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Le leadership 4.0, une approche pour gagner en agilité

Plusieurs secteurs sont aujourd’hui perturbés par les innovations technologiques. Face à cette réalité, les dirigeants d’entreprises sont invités à revoir leur style de management et à adopter une approche permettant de répondre aux exigences de l’évolution industrielle. Le leadership 4.0 apparait, dans ce sens, comme une approche efficace puisqu’il permet à toutes les composantes de l’organisation de gagner en performance et en agilité et de s’adapter aux nouvelles exigences d’un marché en perpétuel mouvement. Éclairages avec Karim Bouassem, directeur développement chez Franklin Covey Maroc.

Le leadership 4.0, une approche pour gagner en agilité

Conseil : Le leadership 4.0, de quoi parle-t-on ? 

Karim Bouassem :
À l’ère du Big Data, des robots humanoïdes, des usines intelligentes et de la bio-ingénierie, les procédés industriels connaissent une mutation spectaculaire. La 4e révolution industrielle est déjà en marche, entrainant une rupture de plus en plus visible avec les méthodes et outils du siècle dernier. Dans ce contexte, de nombreuses organisations sont confrontées à d’innombrables défis, pour assurer leur croissance, voire même leur survie. Des secteurs entiers sont perturbés par les innovations technologiques mises sur le marché par des concurrents souvent plus petits, plus rapides et plus efficaces. Plus que jamais, les managers sont amenés à prendre d’innombrables décisions et faire face à des problématiques qu’ils n’ont jamais rencontrées auparavant. Ce qui fonctionne aujourd’hui peut ne plus être pertinent demain. Le leadership 4.0 est une réponse naturelle à ces interminables exigences de l’industrie 4.0, et répond principalement à la question suivante : «Comment permettre à toutes les composantes de l’organisation de gagner en agilité et vélocité pour s’adapter aux nouvelles exigences d’un marché en perpétuel mouvement ?»

Quelles sont les spécificités de ce leadership ? 

Ce n’est plus un secret qu’une grande majorité de la main-d’œuvre actuelle soit irréversiblement remplacée par des robots et des systèmes complètement automatisés dans les 10 ou 15 prochaines années. Vous pouvez imaginer l’effet que cela a sur les employés et les futures recrues ! De toute évidence, le premier défi du Leader 4.0 est de se proposer comme véritable agent de transition et de redynamiser ses troupes autour d’une cause commune afin de s’approprier la volonté de changement, dans un environnement de doute et de panique.

Pour revenir aux spécificités du leadership 4.0, elles sont nombreuses, nous nous concentrons sur les plus fondamentales, et qui ont, à notre avis, le plus 

d’impact :

1. Inspirer confiance : Être le leader crédible que les troupes choisissent de suivre, autant avec le caractère que la compétence. La confiance se gagne difficilement et se perd très rapidement. Il est donc important de l’entretenir en permanence. 

2. Créer une vision et un sens d’orientation : Définir clairement où vont vos équipes, pourquoi elles sont mobilisées et quels objectifs sont censées atteindre et dans quel but.

3. Exécuter la stratégie : Atteindre systématiquement des résultats avec vos équipes en utilisant des processus 

disciplinés. 

4. Coacher le potentiel : Libérer la capacité de chaque membre pour contribuer à la performance globale, accompagner et accélérer les projets de transformation. 

Quels moyens se donner pour être leader 4.0 ? 

Les enjeux sont de taille, toutefois, les récompenses sont à l’image de ces derniers. L’objectif n’est pas de créer un nouveau type de leadership, mais au contraire, le but est de faire évoluer les leaders vers un nouveau modèle plus adapté et en adéquation avec les exigences de la mutation digitale. Ce qui implique que toutes les caractéristiques d’un bon leader restent valables et c’est le moment d’en profiter. Elles sont toutefois nécessaires mais loin d’être suffisantes. Un réel changement de paradigme est déterminant. Le leader 4.0 est amené à repenser son organisation, non plus d’un point de vue mécanique, en forme d’une horloge suisse complexe, composée d’un nombre de pièces et de mécanismes à engrenage intégrés où tout est question de maintien du rythme et de pièces de rechange. Mais plutôt de revoir son organisation avec l’œil du biologiste, tel un organisme vivant où les cellules, les organes et la structure ne forment qu’une seule et unique entité. Ce changement de mindset peut ne pas paraitre évident, toutefois, le digital l’impose.

Quelles en sont les contraintes ? 

Lors des moments de grands changements et de turbulences, les dirigeants sont tentés, instinctivement, de se réfugier dans leurs anciennes habitudes et de faire de plus en plus confiance à la machine. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la grande majorité des dirigeants, a priori, pleins de bonne volonté et de détermination peine à assurer cette transition, non pas parce qu’ils essaient vainement de changer les choses, mais parce qu'ils essaient d'empêcher les choses de changer ! C’est ainsi que des leaders se trouvent emportés par le tourbillon des urgences, consommant leur temps et leur énergie, et les empêchant de réaliser les résultats attendus. Un tourbillon qui balaye sur son passage toute initiative de changement et toute forme d’agilité.

Est-il facile d’adopter ce leadership avec tous les défis que la transformation digitale impose ? 

Comme déjà mentionné, tout est question de paradigme ! La vraie problématique relève de la capacité des leaders à changer leur perception de l’organisation et de partager ce nouveau mindset à tous les niveaux de l’organisation ! L’exercice est de contribuer à atteindre des résultats nouveaux et durables en se concentrant sur l’amélioration de l’efficacité des différents écosystèmes en étant une véritable interface entre la technologie, la machine et les individus. Il est aussi utile de sensibiliser les leaders qui adoptent ce nouveau modèle de leadership d’éviter le piège du «Focus Paradox». Un moyen pratique pour les leaders 4.0 est celui d’équilibrer leur concentration et prendre régulièrement du recul pour surveiller ce gouffre naturel mais inévitable, qui existe entre la réflexion stratégique et l’exécution opérationnelle. Ce trait d’union qui fait que cette création mentale soit traduite fidèlement en création physique sans trop d’écart. 

Propos recueillis par Nabila Bakkass

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