L’expérience optimale : plus de performance, moins de stress

Éco-Conseil : En développement personnel et professionnel, comment définir l’expérience optimale, plus connue sous son appellation «le Flow» ?

Imane Hadouche : L’expérience optimale ou le «Flow» est un concept lié à la psychologie positive. Le chercheur Mihaly Csikszentmihaly y a consacré tout un ouvrage intitulé «Vivre le Flow». Il s’agit simplement d’un état psychologique, état de bien-être qui dépasse le simple plaisir passif éphémère, et entraîne joie et satisfaction au tour d’une tâche précise. C’est aussi un état mental de pleine conscience, où la personne qui l’expérimente se retrouve complètement détachée du monde extérieur et pleinement absorbée par l’activité en cours, jusqu’à l’oubli de soi et la perte de la notion du temps. On peut aussi lier cet état à l’auto-télisme (en latin : autos «soi-même» et Télos «but») où une mission donne du sens à elle-même, indépendamment du résultat espéré. Et plus simplement, le «Flow» c’est cet état que beaucoup ont certainement expérimenté, où la tâche que nous exécutons nous absorbe pendant des heures, jusqu’à ne plus sentir le temps passer, ni penser à manger ou dormir, avant d’arriver au bout de notre mission.

Comment cet état mental permet-il d’être plus performant et moins stressé ?

Ça tombe sous le sens, et ça semble tout à fait logique, que l’expérience optimale est une excellente technique pour doper notre performance, tout en réduisant notre stress. Comment ? Simplement parce qu’on se trouve stimulé, passionné, complètement concentré et absorbé par les différentes tâches que nous accomplissons, et ceci contribue à augmenter indéniablement notre performance et notre rendement. Le fait d’en tirer joie et satisfaction contribue à réduire le stress et à limiter la réactivité au stress des autres autour de nous. 

Concrètement, comment vivre cet état mental ? Et y a-t-il des conditions à réunir pour y parvenir ?

Pour accéder à cet état et vivre «le Flow», il est nécessaire de réunir certaines conditions :

• Trouver du sens dans chaque action et chaque tâche, en la liant à une valeur absolue et importante pour nous.

• L’activité à accomplir doit être assez stimulante. Elle doit présenter un challenge pour nous et susciter nos compétences et habilités. Ni trop stimulante, ni au-dessus de nos compétences, afin d’éviter stress et angoisse, ni trop basse ou trop au-dessous de nos habilités, pour éviter l’ennui et la distraction. 

• L’activité devrait aussi nécessiter notre attention et notre concentration, afin de nous préparer au détachement du monde extérieur et des distractions. 

• L’activité devrait être liée à un objectif et un retour sur investissement. L’objectif doit être simple, clair, réalisable, stimulant et borné dans le court terme. Le retour attendu (feed-back, bénéfice) devrait être clair et immédiat.

• Les actions liées à la mission à accomplir devraient être sous notre contrôle et dépendre de notre maîtrise.

• Notre motivation devrait être intrinsèque, liée à un stimulus interne et non externe. Ce qui nous ramène à «la personnalité auto-télique» citée à la définition. 

• Nous devons nourrir notre sens de l’engagement et de l’auto-discipline.

• Nous ne devons pas séparer l’action du résultat final. L’action devient alors une fin en soi. 

Peut-on parler des limites de cette démarche ?

La seule limite à cette technique est intrinsèque. Du fait que «le Flow» est une démarche qui découle d’un choix interne et personnel, les freins aussi sont personnels et internes. La réussite de l’expérience optimale et ses limites dépendent entièrement de notre volonté et tombent sous notre contrôle.