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«Nous partageons avec le Maroc de nombreuses préoccupations de l'Afrique»

L'Allemagne célèbre ce mercredi 3 octobre la réunification du pays, qui coïncide avec la chute du mur de Berlin en 1989. À cette occasion, S.E. l'ambassadeur d'Allemagne au Maroc, Götz Schmidt-Bremme, a déclaré que son pays partage depuis longtemps et aujourd’hui encore avec le Royaume, en tant que voisin et partenaire de l'Europe, de nombreux intérêts communs en Afrique : de la lutte contre le changement climatique au combat contre terrorisme international, en passant par la question d’une conception équitable de la migration.

«Nous partageons avec le Maroc de nombreuses préoccupations de l'Afrique»

Le Matin : Quel est l’état des lieux du partenariat politique, économique et culturel entre les deux pays et comment comptez-vous, concrètement, renforcer ce partenariat ?
Götz Schmidt-Bremme :
Le Maroc et l'Allemagne entretiennent, depuis des siècles, des liens économiques, culturels et politiques. Le site internet de mes collègues de l'ambassade du Maroc à Berlin jette d’ailleurs un regard rétrospectif sur les plus de 500 ans d’histoire de cette relation empreinte d'amitié et de fascination mutuelle. Nous partageons aujourd’hui encore avec le Maroc, en tant que voisin et partenaire de l'Europe, de nombreux intérêts communs en Afrique : de la lutte contre le changement climatique au combat contre le terrorisme international en passant par la question d’une conception équitable de la migration. Nous souhaitons également élargir notre coopération culturelle, et nous nous félicitons des réussites, telles que le programme pour la promotion des jeunes musiciens marocains «El Akademia Masterclass», qui a pu avoir lieu pour la deuxième fois en 2018.

Quelle sera, dans le futur proche, la contribution allemande à l’effort de développement du Maroc ?
La coopération au développement maroco-allemande s'articule autour de trois axes prioritaires : les énergies renouvelables, l’eau et le développement économique durable. Aux côtés de nos partenaires marocains, nous souhaitons également créer, à travers nos projets, de nouveaux emplois dans ces domaines. Par ailleurs, il convient de noter que l'éducation et la formation, de même que la promotion de la formation professionnelle, en association avec le secteur privé, jouent ici un rôle important.

Effectivement, les relations de coopération entre l'Allemagne et le Maroc se sont consolidées de manière remarquable durant les dernières années, notamment dans le secteur des énergies renouvelables. Où en est le partenariat énergétique maroco-allemand qui a été initié le 3 juillet 2012 ?
L'Allemagne et le Maroc sont partenaires et pionniers au niveau de la promotion des énergies renouvelables. Les parcs éoliens près d'Essaouira et de Tanger, de même que la centrale solaire Noor près d’Ouarzazate sont les exemples les plus visibles de cette excellente collaboration. Le partenariat énergétique maroco-allemand est avant tout axé sur la création de conditions-cadres propices à un marché de l'énergie ouvert, transparent et durable. L'appréciation et le succès de ce partenariat ont également été démontrés lors de la première «Journée maroco-allemande de l'énergie», qui a eu lieu le 27 septembre 2017 à Rabat et à laquelle ont assisté plus de 400 participants issus du monde politique et des affaires.

Lors de vos récents entretiens avec le président de la Chambre des représentants, Habib El Malki, vous avez souligné que votre pays veillait à renforcer le partenariat entre l'Union européenne (UE) et le Maroc, compte tenu du poids de l'Allemagne en tant que «première puissance économique au sein de l'Union». Quel regard portez-vous sur ce genre de partenariat ?
L'Allemagne s'engage à développer et à approfondir les relations entre l'UE et le Maroc. Nous espérons qu'après la conclusion fructueuse des négociations sur l’accord agricole et l’accord de pêche, une nouvelle page dans cette relation pourra être ouverte. Le Maroc et l'UE sont des voisins. En tant que tels, ils ne peuvent que tirer mutuellement profit d'une coopération étroite, aussi bien d’un point de vue économique que politique.

Le Maroc et l’Allemagne ont lancé, en 2015, un projet de jumelage institutionnel visant le renforcement de l'offre de service pour les petites et moyennes entreprises (PME) marocaines. Quels sont les moyens offerts par la partie allemande pour aider le Maroc à améliorer sa croissance, sa compétitivité et son innovation sur le plan économique ?
L'Allemagne soutient les PME et les start-up à travers une multitude de projets. La banque publique allemande de développement KfW est partenaire de la société de refinancement JAIDA, qui permet aux PME d'accéder aux microcrédits. Le développement économique de chaque pays est spécifique, et nous voulons soutenir le Maroc dans des projets adaptés aux défis locaux. Nous avons, par exemple, un programme commun pour la promotion des entreprises dans les régions périphériques (PEDEL) et un autre visant spécifiquement à promouvoir l'emploi des jeunes dans les zones rurales (Promotion de l'emploi des jeunes en milieu rural, PEJ). Dans le cadre du PEDEL, nous avons par exemple, pu aider de manière concrète les producteurs de dattes à exploiter de nouveaux circuits de commercialisation et à accroître leurs ventes. Dans les provinces de Fès-Meknès et de Béni Mellal-Khénifra, nous soutenons et aidons, par le biais du PEJ, les jeunes Marocains à trouver un emploi. Nous les formons selon les besoins des entreprises locales et contribuons ainsi à une meilleure adéquation entre l'offre et la demande sur le marché du travail.

Le Maroc abrite en décembre prochain la conférence des Nations unies pour l’adoption formelle du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Comment l’Allemagne compte-t-elle soutenir le Maroc face au défi migratoire ?
Le Maroc et l’Allemagne, précisément en tant que coprésidents du Forum mondial sur la migration et le développement, se sont engagés ensemble, dans le cadre des Nations unies, pour un ambitieux «Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière». Ce pacte devrait être adopté en décembre à Marrakech. L’Allemagne préconise un juste équilibre des intérêts entre les pays d’origine et de destination ainsi qu’entre les migrants eux-mêmes. Dans le futur, la migration pourra et devra contribuer davantage au développement économique durable, aussi bien dans les pays d’origine que dans les pays de destination. Nous voulons lutter contre la migration irrégulière tout en ouvrant davantage de possibilités pour l’immigration régulière. En tant que voisin de l'Europe avec une longue histoire migratoire – dans les deux sens ! – et en tant que pays d'origine, de transit, mais aussi de destination des flux migratoires, le Maroc est un partenaire stratégique pour nous. Actuellement, nous soutenons déjà le Royaume dans la mise en place d'un régime d'asile. Par ailleurs, nous appuyons un programme de l'OIM (Organisation internationale pour les migrations) permettant aux migrants d'Afrique subsaharienne de regagner volontairement leurs pays d'origine respectifs au départ du Maroc.

L'Allemagne intègrera en 2019 le Conseil de sécurité de l'ONU en sa qualité de membre non permanent. Quelle lecture faites-vous de l'issue de la question du Sahara, sachant que Berlin a toujours salué l'initiative du Maroc pour la négociation d'un statut d'autonomie ?
La question du Sahara, qui dure depuis bien trop longtemps, porte préjudice à toute la région. L'Allemagne soutient les efforts déployés par l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies et ancien Président fédéral, Horst Köhler, pour relancer le processus politique en vue de parvenir à une solution juste, durable et acceptable pour toutes les parties. Le Conseil de sécurité des Nations unies a pris note des propositions présentées jusqu’à présent au Secrétaire général tout en se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement. Pour réussir, ce processus exige des parties du réalisme et un esprit de compromis. Même en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, l'Allemagne continuera à promouvoir cette démarche. 

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