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Imzoujen, à la frontière du Moyen Atlas

Perché à plus de 1.900 m d’altitude, le site d'Imzoujen situé à la commune d'Ighzrane, à quelque 120 km de Sefrou, était le point de rassemblement choisi par la Fondation Mohammed V pour la solidarité pour distribuer ses aides humanitaires, dans le cadre de l’Opération Grand Froid hiver 2018. Zoom sur le mode de vie de la population.

Vendredi 12 janvier à 8 h du matin dans la ville de Sefrou. Aujourd’hui, la Fondation Mohammed V pour la solidarité entame une nouvelle étape dans le cadre de son Opération Grand Froid pour l’hiver 2018. Une action annuelle durant laquelle la Fondation vient en aide aux populations des zones montagneuses dans les différentes régions du Royaume, en leur fournissant des denrées alimentaires et des couvertures pour les aider à affronter les chutes de température et l’enclavement des routes suite aux chutes de neige.
Ce vendredi, la Fondation intervient dans la province de Sefrou, en ciblant trois communes : Ighzrane, Tazouta et Dar Al Hamra.  
Le convoi composé des membres de la Fondation, les représentants des autorités locales et les médias prend la route en direction du site de Imzoujen, relevant de la commune de Ighzrane. 
Située derrière une série interminable de virages, à près de 120 km de la ville de Sefrou, l’accès à la localité de Imzoujen n’est pas facile. La route est sinueuse et devient encore plus périlleuse avec les chutes de neige. 
Il nous aura fallu plus de deux heures pour atteindre le point de rassemblement fixé par la Fondation. Perché à 1.900 m d’altitude, le site est surplombé par le Djebel Bouiblane, l’un des sommets les plus hauts du Moyen Atlas, culminant à quelque 3.192 m d’altitude. Il marque aussi la frontière entre les provinces de Sefrou, Boulemane et Taza.

Sur place, des dizaines de personnes se sont réunies et malgré la fatigue du trajet, la joie et l’enthousiasme se lisent sur leurs visages. Il faut dire que les aides humanitaires distribuées par la Fondation, aussi symboliques qu’elles puissent être, sont de grand soutien pour ces populations, qui dès les premières chutes de neige, se retrouvent enclavées derrière les montagnes. «Nous faisons de notre mieux pour dégager les routes le plus rapidement possible, mais il faut avouer que malgré nos efforts les populations qui vivent dans cette contrée restent coupées du reste du monde pendant au moins une semaine», confie un fonctionnaire de la commune d'Ighzrane.

Il faut dire aussi que même quand les routes ne sont pas bloquées par la neige, le trafic n'est pas dense. Les véhicules de type «Trafic» qui assurent le déplacement de la population entre le site et le village le plus proche ne font le déplacement que deux fois par semaine (entre dimanche et lundi, jour du souk). «Les véhicules ne viennent que deux jours par semaine. Hormis cela, il est quasi impossible d’aller au village, surtout quand les routes deviennent impraticables après les chutes de neige», se plaint un habitant. Les routes ne sont pas le seul problème d'Imzoujen. L’absence d’écoles et de centres de santé est le grand souci qui taraude l’esprit des habitants. «L’école la plus proche se trouve à 40 km de notre site. Nos enfants ne peuvent donc pas y aller, parce qu’on ne peut pas quitter nos terres et nous installer au village. Le même problème se pose lorsque l’un de nous tombe subitement malade», fustige le même habitant. Même son de cloche chez Mimouna, une jeune maman : «Pour envoyer son enfant à l’école, il faut soit avoir de la famille au village chez lesquels il peut loger, soit avoir assez d’argent pour quitter ses terres et s’y installer. Résultat, la majorité écrasante des enfants d'Imzoujen et des localités avoisinantes ne vont pas à l’école». Et d’ajouter : «Le centre de santé le plus proche se situe aussi à pas moins de 40 km, ce qui complique les choses en cas de maladie subite ou d’accouchement difficile». Certes, la commune dispose d’ambulances pour venir en aide aux cas urgents, n’empêche qu’accéder aux différentes localités exige beaucoup de temps, vu la difficulté de la route. En effet, il a fallu attendre près d’une heure et demie avant que l’ambulance ne vienne transporter une personne subitement tombée malade ce jour-là. Concernant les écoles, le fonctionnaire de la commune explique la déperdition scolaire des enfants de la région par l’absence des classes rurales. «Depuis la suppression des classes rurales en les remplaçant par les écoles communales, les enfants de ces zones montagneuses trouvent du mal à rejoindre les écoles, faute de moyens. De même que les parents ne peuvent pas déménager et abandonner leur bétail pour se rapprocher de ces écoles», souligne-t-il. Car il s'agit, en effet, de la principale source de revenus, comme le souligne la même source : «La principale source de revenus des habitants de cette région est l’élevage de caprins et de bovins. Pendant le souk hebdomadaire, ils troquent ainsi leur chèvre ou leur mouton contre des denrées alimentaires, des vêtements… C’est la raison pour laquelle, ils tiennent à leurs terres et refusent d’habiter au village, quitte à subir les conditions climatiques difficiles et souffrir à cause de la difficulté d’accès au site».

Un tour dans la localité nous fait prendre conscience de la difficulté d’y vivre. Les constructions de fortune bâties en terre donnent l’impression d’être encastrées dans le flanc de la montagne, à tel point qu’on a du mal à les distinguer du premier coup d’œil. «Nous n’avons pas de matériaux pour construire nos maisons. Elles sont tellement fragiles que lorsque la zone connait de fortes chutes de neige, elles s’effondrent», souligne l’habitant avec frustration. «Il est vrai que les autorités nous ont un peu facilité la vie en nous introduisant l’électricité et en installant les plaques photovoltaïques et une canalisation pour acheminer l’eau vers le village, mais tant que le site sera aussi difficile d’accès, l’école et le centre de santé aussi éloignés, nous continuerons à souffrir de l’isolement», confie Mimouna. 

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