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Faut-il tolérer un langage «branché» en entreprise ?

Il est clair que chaque génération se distingue des autres. Ainsi, la génération Y se caractérise par son agilité, son ouverture d’esprit et son interactivité. C’est aussi une génération dont le langage, le vocabulaire et le style sont différents de leurs prédécesseurs. Ils utilisent parfois même de l’argot pour communiquer, ce qui risque de déranger leur hiérarchie et leurs collègues. Comment composer avec eux ? Le point avec Afafe El Amrani El Hassani, docteure-chercheuse en sciences de gestion et RSE, consultante en RH, gestion et reconversion de carrière.

Faut-il tolérer un langage «branché» en entreprise ?
La génération Y et Z, est composée de jeunes cadres dynamiques, performants, ouverts d’esprits et ne supportant plus les limites du temps et de l’espace.

Éco-Conseil : Quelles sont les particularités de la relation entre le collaborateur et son manager ?
Afafe El Amrani El Hassani
: La vie professionnelle, en général, et celle au sein de l’entreprise, en particulier, sont une expérience humaine riche et pleine de rebondissements. Elle peut nous offrir un cadre agréable et propice à la créativité et le rendement ou, fort malheureusement, un cadre conflictuel où intérêts personnels et professionnels se confondent et où collaboration et entente sont faibles, voire inexistantes ! Nul ne déroge à cette règle surtout les juniors et les nouvelles recrues qui viennent, à priori, pour enrichir et consolider l’équipe, mais qui se retrouvent souvent bridés dans leur élan et obligés de respecter scrupuleusement les normes d’un environnement qui leur est étranger au milieu de personnes que culture, langage, mentalité, formation, perceptions et visions séparent !
Cette phase d’intégration est d’autant plus importante tant au niveau horizontal entre collègues et collaborateurs qu’au niveau vertical entre la recrue et son supérieur hiérarchique.
En effet, lorsqu’un écart d’âge, de formation, de durée d’expérience, de mentalité et surtout de langage existe entre le nouveau collaborateur et son supérieur hiérarchique direct, la situation devient plus délicate et exige vigilance et agilité de part et d’autre pour éviter de créer des conflits interpersonnels pouvant provoquer la rupture de la relation professionnelle entre eux, la démotivation du collaborateur et l’insatisfaction du supérieur.

Comment établir une bonne relation dans ce sens ?
L’entreprise est un nœud de relations interpersonnelles où les aspects de la vie personnelle et professionnelle des collaborateurs interagissent pour renforcer ou détériorer le climat social au sein de l’organisation.
De ce constat, chaque collaborateur doit y mettre du sien et essayer d’éviter les sujets sensibles qui se prêtent à confusion, les discussions trop personnelles, les prises de position et les terrains glissants pouvant déboucher sur une mésentente et un conflit.
Aussi, chaque collaborateur devrait apprendre à respecter l’espace personnel de ses collègues et éviter de le transgresser par le geste ou la parole et faire preuve d’ouverture d’esprit, de maturité et d’intelligence relationnelle pouvant assurer une communication fluide et un environnement de travail plus propice à la collaboration et l’échange.

Les jeunes de la génération Y ou Z risquent d’adopter un langage qui ne tient pas compte des exigences hiérarchiques. Comment composer avec eux ?
La communication est un échange d’information entre un émetteur et un récepteur via un canal et par le moyen d’un langage.
De cette définition simple et simpliste de la communication, nous pouvons déduire que le langage utilisé lors de la situation de communication pourrait varier selon les personnes et tous les aspects de leur personnalité.
Un jeune bien dans sa peau, vivant dans son époque, ayant reçu une formation avec des moyens et des outils pédagogiquement, technologiquement et matériellement différents et respirant l’air de son époque, aurait forcément un langage bien différent de ses aînés et des perceptions, habiletés, compétences et philosophie de vie et de travail toutes autres.
Cette réalité, et le jeune collaborateur et son supérieur devraient la comprendre et prendre en considération lors de leurs échanges professionnels.
La génération Y, voire Z, est une génération dont le langage, le vocabulaire et le style sont très différents de leurs prédécesseurs. C’est une génération plus digitale moins papier, plus interactive moins technocrate, plus ouverte moins réservée, plus directe moins portée sur le vocabulaire et plus concentrée sur la transmission de l’information plutôt que sur la manière de la transmettre !
La génération Y et Z, est composée de jeunes cadres dynamiques, performants, ouverts d’esprits et ne supportant plus les limites du temps et de l’espace. Ils utilisent souvent l’argot, voire même l’argot revisité pour communiquer entre eux et des fois même avec les autres ! Ce sont des jeunes qui préfèrent travailler par objectif en toute autonomie et en toute liberté.
C’est d’ailleurs une façon de faire et de voir les choses qui a poussé les managers et les chercheurs à entamer une grande et profonde réflexion sur les nouvelles méthodes de management et surtout d’organisation de l’espace de travail. 
Le mode présentiel est même en train de céder la place à un travail à distance où les critères d’évaluation sont plus orientés vers la performance, l’efficacité et l’efficience que sur le taux de présence sur le lieu de travail ou celui d’absence ! 


Les clés pour assurer de bonnes relations entre les générations

«Les jeunes professionnels agiles et avertis doivent, à leur tour, comprendre que chaque milieu de travail présente ses propres spécificités, cultures, jargon et mode de fonctionnement. Pour bien réussir dans leur parcours professionnel et faire une belle carrière, loin des tensions, des conflits et des échecs, nos jeunes doivent essayer de modérer leur tempérament, contrôler leur langage, se conformer aux modes de fonctionnement existant, s’adapter à leur entourage et s’imprégner de la culture de l’entreprise.
Ils doivent tenter de respecter la rigueur et l’organisation actuelles et éviter de rester trop attachés à leur mode et style d’expression spontanés, argotiques et moins conventionnels, en toute ignorance de ceux communément utilisés au sein de l’entreprise.
Ils doivent enfin accepter la différence et essayer de raccourcir les distances qui pourraient les séparer de leurs collaborateurs seniors surtout leurs supérieurs hiérarchiques ayant des exigences – de fond et de forme – relationnelles, verbales et communicationnelles.
Un manager agile, et selon la nature du travail et missions louées au jeune collaborateur, devrait trouver la formule qui lui permettra d’atteindre les objectifs tout en laissant ce dernier de se sentir épanoui et non limité dans ses moyens. Il devrait aussi faire preuve de patience et éviter d’accorder trop d’attention à la forme du message qu’à son contenu ! Enfin, les seniors sont amenés à faire preuve d’empathie, de compréhension et assez de sagesse et de maturité pour comprendre qu’à chaque époque son langage, mais l’essentiel reste de pouvoir évoluer professionnellement dans un climat social sain, flexible, propice à la créativité et à la performance et permettant à toutes les générations de cohabiter en toute sérénité et transparence.»

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