La Banque de France prévoit une croissance économique «robuste» en France. Dans son rapport sur l’évaluation des risques du système financier de l’Hexagone, l’institution anticipe une croissance de 1,8% cette année et 1,7% en 2019, après 2,3% pour 2017, qui se situe au-dessus de son potentiel, alors que l’activité mondiale reprend (+3,9% en 2018 et 2019, après +3,8% en 2017 selon le FMI). Rappelons que le Fonds monétaire international avait revu à la hausse ses prévisions de croissance pour le pays en avril dernier en pronostiquant 2,1% en 2018, puis 2% en 2019. Dans un contexte de montée des tensions protectionnistes et de persistance d’incertitudes politiques au niveau mondial et en Europe, la Banque de France identifie plusieurs risques. D’abord, les risques liés à l’endettement du secteur privé. En effet, souligne la Banque centrale, les risques liés à l’endettement des entreprises et des ménages sont jugés élevés. Ils se situent au premier rang des risques identifiés pour le système financier français, avec une perspective de hausse au cours des six prochains mois. «Le taux d’endettement du secteur privé non financier continue de progresser et atteint 130,2% du PIB au 4e trimestre 2017, ce qui correspond à 71,8% du PIB pour les sociétés non financières (SNF) et 58,4% pour les ménages.
Cette évolution contraste avec celle observée dans les autres grands pays européens», développe l’institution dans son rapport. Pour les sociétés non financières, la hausse de l’endettement est conséquente à l'augmentation de la dette de marché, mais aussi par le crédit bancaire qui continue de progresser (+5,1% sur un an en avril 2018). Selon les précisions de la Banque, la progression du crédit concerne toutes les tailles d’entreprise. De plus, les financements à effet de levier (opérations dites de leverage buy out-LBO et plus largement prêts à effet de levier-leveraged loans, obligations à haut rendement-high yield) sont en forte croissance au cours des derniers trimestres et cette évolution s’accompagne d’un assouplissement des clauses contractuelles et d’un fort appétit pour le risque des investisseurs. Dans ce tableau, la croissance du crédit aux ménages est également soutenue : 5,7% sur un an en avril dernier avec un encours principalement porté par le crédit immobilier alors que les prix de l’immobilier résidentiel augmentent également (+3,9% au niveau national au 4e trimestre 2017). «Cette hausse s’accompagne d’un certain assouplissement des conditions d’octroi qui appelle à la vigilance, même si à ce stade les risques de crédit correspondants sont diffus compte tenu des modalités des emprunts immobiliers, principalement rémunérés à taux fixe et assortis d’un cautionnement», explique la Banque. Celle-ci évoque, ensuite, les risques de marché. Ces derniers figurent, selon son analyse, au deuxième rang, à un niveau élevé également assorti d’une perspective de hausse dans les six prochains mois. «Le risque de correction abrupte des primes de risque augmente dans un contexte où les valorisations sur les marchés financiers continuent leur progression, indiquant un appétit pour le risque élevé», détaille la Banque Centrale.