa contribution est passée de 11% en 2006 à 3% seulement en 2014.

Cette concentration de l’effort d’investissement a fait aussi que près de 11% des entreprises ont été à l’origine de 94% du montant total de l’investissement corporel du secteur. Le reste a été réalisé essentiellement par les entreprises de taille moyenne (4,7%) alors que la contribution des petites et très petites est à peine de 1,5% de l’investissement global.

En ce qui concerne le financement de ses investissements, il a porté sur plus de 42 milliards de DH, dont environ 70% pour les industries chimiques et para-chimiques, selon le HCP qui note que le recours aux financements extérieurs a été l’apanage des grandes entreprises, tandis que les PMI se sont, en grande partie, autofinancées. Plus de la moitié de la valeur investie par les grandes entreprises a été financée par l’endettement. Par contre, près de 80% des PMI ont financé leurs investissements par leurs propres moyens (autofinancement), au lieu de 14% par des prêteurs externes ou encore moins par de nouveaux actionnaires. Globalement, le taux d’autofinancement moyen des entreprises manufacturières s’est établi à environ 46% et monte jusqu’à 97% pour les très petites industries.

Pour ce qui est de la rentabilité économique, elle a été relativement meilleure dans la chimie (14%) que dans les autres branches industrielles (inférieure à 10%). S’agissant des coûts, l’enquête du HCP montre que dans l’ensemble, la structure des coûts de la main-d’œuvre a peu évolué dans le secteur des industries manufacturières entre 2006 et 2014. Les dépenses du personnel ont constitué près de 2,6% des charges totales des entreprises. Les ouvriers ont accaparé 51% de la masse salariale distribuée, suivis des cadres avec 39% et les employés de bureau avec 7%. 

L'enquête du HCP fait ressortir aussi que, globalement, le taux d’intégration du tissu industriel marocain a atteint 65% en 2014, avec 33% dans l’industrie automobile, 37% dans la fabrication d'équipements électriques, 86% pour l’agroalimentaire et 69% dans le textile et cuir.

En tout, les industries manufacturières ont réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 434 milliards de DH en 2014 (dont presque un quart généré par le commerce extérieur), en croissance annuelle moyenne de 5,7% depuis 2006. Ces industries ont produit pour 409 milliards, contribuant pour 26,5% de la production nationale, en hausse annuelle moyenne de 5,9% et ont réalisé une valeur ajoutée de 93,9 milliards, en accroissement annuel moyen de 5%. Sa contribution à la valeur ajoutée totale a, toutefois, reculé d’environ un point pour se situer à 11,3% en 2014. 

Les industries manufacturières font travailler près de 625.000 employés (dont 191.000 femmes), représentant un peu plus de la moitié de l’emploi total du secteur industriel (organisé et non organisé) et 6% de la population active occupée nationale âgée de 15 ans et plus. Cette enquête a révélé aussi que ces effectifs sont composés à hauteur de 15% de cadres, de 6% d’employés de bureau et de 76% d’ouvriers. L'emploi a donc affiché une progression annuelle moyenne d’à peine 2,6% depuis 2006, avec un rythme en deçà des performances réalisées par les autres agrégats. Les grandes entreprises ont occupé 67% des effectifs employés.

Pour les exportations du secteur, près de 20% des entreprises opérant dans l’industrie manufacturière ont réalisé un chiffre d’affaires à l’export. Ce dernier s’est élevé à 112 milliards, contribuant pour 26% au chiffre d’affaires total, en amélioration de 6,4% en moyenne par an depuis 2006. Cet export est réalisé en grande partie par les industries du textile et du cuir (80%) et les industries électriques et électroniques (56%), notamment les grandes structures qui ont généré 78% des ventes à l’extérieur des industries manufacturières. Ces dernières comptent 9.248 entreprises, dont un peu plus de 800 à participation étrangère. La part des grandes entreprises dans ce tissu a atteint 11%, contre 89% de très petites et moyennes industries (TPMI), selon l’enquête du HCP. Près du tiers de ces entreprises est implanté dans la région du Grand Casablanca, suivi par la région de Tanger-Tétouan avec 10% des entreprises, puis les régions de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer et de Marrakech-Tensift-Al Haouz. Près de trois quarts (74%) de ces entreprises sont des sociétés à responsabilité limitée (SARL), contre 10% pour les sociétés anonymes et des entreprises individuelles. 

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