Entre la médecine et l’art, il n’y a qu’un seul pas de danse. Voilà ce que l’on retient du parcours de la plasticienne Lamia Belloul. Cette dermatologue, après un travail de longue haleine sur la matière, le pigment, les couleurs et les formes, est aujourd’hui l’une des artistes-peintres les plus en vue. Le fruit de cette quête, Lamia Belloul le dévoile à travers une exposition organisée actuellement à l’hôpital Cheikh Khalifa Ibnou Zaïd. Le vernissage de cette exposition a eu lieu le 23 mars en présence de plusieurs personnalités du monde des arts et des lettres ainsi que de la médecine, notamment le ministre de la Santé du gouvernement sortant, El Hossein El Ouardi. Ce dernier, séduit par les œuvres de Lamia Belloul, considère que cette exposition présente un joli mariage entre les qualités d'artiste chevronnée et les finesses de dermatologue engagée de cette plasticienne. «Sa touche distinctive incrustée dans chacun de ses travaux académiques était bien visible, joignant finement ses qualités artistiques à la rigueur scientifique de l’œuvre de recherche qu’elle a menée sous ma direction.
C’est pourquoi je ne suis pas surpris du foisonnement des couleurs et des projections subtiles perceptibles à travers les œuvres et objets exposés», indique-t-il à ce propos. Au-delà de la réflexion, cette exposition permet de percevoir l’évolution enregistrée dans l’expression picturale de cette artiste. Avec l’appui d’une brochette d’artistes confirmés, elle s’est exercée aux différentes techniques, nourrie par son imagination débridée. Parmi ces artistes, on retient notamment Tibari Kantour, le maître incontesté du papier, pour qui la peinture de Lamia Belloul, grâce à l’effort de ses recherches, donne ses fruits. «Sur ses toiles, des personnages souvent peints sur fond fluide, réalisées avec une délicatesse qui souligne une grande sensibilité dans l’exécution. Les actuels collages suscitent l’admiration pour son talent, pour ses compositions équilibrées, la fraîcheur des couleurs et les dessins tracés avec force donnent une vision admirable à l’ensemble de ses créations», affirme-t-il.
Dans cette exposition, Lamia Belloul, propose un regard tout à fait nouveau, à la fois original et pointu sur l’Homme contemporain dans un rendu visuel attrayant. Tantôt ouverts, tantôt fermés, ses regards que le silence dévore expriment cette envie pressante de porter haut leur voix, de crier de toute leur force. L’ornement, les couleurs, la matière… tous les ingrédients se réunissent pour offrir une représentation occidentale d’un regard méconnaissable. Chaleureux par le passé, livide aujourd’hui, ce regard se réduit à une série de codes visuels. En principe, comme toutes les œuvres de qualité, celles-ci possèdent le sens de l'universel atemporel. Elles sont en somme d'une limpidité chromatique considérable.
En chargeant un peu ses tableaux, on peut avancer qu'une telle pratique n'a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu'esthétique, de réhabilitation des notions d'identification et de reconnaissance. C'est d'ailleurs là la grande force de la forme constante de notre artiste, qui n'appelle pas à contestation interprétative. La création picturale dans les œuvres de Lamia est une effervescence de sensations renouvelées et chargées de charme. Une sorte de quête intérieure en vue d’allier les sentiers nouveaux du volume et l’éclat-jaillissement d’une palette riche.