À bas la discrimination à l’embauche !

Éco-Conseil : Quels sont les types de discriminations au recrutement ? 

Ahlam Tahiri : Dans le droit du travail, la discrimination est le traitement inégal ou défavorable appliqué à certaines personnes. 

D’ailleurs, on parle de discrimination en recrutement lorsque le recruteur traite le chercheur d'emploi de manière différenciée sur la base de critères subjectifs et sélectifs qui manquent de justification objective et raisonnable à l'égard du poste à pourvoir. L’article 431-1 du Code pénal marocain liste une série de treize critères qui ne doivent pas influencer la vie professionnelle de toute personne.

Il s’agit, entre autres, de l'origine nationale ou sociale, la couleur, le sexe, la situation de famille, l'état de santé, le handicap et l'opinion politique. De même, contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’âge est aussi un critère de discrimination à l’embauche de premier grade et avec plusieurs 

facettes. 

D’une part, un candidat de plus que 45 ans n’a aucune chance de recrutement dans la fonction publique et semi-publique, et, d’autre part, nous constatons ces derniers temps que d’autres postes exigent un âge supérieur à 40 ans sans donner la priorité aux aptitudes personnelles et professionnelles et à la réelle capacité d’un candidat à occuper le poste, et donc la maturité professionnelle n’est pas suffisante selon le recruteur.

Peut-on considérer certains effets psychologiques, type l’effet miroir, comme une sorte de discrimination à l’embauche ?

Effectivement, les effets psychologiques pendant les entretiens d’embauches sont aussi des sources de discrimination à l’embauche. L’effet miroir en est le meilleur exemple. Cela veut dire que le recruteur a besoin de se voir dans le candidat et d'être attiré par celui qui lui ressemble. 

C’est une sorte de discrimination dans la mesure où on exclut certains profils qui peuvent être encore plus intéressants que celui qu’on a choisi par simple effet miroir. Je voudrais citer aussi l’effet repoussoir qui veut dire avoir peur d’un candidat très potentiel ou encore détecter un point négatif qui éliminera entièrement le candidat. Ces effets peuvent fortement influencer la décision du recruteur, ce qui constitue une discrimination indirecte à l’embauche.

Comment agir quand on est victime d'une discrimination à l’embauche ?

Il faut l’avouer, il est très difficile de prouver une discrimination à l’embauche pour pouvoir lancer une poursuite judiciaire du fait que les processus de recrutement restent très maîtrisables par chaque recruteur. Tout ce que je recommande à un candidat qui a senti une sorte de discrimination, c’est de considérer l’entretien comme une expérience et surtout d’en tirer des leçons. 

Je recommande de faire le deuil sur le poste en étant convaincu que ce n’est pas le poste idéal pour le moment. Le deuil démarre normalement par le refus d’admettre cette réalité et l’expression d’une colère. 

Il faut éviter d’accuser les autres pour ce qui arrive et aussi éviter de se sentir coupable. Il faut aussi éviter que la colère dure assez longtemps. Les pleurs, le renfermement, l’isolement… cela ne peut que déclencher une dépression blanche, c’est pour cela qu’il faut passer à la seconde étape qui est l’acceptation de la réalité et la remise en mouvement. À cette étape, une forme de tranquillité 

s’installera en débarrassant des croyances limitantes et en allant chercher plus loin d’autres opportunités plus intéressantes. Je tiens aussi à souligner qu’il est important de voir ce que nous avons bien fait, ce que nous avons mal fait et ce que nous avons oublié de faire aussi, pendant ce processus de recrutement. 

Croire en nos capacités permettra de dépasser rapidement cette expérience. Le développement de l’Intelligence relationnelle et situationnelle nous évitera de subir d’autres discriminations. 

Propos recueillis par Nabila Bakkass