Rendez-vous compte ! À 18 ans et une semaine, Achraf Ouchen a décroché le titre de vice-champion du monde de karaté (+84 kg). Il est alors le plus jeune athlète de l’histoire de la discipline à réaliser un tel exploit. Une performance saluée unanimement par la planète karaté. Et tout le monde présageait un titre olympique en 2020 pour le natif de Nador. Mais entretemps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Ouchen n’est plus apparu sous le kimono national. Et cela dure depuis 2017. Résultat des courses, il n’a pas été retenu pour les Jeux méditerranéens, ni pour le Championnat du monde des moins de 21 ans, ni à l’open de Guadalajara en Espagne et encore moins à celui de Rotterdam aux Pays-Bas.
Interrogé par le «Matin» sur les raisons de son absence en équipe nationale, Achraf Ouchen nous a répondu que lui-même n’en connaît pas la vraie raison. «Moi-même, je ne sais pas pourquoi je ne suis pas sélectionné en équipe nationale pour disputer les Mondiaux de Madrid. Ma mise à l’écart a débuté en 2017. À mon retour des Championnats du monde de Linz, j’ai pris congé. En revenant, j’ai découvert que je ne faisais pas partie de la sélection nationale qui a disputé les Jeux méditerranéens, ni, par la suite, le Championnat du monde des moins de 21 ans, ni non plus l’open Guadalajara en Espagne ou encore celui de Rotterdam», nous a-t-il indiqué.
À la question de savoir s’il a un problème quelconque avec la Fédération Royale marocaine de karaté, le jeune karatéka a assuré que ses relations étaient bonnes avec sa Fédération. Et de poursuivre que «la Fédération aurait pu m’encourager et me pousser vers l’avant, au vu de mes performances au niveau mondial (champion du monde juniors et vice-champion du monde seniors), mais elle m’a écarté.»Salah El Mesnaoui : «la FRMK n’a aucun problème avec Ouchen»
Sentant qu’Ouchen hésitait à se livrer complètement, on a alors contacté Salah El Mesnaoui, coordinateur des entraîneurs à la FRMK. Ce dernier a, de prime à bord, réfuté l’existence d’un problème avec le karatéka. Pour étayer ses propos, El Mesnaoui assure qu’Ouchen n’a pas été écarté ni suspendu, mais qu’il a juste fait le choix de ne plus concourir au niveau des compétitions de karaté WKF (la Fédération internationale, ndlr). «Il n’y a pas eu de problème avec Achraf Ouchen. Il a fait un choix personnel de ne plus concourir au niveau des compétitions de karaté WKF et de rallier la Ligue karaté pro. C’est une ligue dont les règles sont différentes de celles de la WKF. Il a fait le choix de s’orienter vers un autre style de karaté. Un karaté business où il fait des combats de gala. En faisant ce choix, il a décidé lui-même de ne plus faire partie de l’équipe nationale qui, elle, concourt au sein de la Fédération mondiale de karaté», a-t-il souligné. Et de poursuivre qu’«Ouchen vole de ses propres ailes et la Fédération n’a aucun problème avec lui. La Fédération a d’autres champions dont elle prend soin», a-t-il expliqué.La mise à l’écart de l’entraîneur d’Ouchen, à l’origine du désamour
Les investigations menées par «Le Matin» montrent que les problèmes entre le natif de Nador et sa Fédération remontent plus exactement à quatre jours avant le départ de la délégation marocaine pour Linz en Pologne pour participer aux mondiaux de 2016. Ce jour-là, la FRMK a exclu l’entraîneur d’Ouchen, Driss El Mannani, de la délégation qui devait faire le voyage en Pologne. Une décision que le karatéka a mal digérée. De retour au Maroc avec sa médaille d’argent, il a réglé ses comptes lors d’une émission TV : «J’ai été choqué par la décision d’écarter mon entraîneur Driss El Mannani à quatre jours des Championnats du monde. Cette décision m’a beaucoup déstabilisé», a-t-il lancé sur le plateau télé. Des déclarations qui, semble-t-il, n’ont pas plu aux responsables de la FRMK. Driss El Mannani, actuellement entraîneur en chef de la sélection chilienne, a confirmé, dans un entretien téléphonique avec «Le Matin» depuis Santiago, capitale du Chili, la version d’Ouchen, en assurant qu’il a été effectivement écarté de la délégation marocaine quelques jours avant son départ pour la Pologne. «On m’a interdit de voyager avec l’équipe nationale. Les joueurs ont menacé de boycotter ces mondiaux. Mais j’ai fait le déplacement par mes propres moyens pour aider l’équipe. Dès mon retour au Maroc, j’ai déposé ma démission. Et Ouchen a dénoncé mon exclusion. C’est peut-être ce qui explique pourquoi il a choisi de s’orienter vers le karaté de combat.» Une chose est sûre, Ouchen ne fera pas partie de la sélection nationale qui disputera les Championnats du monde à Madrid du 6 au 11 novembre, mais il sera invité d’honneur de la délégation chilienne qui l’a convié à assister aux mondiaux.