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Cultivons ensemble le bonheur au travail !

Le travail est indispensable au bonheur de l'Homme. Un collaborateur heureux est plus productif, motivé, créatif et surtout plus engagé. Ces notions s’invitent incontestablement en entreprise, mais existe-t-il une réelle prise de conscience que ce soit de la part des managers ou des collaborateurs ? Les entreprises ont tout intérêt à investir dans le bien-être de chaque collaborateur, mais ces derniers sont également responsables.

Longtemps considéré comme un concept abstrait et émotionnel, le bonheur s’impose désormais en milieu professionnel. Partant du principe qu’un collaborateur heureux est plus productif, créatif et engagé, l’entreprise a tout intérêt à investir dans le bonheur et le bien-être de chacun. Un constat que nul chef d’entreprise n’est censé négliger d’autant plus que les initiatives ne cessent de se multiplier pour expliquer et sensibiliser sur l’importance du bonheur au travail. Rien que la semaine dernière, une conférence sur le bonheur et le développement humain a été organisée, réunissant des coachs, des experts RH et des psychologues intéressés par la thématique. Ils ont confirmé à l’unanimité que le bonheur est une composante indispensable pour le développement aussi bien de l’entreprise que de l’individu.
Pour Hicham El Amrani, consultant international et fondateur de la Conférence internationale sur le bonheur et le développement humain, un collaborateur passe 60 à70% de sa journée en entreprise et il doit être heureux pour pouvoir créer, innover et contribuer activement dans le développement stratégique de son entreprise. Même constat pour Rabia El Gharbaoui, coach en PNL, enseignante chercheuse en sciences humaines et co-fondatrice de Coaching Québec-Maroc, qui estime qu’il est juste impossible de diviser ou de créer une séparation entre l’être, l’individu et son environnement. Elle tient à souligner qu’«outre la convergence et l’institutionnalisation, je pense qu’il est important, dans les pratiques RH, de mettre en place un projet de bonheur. C’est une nécessité pour l’évolution aussi bien de l’entreprise que des collaborateurs. On ne peut pas parler de bonheur individuel, on parle aujourd’hui de bonheur de groupe ou d’équipe».
C’est donc prouvé et reprouvé que le bonheur d’un collaborateur profite à tous. Reste maintenant à chercher ce qui rend un collaborateur heureux au quotidien dans son travail. Pour Afafe El Amrani El Hassani, docteure-chercheuse en sciences de gestion et RSE, consultante en RH, gestion et reconversion de carrière, le bonheur est un état d’esprit qui dépend en premier lieu des conditions de travail et de la qualité de vie de la personne. Et d’expliquer : «un collaborateur mal dans sa peau, écrasé sous une hiérarchie autoritaire et laminé par les soucis et problèmes de la vie de tous les jours ne pourrait jamais se sentir heureux dans son travail ni aspirer a
u bonheur». C’est dire, en d’autres termes, qu’avant de penser aux grandes actions RH, le manager devrait d’abord s’assurer des conditions du travail. Cela englobe, entre autres, la rémunération, la juste répartition du travail, les perspectives de carrière sans parler du simple respect des personnes et des droits de travail. «Un collaborateur qui a toujours le souci majeur de joindre les deux bouts à chaque fin du mois ne pourrait certainement pas consacrer sa concentration et ses efforts sur l’amélioration de son travail, encore moins à l’innovation et la créativité», c’est une réalité et il faut l’accepter. Ainsi, une fois les bonnes conditions de travail garanties, le manager pourra envisager de passer à l’étape supérieure. Une bonne collaboration avec le département des ressources humaines est d’une grande importance. 
Leïla Naïm, professeur chercheur en communication et comportement et coach consultante senior, estime que le bonheur doit être institutionnalisé au sein de l’entreprise. 
Il est important de mettre en place une entité qui se charge du bonheur et du bien-être des collaborateurs. Cette entité doit être composée de personnes formées pour cela et doit, bien évidemment, avoir un cahier des charges avec des objectifs qui convergent dans la vision RH et dans la politique générale de l’entreprise.

Ces croyances qui tuent le bonheur…
Vous l’avez certainement compris, les chefs d’entreprises sont invités à modifier leur style de management et à opter pour des pratiques favorisant le bien-être de chacun. Mais la question qui se pose : «Et si ces chefs d’entreprises ne le font pas ?» Autrement dit, faut-il attendre les initiatives RH et managériales pour être heureux ? Si on revient à la logique du développement personnel, la réponse serait sans doute non. Nous ne sommes pas maitres des événements qui se produisent dans notre vie, nous devons nous mettre dans le défi de changer nous-mêmes.
Les intervenants de la conférence internationale du bonheur et du développement humain ont d’ailleurs souligné que le travail sur soi est important pour vivre le bonheur au travail. Cela implique, notamment de modifier certaines croyances jugées négatives et qui nous rendent malheureux de type : «je n’ai pas de chance», «je suis limité», «personne ne m’aime», «il faut être pistonné pour réussir»… Ces croyances sont à bannir absolument puisqu’elles sont dangereuses et constituent même des ennemis du bonheur. Vu que le cerveau inconscient ne fait pas la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, il intègre ces croyances comme s’il s’agissait d’une réalité et finit par nous faire vivre dans cette croyance. Pis encore, si on se réfère à la loi d’attraction, en répétant ces croyances, on finit par attirer les événements qui viennent confirmer ce que nous croyons. 
Un cercle vicieux s’installe et le collaborateur risque de devenir incapable de s’en sortir. Autre point important à souligner pour réussir ce travail sur soi : l’importance de vivre dans l’ici et maintenant. «Face au stress, aux tensions, aux transformations, mais aussi aux défis à relever au quotidien, les collaborateurs oublient que la vie se passe dans le moment présent c'est-à-dire dans l’ici et maintenant», a expliqué à «Éco-Emploi», Hassan Charraf, vice président du Centre international pour le développement et la coopération, 
en marge de la Conférence internationale du bonheur et du développement humain.  Et d’ajouter qu’il ne faut pas reporter son bonheur pour demain, ni le chercher, il faut décider de le vivre dans chaque instant, en investissant dans des choses simples. Pour Hassan Charraf, il y a quatre piliers pour avoir le bonheur au travail : d’abord la quête de sens pour soi et dans sa vie, puis être dans une organisation de vie créative, ensuite avoir de la diversité pour pouvoir se révéler à soi-même et, in fine, avoir beaucoup de bienveillance, d’intelligence émotionnelle et surtout beaucoup de sourires. C’est dire, en guise de conclusion, que le bonheur est désormais important pour mieux vivre en entreprise. C’est aussi une responsabilité partagée entre le management qui doit l’institutionnaliser et le collaborateur qui doit s’inscrire dans une démarche continue de développement personnel. 


La parole aux professionnels 

Rabia El Gharbaoui, coach en PNL, enseignante chercheur et cofondatrice de Coaching Québec-Maroc

«Il est juste impossible de diviser ou de créer une séparation entre l’être, l’individu et son environnement. Quand on ramène toujours l’idée de l’entreprise, on a tendance à oublier que dans cette entreprise, il y a des êtres humains qui sont mobilisés et qui sont en train de bouger dans cet espace. Le bonheur d’une entreprise ne peut se faire sans le bonheur de ses individus. Je dirais aussi qu’il est important de veiller au bien-être de chaque collaborateur, au niveau même des sensations : aujourd’hui, les neurosciences viennent prouver que le bonheur peut-être détecté dans le corps à travers, notamment le taux d’hormones. De manière cellulaire, il faudrait d’abord créer de manière viscérale ce bien-être au niveau de l’entreprise. Par conséquent, outre la convergence et l’institutionnalisation, je pense qu’il est important, dans les pratiques RH, de mettre en place un projet de bonheur. C’est une nécessité pour l’évolution aussi bien de l’entreprise que de ses collaborateurs. On ne peut pas parler de bonheur individuel, on parle aujourd’hui du bonheur de groupe ou d’équipe. Ce bonheur est aussi présent dans son champ que dans son énergie. Il faut donc que le bonheur soit un projet d’entreprise et surtout de société.» 

Hassan Charraf, vice-président du C entre international pour le développement et la coopération

«La dimension du bonheur au travail est une dimension qui est de plus en plus recherchée par les entreprises. Beaucoup de gens cherchent le bonheur et oublient d’être heureux. D’ailleurs, on passe beaucoup de temps en entreprise, à vouloir travailler et gagner de l’argent et du temps, et on oublie qu’il faut être heureux. Face au stress, aux tensions, aux transformations, mais aussi aux défis à relever au quotidien, les collaborateurs pensent que la vie se passe dans le moment présent c'est-à-dire dans l’ici et maintenant. Il ne s’agit pas de reporter son bonheur pour demain et il ne s’agit pas non plus de chercher le bonheur, il faut le vivre en investissant dans des choses simples. Il s’agit notamment de la convivialité à son collaborateur, de la générosité, de la dimension de la solidarité et également dans une ergonomie qui doit exister au sein de toute entreprise. C’est aussi un mindset et une manière de faire qui est dans la co-construction entre un dirigeant avec ses collaborateurs. Cela passe aussi par le fait de permettre à chacun de trouver le sens dans le travail qu’il accomplit au sein de l’entreprise pour qu’il puisse avoir le plaisir et l’envie de travailler quotidiennement. Je pense qu’il y a quatre piliers pour avoir le bonheur au travail : d’abord, la quête de sens pour soi et dans sa vie, puis être dans une organisation de vie créative, ensuite avoir de la diversité pour pouvoir se révéler à soi-même et in fine, avoir beaucoup de bienveillance, d’intelligence et émotionnelle et surtout beaucoup de sourires». 

Leïla Naïm, professeur chercheur en communication et comportement, coach consultante senior

«Aujourd’hui, le bonheur au travail est au cœur de problématiques et de réflexion des entreprises et des départements en charge des ressources humaines. D’ailleurs, on assiste aujourd’hui à une nouvelle génération qui est la génération des “managers du bonheur”. Cela veut dire tout simplement que les entreprises deviennent de plus en plus convaincues qu’un salarié heureux est un salarié performant, motivé et impliqué pour produire davantage. Il faudrait concevoir le bonheur comme étant une stratégie organisationnelle. Le bonheur devrait être intégré dans les procédures et les process de l’entreprise. Je conseille aussi de mettre en place, carrément une entité qui se charge du bonheur et du bien-être des collaborateurs et qui met en place des procédures pour cela. Cette entité doit être composée de personnes formées pour cela et doit, bien évidemment, avoir un cahier des charges avec des objectifs qui convergent dans la vision RH et dans la politique générale  de l’entreprise.» 

Touria Metalssi, coach professionnelle en PNL

«Le bonheur est une notion subjective dans la mesure où chacun a sa propre définition du bonheur. On ne peut pas dire que le bonheur est une réalité ou un état absolu. De même qu’il n’existe pas de recette exacte 
du bonheur du fait que chacun a ses propres croyances, son propre environnement où il a évolué, ses capacités, sa façon de faire, ses propres besoins et une identité propre à lui. Pour moi, le bonheur est un état d’âme et un état d’esprit. C’est aussi une composante très importante pour pouvoir composer avec l’autre puisque dans le bonheur on va trouver la notion de la connaissance de soi. D’ailleurs, quand je suis consciente de ce que je suis, je me connais et c’est ce qui me donne le pouvoir de composer avec 
les autres. Autrement dit, la connaissance de soi me permet de mieux connaitre l’autre et c’est ce qui va me permettre de maitriser ma façon de composer avec lui. Je vais me gérer moi-même émotionnellement et je vais gérer ma relation avec l’autre, ce qui donne lieu à une 
interaction fructueuse et c’est ce qui va permettre d’atteindre un objectif.»

Afafe El Amrani El Hassani, docteure chercheur en sciences de gestion et RSE, consultante en RH, gestion et reconversion de carrière

«Il est vrai que le bonheur au travail est une condition importante pour la satisfaction des collaborateurs. Elle reste une condition nécessaire, certes, mais pas suffisante pour permettre l’épanouissement personnel et professionnel de la personne. Le manager ne pourrait jamais prétendre arriver à rendre ses collaborateurs des hommes heureux s’il n’arrive pas à leur assurer un niveau de salaire assez suffisant pour subvenir à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leurs familles. Un collaborateur qui a toujours le souci majeur de joindre les deux bouts à chaque fin du mois ne pourrait certainement pas consacrer sa concentration et ses efforts sur l’amélioration de son travail, encore moins à l’innovation et la créativité. Un collaborateur, encore écrasé sous la hiérarchie stricte et rigide et un style de management directif et autoritaire, ne pourrait jamais se sentir à l’aise sur son lieu de travail, encore moins aspirer au bonheur. Un manager agile devrait alors essayer de veiller à assurer à ses collaborateurs, des conditions de travail décentes et une ambiance joviale et bonne enfant. Il doit leur assurer un niveau de salaire et des conditions de travail et matérielles encourageantes et décentes. Il est invité à instaurer un système de rémunération, d’encouragement, d’intéressement et de motivation stimulant basé sur la transparence, l'éthique et le sérieux. Un manager agile doit comprendre que le bonheur au travail ne vient pas du fait d’assurer un poste et verser un salaire, mais plutôt de créer une ambiance, instaurer une culture d’entreprise et créer une famille où le collaborateur se sentira bien et de valeur. Enfin, et tout comme nous ne pourrons jamais souffler la vie dans un corps inerte, le manager agile ne pourra jamais rendre un collaborateur déprimé, effacé et démotivé, heureux, rayonnant et nager dans le bonheur !» 

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