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«Une entreprise qui ne se développe pas est appelée à disparaitre du marché, d’où la nécessité d’améliorer au continu son mode de management»

«Une entreprise qui ne se développe pas est appelée à disparaitre du marché, d’où la nécessité d’améliorer au continu son mode de management»
Le personnel de l’entreprise constitue l’élément clef de l’équation entrepreneuriale, et sa formation ou mise à niveau reste indispensable pour le développement des compétences individuelles.

Management & Carrière : Quelles sont les spécificités du management dans la PME ? Existe-t-il un management propre à ce type d’entreprise ?
Youssef Guerraoui Filali :
Le management de la PME est une conduite de gestion assez complexe qui doit répondre à de multiples défis tels que la prise de risques, la gestion optimale des opérations d’exploitations ou encore le pilotage des coûts et la réalisation des marges commerciales. En effet, c’est un management émergent qui se développe au fur et à mesure de la croissance de la PME. Au Maroc, il s’agit essentiellement d’entreprises à caractère familial qui ne disposent pas de conduites managériales inspirées du management universel, ni de méthodes formelles de gestion (manuel des procédures, règlement interne, workflows...).
Par conséquent, le développement de la PME marocaine nécessite une professionnalisation du métier en vue de surpasser les différentes contraintes qui entravent la croissance voire la survie de la PME (concurrence rude, morosité du marché, ralentissement de l’économie, méfiance du consommateur, retards de paiement, dumping...). De ce fait, une entreprise qui ne se développe pas est appelée à disparaitre du marché, d’où la nécessité d’améliorer au continu son mode de management et son style d’administration des affaires en empruntant la voie de la communication digitale, de l’innovation, du leadership et du marketing électronique. 
En effet, ce type d’entreprise doit s’auto-structurer au continu afin de rester compétitif sur le marché et dans la perspective d’exporter son savoir et s’inscrire dans les chaînes de valeur mondiales. Pour cela, je préconise essentiellement une meilleure répartition des tâches et des responsabilités, un calendrier précis des actions à entreprendre et une organisation efficace du travail (la délégation des pouvoirs, la mobilisation des collaborateurs, la coordination des actions et le pilotage de l’action collective).

Quelles sont les bonnes pratiques pour manager une PME ? 
Tenant compte de son cycle de trésorerie vulnérable, surtout en absence d’un fonds de roulement solide, la PME a nécessairement besoin d’opérer ses activités dans le cadre de bonnes pratiques émanant des principes globaux de bonnes gouvernances (efficacité, efficience, qualité, pertinence, etc.). Dans cet ordre d’idées, la rationalisation des coûts, l’optimisation des dépenses et la mutualisation des charges restent parmi les pratiques à recommander à ce type d’entreprise. 
Sur le plan commercial, le développement des techniques de démarchage, la prospection des clients potentiels et le déploiement des actions digitales de vulgarisation des biens et services de la PME demeurent de bonnes pistes pour faire évoluer les ventes, et par conséquent améliorer le portefeuille clients. En effet, une PME qui ne s’inscrit pas dans le schéma de transformation digitale disparaitra progressivement du marché. Encore plus, sa compétitivité et sa croissance sont liées à ses capacités technologiques d’adaptation. Je parle des services digitaux, de la vente en ligne des biens ou services et de la e-reputation permettant de mieux faire connaitre le produit de la PME sur les différents réseaux sociaux et professionnels du web.
Dans le même sillage, l’adoption des technologies de gouvernance interne, telles que le contrôle de gestion, les systèmes d’information de pilotage et le contrôle interne, ne doit pas être négligée par la PME. Il s’agit en effet d’une mise en place progressive en fonction du besoin de gestion et tenant compte aussi des capacités financières limitées de l’entreprise.
Bien évidemment, une PME ayant de faibles ventes ne doit pas investir en premier sur le système d’information, mais plutôt développer sa force de vente et sa communication en investissant d’abord dans la formation commerciale de ses agents, le marketing de son produit et la publicité destinée au grand public. Cela peut s’opérer dans le cadre d’une opération commerciale planifiée dans le temps et dans l’espace (objectifs, délais de réalisation, budget alloué, acteurs, modes de financement…).

Quelles sont les contraintes auxquelles font face les managers des PME ?
Le Manager de la PME est dans la majorité des cas un gérant d’une entreprise inexpérimenté en management ou en gestion des ressources humaines. Or, il dispense d’une grande capacité technique à gérer ses activités, puisqu’il s’agit avant tout d’un projet personnel, voire familial. Cependant, le développement de son projet nécessite une bonne gestion des équipes, un leadership avéré et un pilotage stratégique des activités de l’entreprise. Pour cela, le Manager de la PME doit dispenser d’une formation continue en management en vue de renforcer ses capacités de gestion et d’administration de ses affaires. Ainsi, il pourra développer toute une culture de gestion au sein de son entreprise et par conséquent mettre en place un Management participatif et par objectif (MPO). En outre, le Manager de la PME souffre en matière de recouvrement des créances sources de survie de son entreprise. De ce fait, la question de la professionnalisation de la PME demeure le point crucial. Grosso modo, il s’agit d’actes administratifs et juridiques importants pour la gestion des commandes émanant des secteurs public ou privé, tels que l’exigence de bons de commande conformes à la consistance des prestations à réaliser, la facturation adéquate des biens et services livrés répondant aux exigences fiscales en la matière et le suivi du recouvrement des créances (de l’amiable au juridique).

Comment ces Managers conçoivent-ils aujourd’hui la gestion du capital humain ?
En l’absence de formations pointues en management, les gérants des PME sont moins imprégnés que les managers des grandes entreprises en matière de gestion et de qualification du capital humain. La GRH est la discipline managériale la plus importante du management, car sans des équipes qualifiées et bien formées, les PME marocaines ne peuvent pas mener parfaitement leurs missions. 
Dans le même sillage, le personnel de l’entreprise constitue l’élément clef de l’équation entrepreneuriale, et sa formation ou mise à niveau reste indispensable pour le développement des compétences individuelles (savoir-être) et professionnelles (savoir-faire) gisements de productivité et de performance.

Qu’en est-il du développement de carrière ?
Les opportunités de carrière émergent avec le développement et l’expansion de la PME. Par conséquent, la gestion des plans de carrière dépend de la capacité de la PME à se diversifier et à innover dans ses segments d’activités. Dans cette optique, de nouveaux postes apparaissent avec la croissance des métiers de la PME. Cependant, la promotion interne est fortement recommandée le cas échéant, d’une part, parce qu’elle permet de développer la carrière d’une ressource, en l’occurrence la fidéliser à rester dans l’entreprise et, d’une part, parce qu’elle permet à l’organisation de maximiser sa performance et son rendement à travers la motivation 
de ses employés.

Pour ce qui est de la transformation digitale, comment la PME peut-elle assurer sa transition ?
La transition digitale est devenue une nécessité incontournable pour toute entreprise. En revanche, la PME marocaine manque d’expertise et de professionnalisme en la matière et ne peut adhérer systématiquement à ce processus. Pour cela, le gérant de la PME doit s’acquitter, dans la limite du possible, des équipements technologiques et informatiques nécessaires pour assurer un premier saut vers le monde de l’économie numérique. En effet, le Manager de la PME doit se former dans les nouveaux métiers digitaux tels que le Social Selling, l’In-bound marketing et la Vente 2.0, en vue de transférer lesdites compétences à ses collaborateurs. Une fois le budget le permettra, il devra bien évidemment former ses équipes sur ces instruments digitaux qui forment aujourd’hui la nouvelle force de vente des entreprises. 

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