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Entrepreneuriat, quels défis pour les femmes marocaines ?

Actuellement, beaucoup de femmes ont franchi le pas de l’entrepreneuriat avec succès. Certaines avec de grandes entreprises, d’autres plus «modestes», mais elles ont toutes l’ambition de vivre l’aventure. Toutefois, il y a lieu de souligner que les femmes-chefs d’entreprises restent confrontées à de grands défis, notamment la difficulté d’assurer un juste équilibre entre les contraintes professionnelles et les obligations familiales. Le point avec Afafe El Amrani El Hassani, docteure-chercheuse en sciences de gestion et RSE, consultante en RH, gestion et reconversion de carrière.

Entrepreneuriat, quels défis pour les femmes marocaines ?

Éco-Conseil : Selon vous, quel est l’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Maroc ?
Afafe El Amrani El Hassani :
L'entrepreneuriat féminin au Maroc représente une catégorie d'entreprises qui nécessite une attention particulière du moment que plusieurs domaines d'activités, modes de financement et occasions d'affaires restent inexplorés par les femmes. La femme marocaine n’arrive pas toujours à accéder à cette élite qui réussit dans le monde des affaires, n’obtient pas assez de soutien pour le faire et surtout, eu égard à son environnement socioculturel, ne possède pas assez de cran et de volonté pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Mais n’empêche que depuis les années 1990, le cadre législatif et social au Maroc a favorisé l’émergence de l’entrepreneuriat féminin. Avant les changements apportés au Code du commerce en 2003, la liberté d’entreprendre pour la femme était limitée. L’ancien Code lui interdisait d’exercer une activité commerciale sans l’autorisation de son époux. Actuellement et avec les changements juridiques qu’a connus notre pays, l’entrepreneuriat féminin est devenu plus accessible.
À la lumière de cet état des lieux, 
pouvez-vous définir concrètement la «femme-chef d’entreprise» ?
Selon l’AFEM (Association des femmes-chefs d’entreprises), une femme-chef d'entreprise (FCE) est «Une femme occupant l’une des fonctions suivantes : présidente-directrice générale, vice-présidente directrice générale, présidente du conseil de surveillance, présidente ou membre de directoire, administratrice directrice générale, directrice générale, directrice générale adjointe, gérante ou cogérante.» Une entreprise féminine est donc une entreprise dans laquelle la femme exerce l’une des fonctions suscitées. Selon l'Office marocain de la 
propriété industrielle et commerciale (OMPIC), parmi les 34.269 entreprises créées en 2013 (contre 28.573 en 2010), seules 7.732 sont des entreprises féminines (contre 6.954 en 2010) ce qui indique la faible présence des femmes dans la sphère managériale. Les secteurs sur lesquels les FCE sont présentes sont : le commerce et les services, le BTP, le transport et la communication ce qui prouve la nécessité de diversifier les secteurs d'intervention des FCE et de les inciter à toucher d'autres domaines d'activités porteurs de richesses.

Quels sont les facteurs qui motivent 
ces femmes à entreprendre ? Et quels sont les obstacles qu'elles rencontrent ?
La femme marocaine décide de se mettre à son propre compte pour plusieurs raisons principalement son besoin d’autonomie et d’indépendance aux niveaux professionnel et financier, sa volonté de relever le défi de l’entrepreneuriat et de réaliser son ambition de devenir chef d’entreprise et, enfin, sa décision de devenir productive et de contribuer à la croissance socioéconomique de son pays.
Néanmoins, la FCE rencontre, à l’instar de tout entrepreneur, un ensemble d’obstacles communs à la prise de risque dans l’entrepreneuriat comme les réalités de l’environnement socioéconomique actuel, l’accès au financement et aux sources d’information en matière d’aide et soutien ainsi que la lourdeur administrative et bien d’autres obstacles spécifiques à sa condition de femme surtout le conflit entre vie privée et vie professionnelle et la difficulté de trouver le juste milieu entre elles.

Quelles sont vos recommandations aux femmes-chefs d’entreprises pour faire face à ces défis ?
Nous pensons que plusieurs efforts doivent être fournis pour satisfaire les besoins des FCE qui sont endogènes et exogènes, spécifiques et transversaux, et qui concernent les axes suivants : la formation et l’accompagnement, l’assistance au niveau technique et commercial, l’accès au financement et l’aide pour le développement de partenariats et de réseautage.
Actuellement, plusieurs femmes se sont lancées dans l’entrepreneuriat avec l’ambition de vivre l’expérience et de contribuer au développement de notre pays. À cette volonté s’ajoutent un contexte et un environnement de plus en plus favorables pour faire de l’entrepreneuriat féminin un levier de croissance et de création de richesses au Maroc.
Aussi, nous restons convaincus que la nature humaine de la femme, en général, et la femme marocaine, en particulier, sa sensibilité, son sens du devoir et ses qualités relationnelles et comportementales lui procurent un avantage évident et constituent un tremplin pour saisir les opportunités que lui offre l’environnement socio-économico-juridico-légal actuel, et exercer ses pleins droits de citoyenne à côté de son confrère masculin en toute égalité, équité et complémentarité sans entraves ni prototypes dépassés ! L’heure est à la combinaison de tous les efforts pour que la femme marocaine prenne son envol et réalise tous ses rêves ! Alors mesdames, il faut juste le vouloir assez fort pour le pouvoir ! 


Propos recueillis par Nabila Bakkass

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