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Les investissements dans les technologies durables inférieurs à 1% du budget accordé aux infrastructures

Le rapport 2018 des Nations unies sur l'eau, présenté officiellement hier à Brasilia où se tient le 8e forum mondial de l'eau, privilégie une meilleure combinaison entre les infrastructures traditionnelles dites «grises» et les solutions «vertes» afin de prévenir la pénurie qui menace 5,7 milliards d'individus à l'horizon 2050. Pourtant, les investissements dans ces techniques sont inférieurs à 1% du total des budgets accordés aux infrastructures et à la gestion des ressources.

Les investissements dans les technologies durables  inférieurs à 1% du budget accordé aux infrastructures
Jusqu'au 23 mars, Brasília accueille le Forum mondial de l'eau, pour tenter de trouver des solutions aux problèmes d'approvisionnement de plus en plus préoccupants et qui touchent déjà plusieurs villes dans le monde. Ph. Unesco

Jusqu'au 23 mars se tient à Brasilia la huitième édition du Forum mondial de l'eau durant lequel le rapport mondial a été rendu public. Des processus naturels peuvent «agir comme régulateurs, nettoyeurs et fournisseurs d'eau», a expliqué Richard Connor, rédacteur en chef du rapport annuel des Nations unies. Face aux besoins croissants en eau, faut-il construire de nouveaux barrages et des stations d'épuration ? Pas forcément, répond l'ONU, qui propose de s'inspirer beaucoup plus de la nature. Près de la moitié de la population mondiale, soit 3,6 milliards de personnes, vit dans des zones où l'eau peut manquer au moins un mois par an. Ce nombre pourrait atteindre 5,7 milliards en 2050, selon ce rapport. Face aux besoins croissants en eau, faut-il construire de nouveaux barrages et des stations d'épuration ? Pas forcément, répond l'ONU.
Alors que la demande augmente, surtout dans les pays en développement, les réserves souterraines s'épuisent, pompées principalement pour l'irrigation, et la qualité de l'eau se dégrade, polluée par les eaux usées industrielles et municipales et les produits chimiques agricoles, avertit l'ONU. Il faut chercher «la meilleure combinaison» entre infrastructures «grises» et «vertes», a indiqué Richard Connor en présentant ce rapport. Cependant, le recours à ces solutions reste marginal. «Des chiffres précis ne sont pas disponibles», mais les investissements dans ces techniques «semblent inférieurs à 1% de l'investissement total dans l'infrastructure et la gestion des ressources en eau», selon ce document. 

Cependant, même les investissements accordés au secteur de l'eau ne semblent pas à la hauteur des défis. «La majorité des plans climatiques nationaux élaborés dans le cadre de l'Accord de Paris sur les changements climatiques donne la priorité aux actions sur l'eau. Cependant, les besoins de financement devraient tripler à 255 milliards d'euros par an» avait indiqué l'Alliance mondiale de l'eau réunie en novembre 2017 à Bonn. Selon les projetions de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la valeur économique des actifs à risque devrait tripler à 45.000 milliards d'ici à 2050. Un actif risqué est un actif qui ne peut garantir, de manière certaine, les flux de rémunération et de remboursement d'un investisseur. C'est dire que les investissements dans ce secteur déjà fragilisé sont peu attractifs. Mais il y a des expériences consistant à préserver des écosystèmes ou à copier des processus naturels ont déjà fait leur preuve, a assuré Richard Connor. Depuis deux décennies, la municipalité de New York a développé une politique originale de protection des trois bassins versants qui alimentent la ville et ses 8,5 millions d'habitants : elle participe à des programmes de préservation des forêts et rémunère des agriculteurs pour leurs bonnes pratiques, moins polluantes. Résultat : New York «reçoit une des eaux les plus propres des États-Unis», selon Richard Connor, tout en économisant 300 millions de dollars par an sur son traitement.
Autre exemple, en Égypte : un projet pilote de zones humides aménagées à Bilbeis, à 55 kilomètres au nord du Caire, a permis de traiter des eaux usées et d'irriguer des eucalyptus, tout en étant «moins onéreux» que les solutions habituelles d'épuration. «Ces solutions sont rentables» et «ne coûtent pas plus cher», a insisté M. Connor. Les principaux secteurs où elles pourraient être déployées sont l'agriculture, mais aussi «les villes en croissance», notamment dans les pays en développement, a estimé le scientifique. «Avant de mettre de l'asphalte et du ciment partout, on peut y penser à deux fois et maintenir plus de zones vertes.» 
Le recours à des systèmes naturels ou semi-naturels offre de nombreux autres avantages. En plus d'améliorer la disponibilité en eau et sa qualité, «il est possible d'augmenter la production agricole par hectare avec une meilleure gestion de l'eau» et de nourrir ainsi plus de monde, a assuré Stefan Uhlenbrook, coordinateur du programme mondial des Nations unies pour l'évaluation des ressources en eau. 
Les infrastructures «vertes» jouent aussi sur l'érosion et la qualité des sols, la végétation, les risques de sécheresse et d'inondation. Les populations autochtones peuvent être associées à leur mise en oeuvre, ce que ne font pas les infrastructures «grises», souligne le rapport. 

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