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Au fil des années, de nouveaux usages numériques apparaissent impactant l’activité humaine. A titre d’exemple l’intelligence artificielle qui est en train de révolutionner de façon profonde les modes de vie. La santé de travail ne fait pas l’exception à cette règle. Pour approfondir la réflexion sur le sujet, la Caisse mutualiste interprofessionnelle marocaine a organisé le 20 décembre 2018 à Casablanca la huitième édition de la Journée Santé au travail en collaboration avec Wafa Assurance, Taqa Morocco et Capital Consulting. Le thème retenu pour cette nouvelle édition est «l’intelligence artificielle : une révolution pour la santé au travail». «À l'aune de cette révolution, il nous est apparu évidemment indispensable de nous réunir pour aborder ce sujet inédit et d'évaluer in fine notre stratégie pour le futur», souligne d'emblée Abdelaziz Alaoui, président de la CMIM qui a fait observer que cette nouvelle ère ouvre clairement la voie pour le Maroc à des développements exponentiels et permettra assurément de mieux vivre, de mieux organiser les actions indispensables de prévention des salariés.
«Mille milliards de données : voilà la quantité phénoménale d'informations que pourrait contenir votre dossier médical vers 2030 si on en croit les prédictions du chirurgien et essayiste Laurent Alexandre. Chiffre difficile à prouver, mais une chose est sûre, le développement des objets connectés et les progrès de la génomique vont engendrer une masse de données considérables que les algorithmes d’intelligence artificielle vont disséquer à la vitesse V», prévient-il. L’enjeu pour cet expert en SST (Santé et sécurité au travail) est de pouvoir organiser efficacement ces nouveaux modes de prises en charge. Cette rencontre était l’occasion pour le ministère du Travail et de l’insertion professionnelle représenté à cette rencontre d’annoncer que le Plan national santé et sécurité au travail 2019-2023 (PNSST) s’articulant autour de plusieurs axes centraux est en voie de mise en œuvre. Son objectif est d’améliorer la qualité vie au travail, la santé physique et mentale des travailleurs qui est une condition sine qua non pour assurer la compétitivité économique. Prenant part à cette huitième Journée, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'Union marocaine du travail (UMT), a affirmé que «l’IA au Maroc en tant que révolution technologique, mais aussi économique et sociale est en train de se produire et inévitablement se pose la question de l'incidence du recours à ces nouvelles technologies sur l'emploi, sur les conditions de travail». Et de poursuivre que «Le spectre est très large, du redéploiement des personnels, de la compression des effectifs, de la formation professionnelle aux risques de plus d'individualisme et aux risques psychosociaux liés au stress professionnel», explique le militant syndicaliste. C'est pourquoi, toutes les parties prenantes, gouvernement, patronat, syndicats, universitaires et chercheurs, devront partager la réflexion collective et de manière complètement coopérative aider à mieux appréhender cette thématique fortement corrélée à la problématique de l'emploi, à la productivité et à la santé au travail. Convaincu que la santé et la sécurité au travail revêtent non seulement un intérêt majeur pour les travailleurs, mais également un véritable levier de compétitivité pour les entreprises marocaines, l’UMT confirme, à cette occasion, l’engagement de l’UMT à œuvrer aux côtés des différents acteurs politiques, économiques et sociaux en vue d'instaurer une vraie culture de prévention dans les lieux de travail.
Pour sa part, Jean Claude Mallet, président du Club de Réflexion sur l'avenir de la protection sociale (CRAPS), a considéré que le secteur de la santé va se transformer d’une façon radicale à travers, entre autres, la télémédecine et le diagnostic artificiel, des éléments qui doivent être vus comme des atouts considérables notamment pour le Maroc. Il est temps, selon l'expert, de s’adapter à d’autres dimensions des choses. Sur le sujet de l’intelligence artificielle, Jean Claude Mallet, recommande «d’être très attentifs, vigilants et capables de mettre les bornes qu’il faut pour que les citoyens, les salariés et les assurés soient persuadés de la nécessite de cette
révolution».
Ont également pris part à ce rendez-vous incontournable des experts de renommée, à savoir David Gruson, membre du comité de direction de la Chaire santé de Sciences Po Paris. Ce dernier n’a pas manqué de confirmer dans une déclaration au «Matin» que «l’IA et la médecine algorithmique appliquées à la santé au travail sont des sources d’opportunités majeures vu qu’elles permettront de mieux prendre en charge les patients et de leur donner accès plus rapidement à une réponse diagnostique, mais aussi à des solutions de prévention pour mieux comprendre les éventuelles menaces». L'ex-délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF) a insisté sur l’importance de l’accompagnement du déploiement de l’IA en santé de travail pour éviter les risques de cette technologie notamment psychosociaux. C’est tout l’intérêt de cette huitième Journée qui a donné l’occasion aux participants d'échanger de meilleures pratiques sur ces sujets.
