Le Matin : Monsieur le ministre-président, vous êtes en visite au Royaume dans le cadre de l’année Maroc 2018. Il parait qu’il s'agit de votre première mission consacrée à la coopération...
Durant ces trois jours de visite, vous avez eu un programme chargé que vous avez consacré à la rencontre d’officiels marocains, à la visite de différentes institutions, mais aussi à la visite des entreprises marocaines partenaires des entreprises wallonnes. Pouvez-vous nous livrer quelques détails sur ces visites ?
En effet, j’ai rencontré le Chef du gouvernement, le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le ministre de l’Énergie et des mines, et j’ai eu une réunion de travail avec le président de la région de Casablanca-Settat, ceci en plus d’autres visites, comme je l’ai expliqué, universitaires et institutionnelles notamment. Le contenu de ces entretiens portait chaque fois sur la possibilité d’approfondir le travail mené avec le Royaume. Je pense que notre pays a la chance d’avoir avec le Maroc des liens qui sont très forts, notamment une communauté marocaine ou d’origine marocaine de plus de 600.000 personnes en Belgique, et la langue qui nous permet de communiquer aisément. Et je pense que, dans une série de domaines, nous pouvons mieux accroître la coopération. Le but de mes entretiens était d’identifier un certain nombre de domaines où on peut développer la coopération, et aussi de voir comment on pouvait très concrètement mettre en lien des entreprises wallonnes et marocaines. Nous avons identifié par exemple les secteurs de l’agroalimentaire, du transport et des énergies renouvelables où je pense qu’ensemble, on peut développer des projets supplémentaires. C’était vraiment le sens et le fil conducteur de ma présence au Maroc. J’ai également inauguré à l’Université Moulay Ismaïl de Meknès un incubateur qui soutient en particulier l’entrepreneuriat féminin. C’est un programme dont nous sommes partenaires. D’ailleurs, nous souhaitons mettre en place un nouveau programme entre partenaires, une entreprise marocaine et une entreprise wallonne, qui vont travailler ensemble sur un sujet donné. Comme le partenariat entre le Groupe marocain Koutoubia, que nous avons visité, et la société wallonne Food Ardenne qui vont faire des échanges de produits et même déployer une stratégie pour pouvoir commercialiser sur le marché un certain nombre de produits mariant les deux expertises. Voilà quelques exemples concrets parmi beaucoup d’autres et je dois dire que ces trois jours ont été très intéressants, riches et intenses, que je termine avec la visite du Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire.La Wallonie mène ce qu’on peut appeler une opération séduction auprès des opérateurs marocains, notamment via l'Agence wallonne à l'exportation et aux investissements étrangers (Awex). Avez-vous une idée sur l’état d’avancement de cette opération ?
L’Année Maroc 2018 est bien une année prioritaire pour l’Awex et pour les Marocains, mais il est trop tôt pour pouvoir en donner le résultat. L’un des moments les plus importants de cette initiative sera la visite de la Princesse Astrid à la tête d’une forte délégation d’opérateurs économiques belges. On peut déjà qualifier cette mission de «grand succès» puisqu’on estime qu’il y aura près de 500 participants : des entreprises wallonnes et bruxelloises, mais aussi des représentations d’universités et d’institutions. Et pour pouvoir faire le bilan de cette année 2018, il faudra qu’on puisse avoir le bilan de cette visite princière prévue pour le mois de novembre prochain, comme vous le savez.«Le Matin» a eu l’occasion de visiter quelques champions de l’économie wallonne et constaté un véritable redémarrage de l’activité économique de la région après une période de récession. Quelle en est la recette ?
Effectivement, il y a eu un redémarrage de l’activité économique de la Wallonie et le chômage diminue fortement. Il n’y a pas une seule recette ou une seule action. Par contre, il y a une série de mesures qui sont de nature à aider les entreprises. Il faut tout d’abord créer un climat favorable à l’entrepreneuriat, au commerce et aux échanges. En parallèle, il faut soutenir la recherche et l’innovation qui sont des éléments transversaux que l’on rencontre dans le développement économique, en plus de la digitalisation qui est tout aussi importante. De plus, nous avons des secteurs soutenus par des partenariats avec l’université. C’est le cas notamment des sciences du vivant, des biotechnologies, de la pharmacologie… nous avons la chance d’avoir développé en Wallonie un secteur assez important dans tout ce créneau qui est lié au futur de la santé. Pouvoir investir dans les secteurs porteurs d’avenir, c’est aussi, me semble-t-il, un choix stratégique. Et puis il y a cette politique que nous avons mise en place et qui est celle des clusters, c’est-à-dire le fait rassembler dans des structures l’ensemble des entreprises pour qu’elles puissent constituer entre elles des écosystèmes et avoir en même temps un effet d’entrainement sur l’ensemble du secteur concerné. Mais il est clair que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir et de travail à effectuer.