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«Il est inquiétant de souligner que les universités sont désormais considérées comme des institutions professionnalisantes»

Dans un entretien accordé au «Matin» en marge de la conférence thématique organisée mercredi dernier à l’Académie du Royaume du Maroc, Olivier Faron, administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers, aborde la question de la formation comme levier de développement économique et social et souligne l’intérêt d’orienter les formations vers le marché de l’emploi en étant à l’écoute des attentes du marché. L’expert français relève également la montée en puissance des formations professionnelles au détriment des formations sociales et humaines.

«Il est inquiétant de souligner que les universités sont désormais considérées comme des institutions professionnalisantes»
Olivier Faron. Ph. MAP

Le Matin : Vous avez abordé dans votre exposé la question de la formation. Comment cette formation peut-elle justement jouer le rôle de levier économique et social ?
Olivier Faron :
Quand on traite des questions de formation, un mot s’impose de plus en plus, à savoir les compétences. On parle désormais des compétences à acquérir et de moins en moins de connaissances. Il s’agirait d’une évolution positive. En effet, il existe une prise en compte effective de la dimension nécessaire de professionnalisation, sachant que ce concept est large et inclut à la fois des compétences dites formelles, telles que des capacités plus techniques et d’autres informelles qui renvoient à des savoir-être et à des capacités à porter des projets. Ces compétences informelles font l’objet actuellement d’un grand travail d’identification, notamment au niveau européen. Toutefois, il convient de souligner que ce glissement des connaissances vers les compétences n’est pas sans conséquence. Force est de constater en effet que le professionnel tend à prendre le pas sur l’académique. Il est inquiétant de ce fait de souligner que les universités sont désormais considérées comme des institutions professionnalisantes et que la dimension de formation, au sens fort du terme, à des savoirs ou à des valeurs comme la citoyenneté et la solidarité est minimisé.

Face à cette montée en puissance des formations professionnalisantes, comment, à votre avis, peut-on assurer la continuité du rayonnement des formations en sciences sociales et humaines ?
Je pense que cela est possible en créant des ponts entre les sciences exactes et les sciences humaines. L’avenir est en effet pour l’interdisciplinarité. Une formation ouverte sur les sciences exactes peut généralement être complétée par les sciences humaines. Je pense à titre d’exemple à la question de la sécurité. La formation relative à cette question doit prendre en compte aussi bien le volet professionnel que celui académique, l’aspect scientifique que celui humain et social. Il est ainsi important de mettre en place des formations utiles tout en créant des passerelles qui permettront aux individus d’évoluer dans leur carrière parce que les carrières ne sont pas toujours linéaires. Les carrières sont finalement basées sur des savoirs qui nous permettront un jour de nous reconvertir.


Les formations à distance sont de plus en plus prisées. Est-ce que vous pensez que ce type de formation pourra un jour se substituer aux formations présentielles ?
La formation à distance peut représenter un complément et un outil pour renforcer l’offre de l’enseignement. En effet, j’estime que l’idéal serait de créer des solutions complètes entre la formation à distance et la formation présentielle.

Quel est à votre avis le meilleur modèle de formation à retenir ?
La formation est une question qui s’inscrit dans l’histoire. C’est une question très importante qui pèse sur le développement des différents pays. Tous les pays actuellement s’interrogent sur le modèle de formation qu'il faudra retenir. Il existe une grande concertation à ce sujet. Je pense qu’il est devenu primordial d’orienter avant tout la formation vers le marché de l’emploi afin de favoriser le développement économique. La notion de compétence suppose en fait que les entreprises et les organismes de formation travaillent en relation directe et que l’on soit capable de bien définir les besoins de l’économie. Aussi, il est important d’intégrer les différents outils du numérique pour mieux répondre aux besoins du marché. Il est désormais également essentiel de repenser le parcours des individus pour qu’on leur offre la meilleure reconnaissance de leur propre potentiel. Ce qui suppose que l’on alterne le temps de travail et le temps de formation continue, et que le temps de travail soit reconnu à travers la validation des compétences acquises lors de l’expérience professionnelle. En outre, il ne faut pas omettre de valoriser les formations intermédiaires (technicien).

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