Connexion
Éco-Conseil : Quels sont les principes clés de la sagesse dite
professionnelle ?
François Delivré : La sagesse professionnelle s'appuie sur trois grands principes :
• Le premier principe est la capacité à mesurer les conséquences des décisions dans tous les domaines : technique, humain, financier, etc. Certes, il faut parfois prendre des risques, mais en même temps, il est facile de faire des erreurs. Ainsi, les erreurs les plus importantes se situent sur le plan humain, par souci exclusif de performance à court terme.
• Le second principe consiste à ne pas s'opposer au système d'entreprise, mais à le connaître suffisamment pour pouvoir trouver des solutions qui, paradoxalement, respectent les règles tout en les contournant.
• Le troisième principe s'appuie sur une juste connaissance des limites. Les systèmes d'entreprise, dans le système libéral qui est le nôtre, ont tendance à vouloir franchir celles-ci pour atteindre de meilleures performances. On tire sur la ficelle, mais celle-ci, trop tendue, casse. C'est surtout valable dans le domaine humain lorsqu'un système d'entreprise ne veut pas voir les limites, soit des salariés, notamment l’excès de travail, voire le burnout, soit des managers, par la fatigue par exemple.
En entreprise, la sagesse et la performance semblent être contradictoires. Comment concilier les deux ?
Il est très difficile de concilier sagesse et performance en entreprise, car celles-ci appartiennent à des «ordres» différents. La performance est dans une logique d'efficacité et de productivité, qui a tendance à voir les êtres humains comme des objets, la sagesse est plutôt dans une logique de plus grand bien commun pour chacun. On ne peut pas marier l'eau et le feu, mais on peut se servir intelligemment des deux pour faire bouillir la marmite.
Justement, comment devenir plus sage en entreprise pour plus d'efficacité, notamment en situation de prise de décision ?
Les meilleures prises de décision s'appuient sur la prise de conscience la plus large possible des éléments humain, technique, financier, etc. Les décisions d'ordre humain sont parmi les plus délicates, car l'être humain n'est pas une machine dont on peut prévoir les comportements. Un grand pas est déjà franchi lorsque les responsables, aidés notamment par des coachs compétents, savent comprendre les phénomènes psychiques qui existent chez les individus et les phénomènes de groupe, ce que nous appelons dans notre jargon de coach des «processus».
