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Les ressources éducatives libres pour une éducation de qualité et pour tous

L’Université Cadi Ayyad (UCA) a organisé, du 22 au 24 janvier courant à Marrakech, les deuxièmes Journées sur l’éducation ouverte et le numérique (OED'2018). L’évènement a réuni experts, chercheurs et professionnels représentant plusieurs partenaires nationaux et internationaux qui se sont penchés sur la production de ressources éducatives libres (REL) et du développement de pratiques éducatives libres (PEL), l’occasion également de présenter les dernières recherches menées dans ce domaine. Les organisateurs soulignent que ces journées sont tenues en marge de la Déclaration du Maroc sur les REL, lancée en décembre 2017 à Marrakech à l'UCA lors de la tenue des premières journées sur la stratégie nationale en matière des OER (Open Educational Resources). Les détails avec Khalid Berrada, professeur à l'Université Cadi Ayyad, chargé de mission aux Innovations pédagogiques et responsable du Centre d'innovation pédagogique.

Les ressources éducatives libres pour une éducation de qualité et pour tous

Éco-Emploi : L’UCA organise les deuxièmes Journées sur l’éducation (JEO) ouverte et le numérique. Parlez-nous de cet évènement et de sa valeur ajoutée ?
Khalid Berrada :
Les deuxièmes JEO deviennent un rendez-vous annuel des universités marocaines avec leurs homologues européennes qui se réunissent pour débattre de la thématique du numérique, de la production des ressources éducatives libres, des pratiques éducatives libres et plus encore et, de manière générale, de l’éducation ouverte. De nombreux points sont abordés, à savoir :
1. La sensibilisation des acteurs de la formation sur la nécessité de suivre l’évolution des changements des systèmes éducatifs grâce au développement des technologies de la communication 
et de l’information.
2. La nécessité de s’ouvrir sur le monde de la société civile en termes de besoins en formation dans un contexte d’un nouveau paradigme celui de l’ère numérique qui envahit toutes les couches de notre société. La mission des établissements de formation devrait accompagner les nouvelles transformations que connaissent les métiers et nous devons nous 
y adapter.
3. Le besoin de produire des ressources éducatives libres et partageables entre les communautés scientifiques, en leur laissant le choix de l’utilisation, de la réutilisation et de la transformation de la ressource dans un contexte de respect des droits d’auteurs, de la déontologie et de l’éthique.
4. L’ouverture du débat sur les moyens en matériel nécessaire et outils technologiques pour permettre cette transition vers le numérique et faciliter la production des REL au niveau des établissements (Accès à Internet, Logiciels, infrastructures en moyens informatique…).
5. La question de la formation de formateurs est au cœur des débats. Un enseignant bien formé et bien préparé à prendre ce virage ne pourra que produire de la bonne ressource. On pense notamment à la nouvelle génération qui arrive pour prendre le relais de l’éducation en main et décider de notre avenir...
6.  Le développement de la recherche scientifique est aussi un point fondamental pour aller de l’avant avec la qualité dans tout système éducatif. Pas de recherche bien encadrée et bien fondée, nous ne pourrons pas améliorer nos productions et sentir les besoins de notre public cible qui sont les étudiants.
7. Et je dirais, finalement, les stratégies et les décisions au niveau des institutions qui doivent aussi s’engager avec nous pour définir le cadre de travail adéquat dans le respect de chacun des partenaires institution–enseignant–étudiant, qui pour nous représente aussi notre société civile.
La valeur ajoutée est de pouvoir officialiser et concrétiser l’idée d’une éducation de qualité et pour tous. Dans ce sens, les équipes REL Maroc (Université Cadi Ayyad de Marrakech et Ibn Zohr d’Agadir), avec le soutien de tous les partenaires européens (UNIMED Italie, UNIR Espagne, Université de Coventry, Université de Séville Espagne…), avaient élaboré un programme de formation de formateurs dont les objectifs pourraient répondre aux points 3 et 5 cités ci-dessus, et aider à établir une stratégie institutionnelle comme c'est décrit dans le point n° 7. Ces ateliers sont disponibles sur une plateforme en ligne en arabe, en français et en anglais et sont accompagnés de matériels, guides et programmes d’évaluation. Ce programme s’intitule : «Éducation ouverte : Fondements et approches» (http://rd.unir.net/openmed-course/). Parmi ses objectifs, nous citons : 
Comprendre les avantages potentiels de l'adoption des REL et des approches d'éducation ouverte dans différents contextes ; Comprendre comment un contenu publié sous différents types de licences ouvertes peut être réutilisé et comment appliquer des licences ouvertes à votre contenu ; Rechercher, réutiliser et remixer les OER ; Comprendre ce que sont les MOOC et comment les produire ; Adapter les REL et les MOOC à votre contexte spécifique ; Incorporer des pratiques éducatives ouvertes dans votre enseignement 
quotidien.

Cet évènement s’inscrit dans le sillage de la «Déclaration du Maroc sur les ressources éducatives libres» lancée en 2017 à l’UCA. De quoi s’agit-il au juste ?
La «Déclaration du Maroc sur les ressources éducatives libres» s'adresse aux autorités marocaines et internationales, aux institutions d'éducation, aux écoles primaires et secondaires, aux universités privées et publiques et à toutes les organisations et personnes impliquées dans l'enseignement et l'apprentissage, y compris les galeries, les bibliothèques, les centres d’archives et les musées.
Deux considérations guident cette déclaration. Premièrement, l'éducation ouverte peut élargir l'accès à l'éducation, le transfert de connaissances, l'inclusion sociale et la création d’une culture de collaboration et de partage. Deuxièmement, il existe un cas économique solide pour l'éducation ouverte : la libéralisation des ressources éducatives financées par des fonds publics sous licence ouverte représente un retour sur investissement des dépenses publiques. Il s'agit notamment du développement de ressources éducatives libres des cadres ouverts pour l'apprentissage amélioré par la technologie et des cours en ligne ouverts et massifs (MOOC), la validation des acquis et l'adoption de pratiques éducatives ouvertes. L'étape suivante consiste à associer ces initiatives et à élaborer un soutien et des conseils stratégiques pour permettre le changement de culture, requis pour intégrer l'éducation ouverte dans tous les secteurs de l'éducation marocaine. Pour faciliter ce développement, un certain nombre de recommandations sont proposées dans cette Déclaration qui s’appuie sur celle de l'Unesco lancée à Paris en 2011 ainsi que sur l'Initiative des commissions européennes d'ouverture de l’éducation.Afin de contribuer à l’atteinte de ces recommandations au niveau national et régional, nous proposons aussi des sujets de recherche pour encadrer les travaux de terrain auprès des acteurs de la formation pour les aider à contribuer à ce grand chantier qui vise des changements profonds dans les cadres organisationnels, les modèles et les procédures. Au fur et à mesure que les changements entrent en vigueur et transforment la culture de l'université, on s'attend à ce que les membres du personnel, les services du département (département TIC, services d'assurance de la qualité, services aux étudiants, etc.) perçoivent les effets sur les étudiants et la communauté dans son ensemble.  Soutenir le dialogue entre les parties prenantes et renforcer les capacités des éducateurs feraient en sorte que l'infrastructure nécessaire à l'Open Éducation soit prise en compte et dispose de ressources suffisantes, dans le cadre des objectifs stratégiques et à long terme de l'institution. La négociation et le développement d'une telle infrastructure augmenteraient également le volume des mobilités virtuelles dans les pays de la Méditerranée, en ouvrant des voies nouvelles, flexibles et éducatives, et en exposant les étudiants aux approches et aux dialogues internationaux, avec des avantages à grande échelle en matière sociale et de citoyenneté des apprenants.

Votre université est bien avancée dans la formation basée sur les contenus 
éducatifs de type MOOC ou autres. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

UC@MOOC aujourd’hui c’est :
• 150 modules enregistrés sur la plateforme MOOC. 400 modules prévus à la fin 2017-2018
• 320 unités de cours mises en ligne 
• 125 cours complets sur la plateforme 
• 5 séries de TD complets 
• 5 TP complets
• 14 Conférences
• 80 enseignants chercheurs impliqués 
• + 180 heures de contenu disponibles en ligne
• + 22 cours en attente d’enregistrement/montage 
Pour ce qui est des nouvelles réalisations, on peut citer la mise en place d’un diplôme entier de Licence professionnelle en formation continue de l’ENCG en mode hybride (30/70) sous forme de SPOC (Small Private Online Course). 
La première promotion de cette LP – Management commercial et Relation client – a été achevée avec succès fin novembre 2017. 
Une deuxième promotion est lancée à la Faculté des sciences juridiques, économique et sociales de l’UCA en formation initiale sur le même modèle SPOC hybride.  Cinq MOOC sont également en cours de réalisation par les équipes de l’UCA depuis septembre dernier : les Neurosciences de la Faculté des sciences Semlalia de Marrakech (FSSM) avec l’Université de Bordeaux, les Ressources éducatives libres de la FSSM avec OpenMed Erasmus+, L’Optique sans larmes de la FSSM dans le cadre de la Chaire Unesco de physique de l’UCA, les Interférences-diffraction de la FSSM et la logistique de l’ESAM. Nous avons également un projet avec la Fondation marocaine pour le soutien scolaire au profit de 
2.7000 élèves. 
L’UCA réalise la plateforme numérique des cours de soutien en ligne au profit aussi bien des formateurs que des élèves concernés par cette mesure. Un projet en partenariat avec le département 
de l’éducation nationale. 


Propos recueillis par Mounia Senhaji

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