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Les premiers réflexes face à la critique destructive

Contrairement à la critique constructive qui permet à un collaborateur de se remettre en question et de réviser ses comportements, la critique destructive a un coût humain et de performance en milieu professionnel. En effet, la critique destructive masque un jeu de pouvoir inavoué qui a pour objectif notamment de rabaisser l’estime de soi d’un collaborateur. Comment y faire face ? Quelques astuces avec Sanae Hanine, formatrice en développement personnel et en communication non violente.

Les premiers réflexes face à la critique destructive

Eco-conseil : Comment distinguer les critiques constructives de celles qui ne le sont pas ? 
Sanae Hanine
: Les critiques, bien qu’elles soient amères, peuvent être constructives et nous aident à rectifier le tir concernant un certain comportement verbal ou non verbal dont nous sommes l’initiateur. La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Winston Churchill disait à ce propos : «La critique est comme la douleur pour le corps humain : elle attire l'attention sur ce qui ne va pas». En effet, nous avons une composante inconsciente et un comportement non verbal que ne nous maitrisons pas. Tel qu’affirmaient Joseph Luft et Harrington Ingham (ce qui est communément nommé fenêtre de Johari), les informations dont la personne dispose sur elle-même (zone publique et cachée) sont moins importantes que celles dont elle ne dispose pas (zone aveugle et zone inconnue) qui désignent les informations que les autres détiennent sur nous ainsi que celles dictées par notre inconscient et que nous ignorons complètement. À cet effet, les «straight scoop» sont des catalyseurs de changement positif. Ces critiques se révèlent être un outil efficace, un repère structurel favorisant la connaissance de soi et la connaissance de ce que les autres perçoivent et savent de nous. Pour les personnes rationnelles, la critique constructive n’atteint en rien leur ego. Au contraire, pour eux c’est un moyen de s’améliorer. Les critiques constructives permettent aux personnes de se remettre en question pour réviser certains comportements inadéquats. Malheureusement, les critiques ne sont pas toujours constructives et n’émanent pas de la bonne foi parce qu’elles ne sont pas factuelles et se caractérisent par leur subjectivité. Ce genre de critiques a pour objectif de rabaisser et d’égratigner l’estime de soi de la personne ciblée. Elles cachent généralement une agressivité non assumée ou des émotions négatives telles que la jalousie, l’envie, l’exaspération, le dédain ou l’arrogance, etc. C’est une arme souvent utilisée par les personnes passives-agressives et qui aboutit à l’envenimation des relations interpersonnelles. 

Quels sont les impacts d'une critique destructive sur un collaborateur ?
 Les critiques destructives ont un coût humain et de performance en milieu professionnel. C’est un déclencheur d’une myriade de comportements et d’émotions qui vont à l’encontre de la productivité de l’entreprise et son bon climat social. Le ressentiment éprouvé par le collaborateur et le sentiment d’injustice qui lui est concomitant se transforme en désengagement. L’énergie négative engrangée se dissémine sous forme de relations tendues, dissolution de l’esprit d’équipe, manque de créativité et de prise d’initiative et parfois même d’un départ. La critique destructive masque un jeu de pouvoir inavoué parce que parfois des personnes ont un besoin de dévaloriser l’autre pour se sentir important. Elle peut être assimilée à une persécution, voire du harcèlement moral.

Comment gérer une critique au travail ? Y a-t-il des étapes à respecter ? 
Il s’agit tout simplement de faire le tri entre les critiques qui nous construisent et nous permettent de réaliser notre potentiel et celles qui ont pour objectif de douter de nous-mêmes et de nous affaiblir. Notre bon sens nous permettra surement de distinguer entre les deux. À mon avis, la critique doit être considérée comme un cadeau. S’il me plait, je l’accepte avec gratitude et si j’estime qu’il est empoisonné je le retourne à l’expéditeur. Les étapes que je propose sont les suivantes : l'étape 1 consiste en la Visualisation, c’est-à-dire ne pas agir dans la précipitation et occuper son cerveau à visualiser une situation agréable qui coupe l’effet dévastateur de la critique. L’étape 2 consiste en la Reformulation, c’est-à-dire de demander à son interlocuteur de reformuler sa phrase et de l’argumenter. Cette demande déstabilise souvent l’émetteur et lui fait prendre conscience de sa boutade. La dernière étape 3 consiste en la Reconnexion qui consiste à toucher une partie de son corps pour une reconnexion avec soi-même pour éviter une recrudescence de la violence.

Dans quels cas faut-il se remettre en question ? 
Il faut se remettre en question lorsque la critique met en évidence un point de dysfonctionnement ou un risque. Il faut en bénéficier pour corriger ses défauts qui peuvent plomber et empêcher la personne de réaliser son plein potentiel. Les critiques peuvent être source d’apprentissage et d’amélioration parce qu’elles peuvent attirer l’attention sur un pattern déficient, c’est-à-dire un modèle de comportement nuisible que ce soit la manière de gérer son travail ou de se comporter avec ses collègues. Les patterns en psychologie sont des modèles d'une structure de comportement répétitif et dont on ne peut pas se défaire facilement. La critique peut être un moyen pour attirer notre attention sur certains patterns qui peuvent être destructeurs pour nous et pour les autres. 

Quelles sont vos recommandations pour de bonnes relations professionnelles ? 
La réussite de nos relations professionnelles nécessite un travail sur soi en amont. Le mot clé, à mon sens, réside dans la connaissance et la confiance en soi. Nous serons toujours confrontés dans notre vie à affronter les jugements des autres. Néanmoins, la science a démontré que ces derniers sont peu rationnels. Je cite à ce sujet les travaux de Kahnemansur les heuristiques du jugement qui a démontré qu’assez souvent nos jugements sont émotionnels et subjectifs. Donc, une bonne connaissance de soi permet de connaitre plus au moins nos points forts et nos points faibles. Les tests de personnalité disponibles sur internet permettent aussi d’approfondir la connaissance de soi. Chaque personne doit être assez confiante en elle-même pour affronter toutes les critiques qu’elles soient constructives ou constructives. Pour réussir ses relations professionnelles, il faut également balayer devant sa porte et faire attention aux messages verbaux et non verbaux que nous émettons vis-à-vis des autres. Un comportement positif et bienveillant génère un feedback identique et la violence appelle la violence. Et pour conclure, il ne faut pas oublier que les plus difficiles des critiques sont ceux que nous émettons vis-à-vis de nous-mêmes comme disait Paulo Coelho «affrontez votre chemin avec courage, n’ayez pas peur des critiques des autres. Et, surtout, ne vous laissez pas paralyser par vos propres critiques.» 

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