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La riposte du Maroc à l'invasion turque

Les produits de textile-habillement turcs deviendront certainement plus chers sur le marché marocain. Le Royaume a en effet décidé d'actionner des mesures prévues par l'ALE avec la Turquie, pour protéger sa production de textile-habillement. Une riposte justifiée par une importante hausse de 175% des importations ayant mis à mal l'industrie et l'emploi.

Mauvaise nouvelle pour le consommateur marocain et les importateurs de produits de textiles et d’habillement originaires de Turquie. Ces produits devront perdre partiellement l’avantage de l’accès préférentiel sur le marché marocain que leur procure l’accord de libre-échange (ALE) conclu entre le Maroc et la Turquie et entré en vigueur en janvier 2006.
Le ministère de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique vient, en effet, d’annoncer qu’il a été décidé d’actionner les mesures d’ajustement transitoires prévues par l’article 17 de cet ALE, à l’encontre de certains produits de textiles et d’habillement turcs. Ce qui devrait se traduire par le rétablissement du droit d’importation à hauteur de 90% du taux fixé dans le cadre du droit commun, sur les produits concernés et dont le ministère a dressé une liste détaillée, dans son avis aux importateurs de ces produits. Il s’agit des filaments synthétiques ou artificiels ; fibres synthétiques ou artificielles discontinues ; tapis et autres revêtements de sol en matières textiles, tissus spéciaux, surfaces textiles touffetées, dentelles, tapisseries, passementeries, broderies ; étoffes de bonneterie ; vêtements et accessoires du vêtement, en bonneterie ; vêtements et accessoires du vêtement, autres qu'en bonneterie ; autres articles textiles confectionnés, assortiments, friperie et chiffons.

Cette mesure entrera en vigueur le jour qui suit immédiatement celui de la publication au Bulletin officiel de l’arrêté conjoint du ministre de ce département et de celui des Finances l’imposant, indique la même source. 
À noter que ces mesures d'ajustement transitoires, qui peuvent être prises par l'une ou l'autre des parties sous la forme d'une majoration des droits de douane, doivent être d'une durée limitée. Elles ne peuvent viser, selon le texte de l’ALE, que des industries naissantes ou certaines branches d'activité́ en cours de restructuration ou connaissant de graves difficultés, en particulier lorsque ces difficultés causent des problèmes sociaux importants. Les droits de douane appliqués au titre de ces mesures ne peuvent dépasser 25% ad valorem et doivent conserver un élément de préférence pour les produits originaires de l'autre partie. La valeur totale des importations de produits assujettis à ces mesures ne peut dépasser 15% de la valeur totale des produits industriels importés de l'autre partie pendant la dernière année pour laquelle des statistiques sont disponibles, précise l'ALE.

Ces mesures, est-il souligné, s'appliquent pour une période de cinq ans au plus, à moins que le Comité mixte n'autorise un délai plus long. Elles cessent de s'appliquer au plus tard trois ans après l'expiration de la période de transition.
Le ministère de l’Industrie justifie cette mesure d'ajustement transitoire par le fait que l’industrie textile-habillement, dont la production est destinée au marché local, connait depuis quelques années «des perturbations conséquentes dues à l’accroissement des importations à des prix compétitifs originaires de Turquie». En effet, explique le ministère, l'on assiste à une «très forte croissance des exportations turques vers le Maroc de produits finis de textiles et habillement, enregistrant une progression de 175% entre 2013 et 2017». Ce qui a fragilisé plusieurs unités industrielles orientées vers le marché domestique et a été responsable de pertes d’emplois importantes», affirme-t-il. Une situation que confirment les professionnels et à leur tête le président de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (Amith). Karim Tazi, également patron de Marwa, affirme, en effet, qu’au moment où le secteur se porte bien à l’export ces derniers mois, il se trouve très gêné sur le marché domestique par la montée de la concurrence de toutes formes des produits importés aussi bien d’une manière formelle qu’informelle (contrebande). Et ce, pas seulement de la Turquie, mais aussi d’autres pays, relève-t-il. Notre interlocuteur a, toutefois, tenu à se féliciter des efforts déployés par les pouvoirs publics pour faire face à ces pratiques déloyales.

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