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La méthode OODA ou l’art de décider en quatre étapes

Les spécialistes dans l’accompagnement professionnel ne cessent de le répéter : les décisions que nous prenons déterminent la réussite ou l’échec de nos projets dans le futur. Pour simplifier la démarche, plusieurs méthodes ont été inventées, notamment la méthode OODA. Initiée d’abord dans le domaine militaire, OODA permet aujourd’hui aux individus et aux organisations d’apprendre et de se développer dans un environnement en mutation rapide», souligne Sanae Hanine, formatrice en développement personnel et en communication non violente.

Conseil : Comment identifier les risques potentiels d'une décision ?

Sanae Hanine :
Corrélées à l’atteinte de nos objectifs, nos décisions doivent être prises avec soin. Dans le monde de l’entreprise, prendre des décisions constitue l’essence même du processus de direction. Elles deviennent de plus en plus critiques lorsqu’elles sont engageantes sur le long terme, ou lorsqu’elles nécessitent la mobilisation des ressources financières et humaines ou lorsqu’elles sont difficilement réversibles ou lorsqu’elles sont liées à la survie de l’organisation et sa compétitivité. On peut identifier les risques potentiels d’une décision, lorsque sa «rationalité est limitée». C’est-à-dire, lorsqu’elle est prise en fonction des aspirations personnelles ou sous la pression d’un groupe. En effet, la décision est compromise lorsque l’individu ne cherche pas la solution optimale, mais se contente d’une décision qui lui convient. Elle peut comporter un risque lorsqu’elle est basée sur ce qu’on connaît déjà ou sur ce qu’on croit savoir plutôt qu’être adaptée à la situation. Les émotions sont également des facteurs qui compromettent la décision et peuvent la dénaturer. Pour une meilleure prise de décision, nous proposons la méthode OODA : «Observer, S'orienter, Décider et Agir». Initialement mise au point dans le domaine militaire afin d’ajuster rapidement les stratégies, la méthode a fait ses preuves dans plusieurs domaines notamment les business stratégies. Elle peut également être utilisée à titre individuel.

Justement, dans quelle mesure la méthode OODA permet-elle au collaborateur de réévaluer ses décisions ?

Comme je viens de l’expliquer, la méthode OODA est un processus de décision et un moteur d'apprentissage en 4 étapes : «Observer», «Orienter», «Décider» et «Agir». Elle a été développée par John Boyd l’un des plus grands stratèges militaires américains. C’est le résultat d’une combinaison d’une profonde compréhension de l'histoire militaire et la pensée stratégique à un large éventail d'autres domaines scientifiques. La méthode OODA est applicable à divers domaines : stratégies militaires, au management et même aux relations interpersonnelles. Son objectif est de permettre aux individus et aux organisations d’apprendre, de se développer et de prospérer dans un environnement en mutation rapide. Elle permet également de mieux comprendre et de contrôler le processus décisionnel des concurrents. C’est une codification des moyens fondamentaux de penser, de décider et d’opérer et leur organisation dans un système stratégique et efficace, dans le monde qui souvent confus et embrouillés face aux conflits et à la confusion, pour mieux éclaircir notre lanterne et prendre la décision la plus optimale. Commençons d’abord par expliquer la première étape qui consiste à «observer» : en observant, nous convertissons notre esprit en un système ouvert plutôt que fermé, et nous sommes en mesure d’acquérir les connaissances et la compréhension indispensables à la création de nouveaux modèles mentaux.

En tant que système ouvert, nous sommes en mesure de surmonter l’entropie mentale génératrice de confusion. Tactiquement, à cette étape nous fonctionnons en mode clignotant jaune. À l’image d’un suricate surnommé «sentinelle du désert», nous scrutons l’horizon. Il n’y a pas de situation de menace spécifique, mais nous observons notre environnement de manière détendue, mais alerte. Dans la vie réelle, il s’agit pour une entreprise d’observer l’ensemble des indicateurs qui peuvent affecter son chiffre d’affaires.

La deuxième étape : «Orienter». Il s’agit de la phase la plus importante de la boucle parce que l'orientation détermine notre façon d'interagir avec l’environnement. 

Elle est basée sur une profonde analyse qui suppose de séparer nos paradigmes habituels et rassembler les éléments résultants pour créer une nouvelle perspective qui correspond mieux à notre réalité actuelle. La capacité à s'orienter efficacement est ce qui distingue les gagnants des perdants. Nous venons donc à la troisième étape qui est «Décider» qui veut dire émettre l’hypothèse la plus plausible sur le modèle mental qui fonctionnera. 

Pour savoir si notre hypothèse est correcte, nous devons ensuite la tester, ce qui nous amène à notre prochaine étape : «Agir» : passage à l’acte qui n’est pas définitif puisque dans la perspective de la OODA  nous sommes constamment en apprentissage.

Quelles conditions pour assurer son succès et qu’en est-il des limites ?

Pratiquement, il s’agit d’être constamment en apprentissage à travers l’acquisition de nouvelles connaissances et pourquoi pas par l’apprentissage tout au long de la vie. Ensuite, il s’agit de détruire les anciennes idoles limitantes. En bref, il ne faut pas régler un nouveau problème par une carte mentale ancienne. La parabole la plus éloquente à ce sujet est le «syndrome de l'homme avec un marteau» qui veut dire que les gens continuent à appliquer un même vieux modèle mental à une situation nouvelle. 

Cette parabole fait allusion aux managers qui continuent à appliquer un modèle économique éprouvé, même si le marché a évolué dans une autre direction. Ce syndrome illustre le ratage en bonne et due forme de la phase orientation qui prépare à la prise de décision. Pour les limites, en effet, connaitre la boucle OODA n’est pas suffisant pour la mettre en œuvre avec succès. Le tempo est également un élément critique. On peut ajouter que cette boucle connait ses limites lorsqu’elle se heurte avec la 

boucle de nos concurrents. Et parfois, c’est un fiasco, parce que tout simplement «chassez le naturel, et il revient au galop.». 

Propos recueillis par Nabila Bakkass

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