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Les quatre inhibiteurs de la productivité au Maroc

Le Maroc a réalisé un niveau enviable de l’accumulation du capital physique depuis l’année 2000 qui a bien servi son économie. Cependant, cet effort d’accumulation n’a pas permis d’insuffler un accroissement significatif des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive, relève le think tank OCP Policy Center dans une nouvelle publication qui identifie quatre inhibiteurs.

Les quatre inhibiteurs de la productivité au Maroc

L’économie marocaine est loin d’avoir un problème de capital physique. Bien au contraire. Le Maroc en a même accumulé un niveau supérieur à bien de pays pourtant plus développés que lui. Son problème se situe, plutôt, au niveau de la mise à profit de cette accumulation du capital physique pour obtenir des gains de productivité et accélérer la transformation de la base productive. Ce constat, déjà dressé par des institutions nationales et internationales, notamment la Banque mondiale dans son rapport sur l’économie marocaine, est développé et expliqué par le think tank OCP Policy Center dans une nouvelle publication dédiée. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital physique, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis le début des années 2000, a, certes, «permis de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes», concède l’auteur de la publication, l’économiste Taoufik Abbad. Toutefois, nuance-t-il, cet effort d’accumulation «n’a pas permis d’insuffler un accroissement significatif des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive».

Comment expliquer ce paradoxe ? Pour l’auteur, l’explication tient à deux qualificatifs qui peuvent être attribués au régime d’accumulation du capital au Maroc : distorsions productives et rigidités économiques. Et il est temps d’agir pour rectifier le tir, car, souligne-t-il, «la persistance dans le temps de ces deux puissants freins entraînera dans les années futures les mêmes effets et pourrait comprimer structurellement la productivité de l’économie nationale, avec toutes les implications que cela suppose, sur la compétitivité du tissu productif national».Ainsi, est-il relevé dans cette publication, plusieurs pays ayant le même rythme d’évolution de l’intensité capitalistique que le Maroc ont pu générer des niveaux de gains de productivité qui dépassent largement ceux du Royaume. Ce dernier s’est situé, durant toute la période d’étude (2000-2014), en dessous de la frontière d’efficience avec un score moyen de 76% contre une moyenne de 84% pour les 20 pays de l’échantillon. Ce score signifie que le Maroc produit seulement 76% de l’output avec le même niveau d’input que ses comparateurs les plus efficients et qu’il a, de ce fait, une marge d’augmentation de son output de 24% pour le même niveau d’input. En 2000, le Maroc a affiché un score de 81%, mais ce dernier s’est détérioré progressivement au fil des années.
L’auteur de l'analyse a signalé que pour le Maroc, le changement technologique a été la principale source de l’évolution de la productivité, alors que l’efficacité pure, qui correspond à l’utilisation optimale des ressources, n’a contribué que de manière faible à l’amélioration de la productivité globale des facteurs et semble être la principale source de l’inefficience du processus d’accumulation du capital au Maroc.

Ainsi, il aura fallu une accélération du rythme de progression du stock de capital de 6,4% durant la période 2008-2014 pour réaliser une croissance économique de 4,2% l’an, alors qu’une accumulation de seulement 5,9% était suffisante entre 2001 et 2007 pour générer une croissance moyenne du PIB de 5,1%. Partant de ces constats, l’auteur de la nouvelle publication d’OCP Policy Center a estimé que «plusieurs pistes sont a priori envisageables pour expliquer les évolutions différenciées entre l’intensité capitalistique et les gains de productivité».

Ainsi, il a relevé quatre inhibiteurs chroniques de la productivité au Maroc. Il s’agit, en premier lieu, de la faiblesse de la qualité du capital accumulé, ce qui engendre de faibles gains de productivité. En cause, la faiblesse du niveau de gamme de la production exportable et de son contenu technologique. Le deuxième inhibiteur consiste en les distorsions en termes d’allocation du capital et rétrécissement de la sphère productive, puisque l’économie reste prédominée par les activités de services, au détriment de l’industrie de transformation, disposant d’un multiplicateur d’emploi très élevé et considérée comme un élément pivot pour inverser la courbe du déficit chronique de la balance commerciale. En troisième lieu, la publication cite le fait que le capital accumulé est mis à la disposition d’une main-d’œuvre moins qualifiée, ce qui se traduit par une utilisation sous-optimale de ce capital. En quatrième lieu, elle relève que l’économie marocaine est affectée par des rigidités au niveau des prix, des salaires et du marché du travail. 

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