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«Depuis le succès du premier tour du monde en avion solaire de la Fondation Solar Impulse, j'ai rencontré des centaines d'entrepreneurs et d'innovateurs proposant des solutions dans les domaines de l'eau, de l'énergie, de la mobilité, des villes, de l'agriculture et de l'industrie. Et contrairement à il y a dix ans, les nouveaux systèmes, produits et technologies qui composent ces solutions sont désormais viables sur le plan financier». Dans sa lettre ouverte adressée aux négociateurs, Bertrand Piccard, à qui l'on doit le premier tour du monde en avion sans aucune goutte de carburant, montre que son ambition a pris de l'altitude : «fournir 1.000 exemples afin de prouver que les solutions» pour un monde sobre en énergies fossiles existent déjà. L'aviateur, qui a lancé en novembre 2016 à Marrakech l'Alliance mondiale pour les énergies renouvelables, s'est adressé aussi bien aux négociateurs de la COP 24, qui se tient en Pologne jusqu'au 14 décembre, qu'aux financiers. Et ces derniers ont, dès le premier jour de ce Sommet mondial pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris, montré des signes qu'ils ont capté 5/5 ce message de la tour de contrôle. Au lendemain de l'ouverture officielle à Katowice, Ralph Hamers, président-directeur général de ING Group, une multinationale néerlandaise spécialisée dans les services bancaires et financiers, a annoncé une collaboration financière avec BBVA, groupe bancaire espagnol, les banque française BNP Paribas et Société Générale, et la banque britannique Standard Chartered. L'objectif de la collaboration est d'aligner leurs portefeuilles de prêts sur l'Accord de Paris.
Ces banques, qui disposent d’un portefeuille de prêts combiné de 2.400 milliards d’euros dans divers secteurs, ont signé une lettre d’engagement pour le financement la lutte contre le changement climatique. «Cela montre que les banques sont de plus en plus prêtes à prendre les mesures audacieuses nécessaires pour jouer leur rôle dans la réalisation d'une économie à faible émission de carbone (...) Nous avons intensifié notre dialogue avec les autres banques, car nous sommes convaincus qu’une norme sectorielle accroîtra la transparence et rendra le secteur beaucoup plus efficace dans la lutte contre le changement climatique», a déclaré Ralph Hamers cité dans un communiqué de la Convention-Cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC).
Le groupe ING précise que la priorité est accordée au secteur du bâtiment dont les hypothèques représentent la moitié des 600 milliards constituant son portefeuille de prêts. «Nous pensons que cela aura un impact significatif sur la lutte contre le changement climatique, les maisons représentant généralement environ 20% des émissions de CO2 d'un pays». Cela rejoint la lettre ouverte de Bertrand Piccard qui souligne : «Saviez-vous (en s'adressant aux négociateurs, ndlr) que les bâtiments peuvent désormais être isolés si bien qu'ils deviennent neutres en énergie ? Ou que l'énergie nécessaire au chauffage peut être réduite d'un facteur 4 et que l'éclairage public et privé d'un facteur 10 ?» D'autre part, la CCNUCC a fait savoir que le Premier ministre de l’Écosse, Nicola Sturgeon, a annoncé une contribution de 200.000 livres sterling (1 livre sterling = 1,12 euro) au Partenariat de Marrakech pour l’action mondiale contre le changement climatique. Adopté lors de la COP 22 en novembre 2016, le Partenariat de Marrakech pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris est au cœur des négociations à Katowice. Ces financements s'ajoutent à ceux annoncés, la veille de l'ouverture de la COP 24, par la Banque mondiale qui a porté à 200 milliards de dollars l'enveloppe dédiée à la lutte contre le changement climatique lors des cinq prochaines années. Cette enveloppe est composée pour moitié environ de financements directs de la Banque mondiale, les 100 milliards restants étant constitués de financements directs de la Société financière internationale et de l’Agence multilatérale de garantie des investissements ainsi que des fonds privés mobilisés par le Groupe Banque mondiale.
