La refonte du modèle de croissance économique du Maroc attise de plus en plus les débats. Un débat auquel prennent part diverses institutions et acteurs aussi bien économiques que politiques et qui montre la nécessité pressante de lancer cet important chantier. La dernière édition de «Les Cahiers du Plan» publié par le Haut Commissariat au Plan (HCP), sur le thème «Croissance économique au Maroc Théories, évidences et leçons des expériences récentes», livre un nouvel éclairage sur la révision du modèle de croissance économique et apporte des idées et des pistes à emprunter pour opérer cette refonte.
Connaissance/capital humain
Partant de ce constat, les auteurs de cette analyse confirment la nécessité de remettre en question ce modèle et recommandent d’accélérer la transformation de la structure de l’économie, en mettant l’accent sur l’exportation. Ils insistent également sur une bonne croissance endogène, en l’axant, entre autres, sur la connaissance/capital humain. Or, font-ils remarquer, les secteurs liés à la connaissance et au capital humain voient chaque année les budgets qui leur sont alloués reculer, notamment dans les dernières lois de Finances. D’ailleurs, ajoutent-ils, parmi les réformes engagées, celles qui concernent ces deux éléments connaissent une lenteur et un retard dans leur mise en place. «Les priorités dans le modèle sont mal fixées au Maroc», tranchent les auteurs, notant qu’une croissance endogène doit être également liée aux secteurs à forte intensité en recherche et développement. Toutefois, boostés par le Plan Émergence et les stratégies qui en sont issues, ces secteurs, à savoir l’automobile, l’électronique, l’aéronautique et le spatial sont portés par des investisseurs étrangers. De ce fait, le caractère endogène de la croissance qu’ils génèrent fait défaut. En effet, précisent-ils, ces secteurs sont souvent dominés par une ou deux grandes sociétés industrielles, comme c'est le cas de l’automobile (porté par Renault) et de l’aéronautique (porté par Bombardier), «sociétés dont la délocalisation ailleurs hors du Maroc mettrait le secteur en crise». Les auteurs de cette contribution relèvent également la nécessité de la communication pour gagner l’adhésion par des citoyens concernant les nombreuses stratégies nationales, tant horizontales que sectorielles. In fine, ces deux économistes ont tracé quatre pistes pour une nouvelle stratégie de développement de type inclusive.Le premier volet concerne le raffermissement de la politique de l’offre : la mise en cohérence, la consolidation et l’accélération de la mise en œuvre des stratégies sectorielles. Le deuxième volet porte sur le renforcement du rôle de l’État : pour un interventionnisme «intelligent» tout en améliorant l’efficacité de l’administration publique, en optimisant les dépenses publiques d’investissement et en se dotant d’une véritable politique de l’innovation. Le troisième consiste à révolutionner l’arsenal juridique et les pratiques reliées au climat des affaires afin d’attirer plus d’investissements étrangers, ce qui boostera le décollage économique. Le quatrième est la mise en place des réformes de structure : le marché du travail et le système d’éducation. Ils recommandent également, en complément à une telle stratégie, de poursuivre les efforts et surtout d’opter pour des pratiques intelligentes à même de donner un caractère soutenable à la croissance (aspect dynamisme économique ; faire croître sans cesse la structure de transformation (aspect transformationnel ; et assurer une stabilité relative (aspect stabilité macroéconomique.