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Éco-Conseil : Quel intérêt pour le chef d’équipe d’opter pour le management par la confiance ?
Hanane Oubidar : Si je vous donne la possibilité de choisir entre deux entreprises : Une entreprise qu’on peut nommer «A», où vous avez un contrôle d’accès par badge pour vérifier vos horaires, où votre responsable hiérarchique vous demande des comptes rendus détaillés de vos journées de travail, où vous êtes constamment en compétition avec vos collègues sur vos résultats individuels et où les chiffres concernant la rentabilité de votre département sont toujours décortiqués. Et une entreprise baptisée «B», où vous êtes libre d’organiser votre temps et vos plannings selon vos objectifs, où les réunions sont des occasions pour mettre en valeur votre travail et vos réalisations, où le travail d’équipe et le travail en mode projet sont la base de la collaboration et où la performance et la création de valeur sont les seuls critères d’évaluation et de rémunération des collaborateurs… Certainement, vous allez choisir l’entreprise B ! D’ailleurs, offrir de l’autonomie et de la liberté de choix aux salariés contribue à leur bonheur. Ainsi, quand une personne est heureuse, elle est productive, performante et participe ainsi à l’évolution de l’entreprise.
Prenez l’exemple des plus grandes entreprises dans la Silicon Valley, le secret de leur réussite est le management par la confiance.
En effet, deux raisons essentielles imposent aujourd’hui le changement du type de management au sein des entreprises marocaines : D’abord, les conditions de travail et le marché de l’emploi qui ont beaucoup évolué ces dernières décennies répondant aux besoins des collaborateurs de la génération Y. Ces derniers ont d’ailleurs besoin de se sentir que leur travail contribue à la bonne marche de l’entreprise, sinon ils se replient sur eux-mêmes et cherchent d’autres alternatives. Ensuite, la complexité des problématiques à gérer au quotidien. Cela demande d’ailleurs d’avoir des équipes pluridisciplinaires aptes à travailler ensemble pour trouver rapidement des solutions sans attendre de recevoir des consignes. Soulignons que le climat de confiance mutuelle libère les collaborateurs du poids de la hiérarchie et les rend plus responsables et engagés dans les prises de décision au quotidien.
Quels sont les principes pour
réussir à instaurer un management par la confiance ?
Comme l’a dit Laurent Karsenty, chercheur et auteur de plusieurs livres dans le domaine du management : «La confiance ne peut se décréter, elle se construit». Pour mettre en place un management par la confiance, il faut avoir les 3 ingrédients magiques :
• La volonté de la direction de changer
• Le temps
• La mise en place des 5 principes du management par la confiance à savoir : Proximité et partage – Responsabilisation – Autonomisation – Contrôle – Analyse collective des performances.
Chaque entreprise devra instaurer son système de management par la confiance en se basant sur ses valeurs, son métier et son secteur d’activité. La première démarche va consister à accompagner le changement par une prise de conscience des limites du mode de management actuel, chercher l’adhésion du top management pour ensuite accompagner progressivement la mise en place des actions sur un court et moyen terme. Il ne sert à rien de vouloir accélérer le processus ! L’adhésion de tous va demander du temps, pensez à changer dans un premier temps certaines règles de votre politique RH, notamment en terme de formation, d’aménagement de l’espace de travail, implication des collaborateurs dans les décisions concernant le système d’évaluation et les parcours professionnels…
Peut-on parler des limites pour
ce type de management ?
Lorsqu’il s’agit de travailler avec des hommes et de femmes, il n’y a pas de limite à la confiance. Mais ce type de management demande beaucoup de rigueur et un respect sans faille des règles et des valeurs de l’entreprise, et ce dès le recrutement ! Chaque membre de l’organisation doit connaître les règles du jeu et y adhérer. Travailler dans une entreprise qui prône le management par la confiance, m'accorde en tant que collaborateur beaucoup d'avantage et de liberté de mouvement et, en même temps, exige de moi beaucoup de rigueur et de professionnalisme. Lorsqu’on parle de management par la confiance, ceci n’exclut pas le contrôle ! Mais on ne parle pas ici du «flicage» du chef, mais d’un contrôle d’une entité compétente qui a la capacité d’évaluer le travail et le rendement des collaborateurs selon les règles préétablies. Et le non-respect de la charte mise en place reporte systématiquement à un processus de sanction clairement identifié et validé par l’ensemble de l’organisation. Pour garantir la pérennité et l’efficience de ce type de management, il faut régulièrement rappeler l’objectif et la vision à moyen et long terme de l’entreprise et assurer la motivation des collaborateurs.
