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«Il n’existe pas de statistiques sur l'autisme au Maroc, mais nous y travaillons pour cette année»

«Il n’existe pas de statistiques sur l'autisme au Maroc, mais nous y travaillons pour cette année»
Imane Hadouche.

Le Matin : Comment célébrez-vous la journée internationale de l'autisme ?
Imane Hadouche
: Cette année, nous avons consacré tout le mois d’avril à la sensibilisation à l’autisme, en espérant faire de cette année, une année nationale pour l’autisme. Nous avons programmé plusieurs activités et événements pour le mois d’avril, visant à sensibiliser les gens dans la rue, les élèves et les cadres éducatifs dans les écoles, en essayant aussi de consacrer des activités pour rassembler les parents, les mobiliser et leur rendre hommage. Parmi ces activités, nous avons organisé : une conférence autour du rôle de la nutrition dans les troubles du comportement, et les outils de l’analyse appliquée du comportement ; l’événement «Mois bleu» en partenariat avec le Megamall de Rabat, avec un stand sur place du 2 au 8 avril, une campagne de sensibilisation numérique, et l’illumination du Megamall avec des lumières internes et externes bleues ; une campagne de sensibilisation dans les écoles, auprès des élèves et des cadres éducatifs et administratifs ; une formation à l’analyse appliquée du comportement pour les parents ; des activités sportives pour les enfants et familles, au club de basket et au club de surf ; une grande soirée officielle en hommage pour les mamans prévue pour le 23 avril au théâtre Mohammed V à Rabat. Enfin, nous clôturons le mois avec une formation gratuite de 3 jours, pour les spécialistes en éducation et accompagnement des enfants autistes. 

Quelles sont les actions que vous comptez mener cette année pour sensibiliser à cette maladie ?
Nous avons programmé plusieurs rencontres dans les écoles, mais aussi dans les centres de santé, et dans les administrations concernées. Souvent, les gens ne manquent pas de volonté pour accepter la différence, ils manquent simplement d’information.  Cette année, nous avons décidé de descendre dans la rue, à la rencontre du citoyen lambda, pour expliquer ce qu’est l’autisme, et travailler sur la déconstruction de préjugés et clichés concernant ce trouble.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les enfants autistes et leurs familles et qui les empêchent de vivre une vie normale ?
Je pense que les difficultés majeures sont : la difficulté de poser un diagnostic, l’exclusion du système scolaire, le coût exorbitant de l’accompagnement et l’absence d’interlocuteurs officiels. Le dossier de l’autisme est complexe par nature (difficulté de le définir, de définir les causes et origines, pluralité des méthodes et programmes d’accompagnement…) et ceci le rend exclu finalement de tous les organismes gouvernementaux, aucun organisme ne veut l’adopter complètement, puisque l’autisme nécessite la collaboration de plusieurs ministères et administrations à la fois.  

Avez-vous des chiffres sur le nombre d'autistes au Maroc ?
À cause de la difficulté de poser un diagnostic, avec les cas non déclarés, les cas cachés par les parents, les cas considérés comme touchés par la démence… il est impossible de déclarer des chiffres. Il n’existe pas de statistiques réelles, et nous y travaillons pour cette année. Mais les derniers chiffres approximatifs, déclarés en 2014, annonçaient entre 400.000 et 500.000 autistes. Ce qui est certain, c’est que l’autisme est de plus en plus fréquent, selon plusieurs médecins et spécialistes. Et suivant le constat fait sur le terrain pendant nos campagnes de sensibilisation dans la rue, une personne sur 3, nous déclare avoir un cas d’autisme dans son environnement direct ou indirect. 

À quel point la mobilisation de la société civile pour la cause de l'autisme est-elle importante ? 
Sincèrement, le plus important pour la cause, et ce qui contribuerait réellement à un changement, c’est la solidarité et la mobilisation de la société civile. Rien ne peut être réalisé sans cela. Les administrations, les législateurs, et organismes gouvernementaux restent à l’écoute des besoins et demandes de la société civile. Les plans de développement dans toutes les régions, les propositions de textes de loi, reflètent les demandes et besoins exprimés par la société civile, et dépendent de plaidoyers sérieux et professionnels.

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