La santé est un secteur particulièrement demandeur de solutions d'intelligence artificielle (IA) efficaces. Selon des études publiées récemment par des experts, le secteur verra, d’ici 2020, l’utilisation de plusieurs milliers d’objets connectés. Ils représenteront ainsi le deuxième marché en termes de création de valeur d’ici 2025. Cependant, cette catégorie englobe les dispositifs de toutes natures allant des dispositifs médicaux ou de télémédecine à des dispositifs grand public comme les traqueurs d’activités avec des niveaux de performances et d’exigence qui varient selon l’usage.
«L’intelligence artificielle, adossée au big data et à des capacités de calcul démultipliées, représenterait, avec la robotique, l’avenir des soins de santé», écrivait L. Le Claire, avocat associé responsable du secteur Pharmacie et Santé chez PwC, cabinet de conseil et d’audit. En effet, le traitement massif des données et la disponibilité des big data sont les grandes révolutions de l’IA en santé qui vont impacter l’évolution du secteur, notamment en ce qui concerne le diagnostic des maladies.
Cette mutation technologique qui caractérise le secteur de la santé semble ne plus se limiter à remettre en cause la méthode clinique, mais c’est toute la relation de soin entre médecin et patient qui devrait changer avec l’IA. Alors, le médecin de demain pourrait-il être un programme informatique ? Et quelle nouvelle relation entre le patient et le médecin ? La réponse à ces questions, de l’avis de Rachid Bouchakour, professeur de classe exceptionnelle, directeur de l'Institut matériaux microélectronique nanosciences de Provence (AMU-CNRS) et expert en objets connectés pour la santé, n’est pas évidente. «L’expression d’une pratique de la médecine fondée sur l’Evidence Based Medecine (EBM) (ou pratique de la médecine fondée sur les faits ou encore sur les preuves) repose sur les trois aspects que sont : l’expérience clinique du praticien ; les meilleures données actuelles (preuves) de la recherche clinique et les préférences du patient ou de l’environnement familial du patient», explique Pr Bouchakour. Et d’ajouter : «On pourrait penser que l’EBM fait avant tout la promotion d’une catégorie de données, les preuves cliniques relatives à une population d’individus, au détriment des données contextuelles qui concernent le patient lui-même. Mais la médecine est autant un art qu’une science. Alors, un algorithme aussi perfectionné soit-il pourra sans nul doute aider le médecin dans la pratique de son art, mais ne pourra totalement le remplacer. J’ajouterais même que ce n’est pas encore souhaitable. Il faut considérer l’utilisation de l’intelligence artificielle à travers les algorithmes de traitement des données comme des outils d’aide au diagnostic plutôt que comme des outils de diagnostics. Actuellement, la médecine est plutôt curative, on est diagnostiqué malade et on est soigné pour cette maladie. Ce que l’IA apporte aujourd’hui c’est la possibilité d’une médecine préventive et demain la possibilité du recours à une médecine prédictive. Le futur sera une médecine personnalisée ou individualisée où on ne soignera plus la maladie, mais le patient lui-même. L’IA est en capacité de pouvoir permettre cette évolution de paradigme». Quant à l’acceptation par l’homme de cette nouvelle intelligence en médecine, Pr Bouchakour estime que «le problème est le même que pour d’autres domaines aujourd’hui comme l’automobile et le véhicule autonome. Si on poursuit la comparaison, les questions de “confiance” et de responsabilité juridique sont tout aussi posées. À ces questions, il faut ajouter celles de l’éthique qui convoquent les principes régulateurs de l’action et de la conduite morale».
Sophia, une IA bien introduite au Maroc
Le groupe Sophia Genetics, spécialisé dans la médecine basée sur les données, a dévoilé en mars dernier en marge de la réunion annuelle du Collège américain de génétique et de génomique médicale (ACMG) aux États- Unis la liste des hôpitaux africains qui utilisent sa solution d’intelligence artificielle «Sophia», dans leurs examens médicaux afin d’améliorer le diagnostic et les soins des patients sur le continent. Le Maroc vient en tête de ces pays qui ont fait confiance à cette technologie. Et ce sont d’importants établissements de santé qui ont opté pour Sophia. «Aujourd’hui, je suis particulièrement fier que Sophia soit à l’origine d’un bond en avant dans la santé à travers le continent africain. En rejoignant notre communauté, les hôpitaux africains font tomber les barrières technologiques qui empêchaient leurs patients de bénéficier du même standard de tests génomiques que ceux des meilleurs centres médicaux en Europe et aux États-Unis par exemple. C’est une magnifique histoire d’accessibilité, de démocratisation, et d’espoir», expliquait Jurgi Camblong, CEO et co-fondateur de Sophia Genetics. Grâce à sa technologie de pointe, Sophia offre à ces établissements la possibilité d’analyser rapidement et efficacement des données génomiques qui permettent d’identifier les mutations à l’origine de maladies dans le profil génomique de leurs patients et décider ainsi des soins les plus appropriés.
Schizophrénie
L'intelligence artificielle d'IBM peut diagnostiquer la schizophrénie à partir d'images cérébrales. Ces travaux sont publiés dans la revue Schizophrenia. Ces résultats permettent d'avancer les connaissances sur des marqueurs biologiques plus fiables et objectifs que les critères diagnostiques actuels, souligne un communiqué d'IBM et de l'Université de l'Alberta au Canada. Cette étude fait également progresser la compréhension de la neurobiologie de la maladie, ce qui devrait mener à l'amélioration du traitement et de la gestion de la maladie. L’algorithme d’IBM, caractérisé par un taux de précision avoisinant les 74%, permet déterminer la sévérité de plusieurs symptômes tels que l’inattention, les comportements bizarres et les troubles de la pensée, de même que l’alogie (discours pauvre) et le manque de motivation. La détermination de la sévérité des symptômes peut mener à une caractérisation de la maladie axée sur des mesures, ce qui permettrait de considérer la maladie sur un spectre, plutôt qu'au moyen d'une étiquette binaire d’un diagnostic ou d’une absence de diagnostic, soulignent les chercheurs. (Source : http://www.psychomedia.qc.ca)
Des lunettes qui parlent aux malvoyants
Le système MyEye de la société Orcam, qui inclut une caméra miniature et un logiciel basé sur des techniques d'intelligence artificielle, permet aux handicapés visuels de se faire lire le journal ou une notice d'utilisation, ou encore d'identifier des objets du quotidien et des visages, rapporte le site ZDNet. Une caméra, qui se clippe sur une monture de lunettes, capture 30 images par seconde à la résolution de 1 million de pixels. De quoi reconnaître un texte pointé du doigt par l'utilisateur. Le texte est lu en temps réel à l'oreille de la personne. La caméra permet aussi de reconnaître objets et visages. «Ça ne marche pas avec les fruits et les légumes, les formes sont trop différentes à chaque fois. Mais cela fonctionne très bien avec des boites de céréales par exemple». Pour l'heure, 150 objets et 100 visages peuvent être stockés dans la base de données. Des capacités qui sont appelées à évoluer. (Source : http://www.psychomedia.qc.ca)