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«Concernant les personnes à besoins spécifiques, nous ne manquons pas de lois, mais nous avons besoin d'une politique intégrée»

Le Maroc a célébré le 30 mars la Journée nationale des personnes handicapées. Ali Redouane, président de l'Association des parents et amis d’enfants inadaptés à Casablanca (APAEI), nous explique la situation de cette frange de la société. Ali Redouane est également président délégué du Collectif pour la promotion des droits et de la citoyenneté des personnes en situation de handicap/région de Casablanca-Settat et vice-président de l’Union nationale des associations œuvrant dans le domaine du handicap mental au Maroc.

«Concernant les personnes à besoins spécifiques, nous ne manquons pas  de lois, mais nous avons besoin d'une politique intégrée»
L'une des contraintes est de ne pas pouvoir assurer la pérennité de notre association.

Le Matin : Le Maroc a célébré le 30 mars la Journée nationale des personnes handicapées. Que représente pour vous cette date ? 
Ali Redouane
: Cette date est l’occasion d’évaluer objectivement les politiques publiques liées au dossier des droits économiques et sociaux pour les personnes à besoins spécifiques. Nous rappelons les acquis et attirons l'attention sur l'absence d'alternatives aux obstacles et aux déséquilibres. On se pose aussi la question sur l’implication dans les politiques publiques de la société civile travaillant dans le domaine du handicap. 
Le 30 mars est également l’occasion pour évaluer la performance nationale et le déséquilibre dans la prestation de services concernant cette catégorie de la société qui a besoin du soutien de tous les protagonistes. Il y a besoin de développer des programmes précis et des plans pour intégrer les personnes à besoins spécifiques dans la société et créer les conditions propices qui leur permettront de faire face à la vie et ses exigences. 

Comment évaluez-vous les politiques et les programmes menés dans le domaine du handicap au niveau national ?  
Le Maroc a ratifié, en 2009, la Convention relative aux droits des personnes handicapées. La nouvelle Constitution bannit toutes les formes de discrimination fondés sur le handicap.
Néanmoins, il y a encore un long chemin à parcourir. 
Le Maroc compte quelque 2.264.672 de personnes en situation de handicap. Selon une enquête nationale, une famille sur quatre compte au moins une personne en situation de handicap, soit 24,5% d'entre elles. Ces chiffres sont alarmants d’autant qu’on lutte toujours pour une vie décente pour les personnes souffrant de handicap. Nous avons suggéré, à plusieurs reprises, l’adoption d’une stratégie claire basée sur le diagnostic de la situation des personnes handicapées en impliquant des associations spécialisées. Nous avons adopté le concept d'approche institutionnelle au lieu de l'approche humanitaire dans la mesure où il garantit l'activation des droits garantis par la Constitution et les pactes internationaux ratifiés par le Maroc.  Dans le domaine des personnes à besoins spécifiques, nous ne manquons pas de lois mais nous avons besoin d'une politique intégrée.

Qu’est ce que vous proposez exactement pour améliorer la vie des personnes à besoins spécifiques ? 
Il y a un problème dans la gestion du dossier d'invalidité. Les associations ont du mal à trouver un seul interlocuteur qui assume l'entière responsabilité de communiquer et de prendre des décisions. Nous proposons la création d'un haut-commissariat aux personnes en situation de handicap. 

Comment voyez-vous la gestion du dossier de personnes à besoins spécifiques par le gouvernement actuel ?
Nos demandes pour ce gouvernement ne changent pas par rapport aux gouvernements précédents. Nous voulons qu’on adopte une approche stratégique intégrée qui considère la personne handicapée comme un citoyen à part entière et qu’on traduise ceci en un budget respectable qui garantit l'étude, la santé et l'intégration des personnes handicapées dans la société. L'offre de bourses n'est toujours pas au niveau de nos attentes, notamment en ce qui concerne le respect des délais. Chaque année, on est confronté à l'octroi tardif des aides pour la scolarité et bien d'autres problèmes. Ceci affecte la stabilité psychologique et sociale des cadres qui quittent le terrain en silence.

Qu'en est-il du soutien des conseils élus ?
Il faut reconsidérer les critères adoptés en ce qui concerne l'octroi de soutien aux associations. Il est inconcevable qu'une association avec un intérêt public et une longue histoire qui a une gestion transparente soit au même niveau qu'une petite association.

Quelles sont les contraintes réelles de votre association ?
L'une des contraintes est de ne pas pouvoir assurer la pérennité de notre association. Nous sommes aussi confrontés à la migration massive de ressources humaines compétentes qui ne peuvent plus être otages du volontariat. Nous sommes toujours confrontés à de nombreux défis pour récupérer les fonds détournés. Le report de la subvention est un cauchemar. Il affecte notre gestion administrative et sociale des handicapés mentaux et de leurs 
familles. La situation des personnes en état de déficience mentale devrait être une priorité dans les politiques et budgets du gouvernement ainsi que l'obligation de développer des moyens de respecter les dispositions de la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées

Comment voyez-vous l’avenir de votre association avec les contraintes actuelles ?
Nous allons travailler comme je l'ai toujours dit pour assurer la continuité des services de l'association. 

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