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Mardi 19 Mars 2024
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Quand le perfectionnisme mène à l’épuisement professionnel

L’épuisement professionnel est l’un des maux du siècle. Selon Leila Naïm, professeur chercheur en communication, coach consultante senior et responsable du master RH à ESCA École de management, ce syndrome touche souvent le bon élève, c'est-à-dire celui qui est tout le temps en quête de perfection. C’est aussi un phénomène qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé physique et morale des collaborateurs. Un travail s’impose pour y faire face.

Quand le perfectionnisme mène à l’épuisement professionnel
Une personne qui travaille dans une structure hiérarchique où il n’y a pas de reconnaissance va se mettre la pression dans sa quête de perfection, ce qui conduit à l’épuisement. Ph. Shutterstock

Éco-Conseil : Comment définir un état d’épuisement professionnel et comment le reconnaitre ?
Leila Naïm :
On parle très souvent de l’épuisement professionnel du fait que les cas de burnout sont aujourd’hui assez récurrents. Le phénomène touche notamment les personnes qui se fatiguent au travail et ceux qui trouvent des difficultés à assurer l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Pour définir l’épuisement professionnel de façon générale, je dirai qu’il s’agit d’un état de fatigue qui survient suite à une grande pression ou alors à une grande mobilisation dans le travail. Je dis souvent que l’épuisement professionnel touche le bon élève, c'est-à-dire celui qui veut être parfait, celui qui est tout le temps en quête de l’approbation de l’autre, mais aussi celui qui cherche à ce que son travail soit irréprochable. Les personnes qui ont ce type de caractère fournissent tout le temps de grands efforts pour se prouver et prouver à leur entourage qu’ils sont parfaits. En conséquence, ces personnes-là tombent dans une grosse fatigue qui n’est pas physique, mais plutôt mentale et c’est ce qui crée ce qu’on appelle aujourd’hui l’épuisement professionnel ou le burnout.

Justement, peut-on considérer que l’épuisement professionnel est beaucoup plus lié à la personnalité du collaborateur qu’à la surcharge du travail ?
Effectivement, il y a une relation directe entre l’épuisement professionnel et le type de personnalité du collaborateur. D’ailleurs, on remarque très souvent qu’il y a des personnes qui se soucient moins de ce que pense leur hiérarchie d’eux-mêmes, notamment lorsqu’ils remettent le travail au-delà du délai convenu. Ils ne cherchent pas non plus à être parfaits et se permettent de commettre des erreurs. Cela fait que ces personnes vont être moins sujettes à l’épuisement professionnel. Toutefois, comme j’ai déjà souligné, ceux qui sont en quête de la perfection seront plus sujets à l’épuisement professionnel. Donc, in fine, tout dépend de la personnalité du collaborateur lui-même et la nature de la relation qu’il entreprend avec son entourage et son travail.

Qu’en est-il de la relation managériale ? Le manque de reconnaissance du manager peut-il être une source directe de l’épuisement professionnel ? 
Il est possible que le manque de reconnaissance puisse être un facteur direct de l’épuisement professionnel. Une personne qui travaille dans une structure hiérarchique où il n’y a pas de reconnaissance aussi bien pour le résultat que pour l’effort va se mettre la pression dans sa quête de perfection, ce qui conduit à l’épuisement. Cela s’explique par le fait que cette personne garde toujours un horizon d’attente qui est celui d’avoir la reconnaissance de son supérieur hiérarchique. Et en l’absence de résultat, la personne va s’épuiser davantage, notamment en travaillant plus, en passant de longues heures au bureau et en travaillant même chez elle. C’est dire que cette personne ne va plus avoir le temps de vivre pleinement sa vie familiale et d’exercer ses loisirs.

Quels moyens se donner pour y faire face ?
• L’identification de l’état de l’épuisement professionnel : Pour y faire face, il faut tout d’abord que la personne soit capable d’identifier elle-même qu’elle est dans un état d’épuisement professionnel. Cela passe par une réelle observation des changements qui peuvent avoir lieu. Notons qu’un état d’épuisement professionnel pourrait se manifester, notamment par des troubles de sommeil, des problèmes de digestion, un manque d’appétit et un manque d’énergie. De même, un collaborateur souffrant d'épuisement professionnel a souvent l’impression qu’il ne récupère pas son énergie après avoir dormi. Ces symptômes-là doivent alerter le collaborateur.
• L’acceptation de la situation : Le collaborateur doit accepter et assumer qu’il est dans un état d’épuisement professionnel. Il s’agit là de se remettre en question pour bien comprendre la situation. C’est aussi une étape qui permet, notamment de redéfinir les priorités et de comprendre les causes de cet état. Je tiens à souligner qu’il faut se poser les bonnes questions pour bien comprendre la situation et mieux agir.   
• La protection : Contrairement à ce qu’on pourrait croire, c’est simple de se protéger de l’épuisement professionnel. Cela nécessite une reconnexion avec soi-même et la mise en place d’un discours intérieur pour identifier les sources de plaisir. Notons qu’il est important de prévoir chaque jour une activité distractive pour pouvoir se ressourcer en énergie et se protéger de l’épuisement professionnel. 

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