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Des traditions ancestrales revisitées, spiritualité et convivialité

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À la perle du Nord, le mois sacré de Ramadan constitue un symbole fort du profond attachement des Tangérois aux traditions ancestrales, de spiritualité, de solidarité, d'entraide et de convivialité. À l'approche de ce mois béni, particulièrement durant les derniers jours du mois de Chaâbane, les mères de famille se mettent déjà à préparer, dans une ambiance chaleureuse et féerique, les gâteaux fourrés et friandises incontournables comme la chebbakia et le sfouf, pour que la table du «Ftour» (rupture du jeûne) soit appétissante et savoureuse.
Dans les ruelles de la médina, les senteurs des plats et recettes traditionnelles, qui se dégagent des maisons, sont un véritable enchantement pour les sens, puisqu'il s'agit de tout préparer avant l’avènement de Ramadan, où les visites entre familles et amis et l’organisation de Ftours collectifs se multiplient, une occasion pour se rencontrer et partager des moments de joie et de convivialité. Sur le plan spirituel, les derniers jours de Chaâbane connaissent une forte affluence dans les mosquées et les différentes zaouias où s’activent les cérémonies mystiques du dhikr et de lecture collective du Saint Coran. Rapproché par la MAP, Ahmed El Ftouh, enseignant chercheur en culture et médias, a souligné que la particularité du Ramadan à Tanger c'est que les préparatifs commencent des jours avant ce mois béni, notamment par les mères de famille qui avaient l'habitude de nettoyer les maisons, embellir les quartiers et faire leurs emplettes à la mythique place «Souk Barra» pour rechercher avec soin les aliments de base devant servir à la préparation des plats traditionnels spécifiques à la région, en particulier la «Harira» relevée fortement aux épices et plantes aromatiques. 
«Le mois sacré de Ramadan à la perle du Nord, comme dans les autres villes du Royaume, est synonyme de spiritualité, de solidarité, d’entraide et de convivialité, et les Tangérois sont connus pour l'accueil chaleureux qu'ils réservent à l’apparition du croissant lunaire du Ramadan, avec des youyous et une mélodie spéciale donnée par des flutistes qui sillonnent les artères des quartiers comme signe marquant l’arrivée du mois béni», a expliqué M. El Ftouh, également président de l'association «Tadaoul», qui s'active dans les domaines du patrimoine, de l'environnement et de l'éducation.
Le Ramadan est une occasion pour les Tangérois de renouer avec les traditions ancestrales et de rendre visite à leurs proches et amis, mais aussi une opportunité pour partager et échanger des plats savoureux, que les familles ont du plaisir à faire goûter aux autres, a-t-il fait savoir, notant que la «Harira» tangéroise est le symbole de solidarité, de cohésion et de coexistence, puisque qu'elle est offerte durant ce mois sacré à titre gracieux aux personnes nécessiteuses, et aux voisins juifs et chrétiens, comme signe de partage, de tolérance et d'ouverture à l'autre.
Le Ramadan à Tanger c'est également une forte affluence des fidèles vers les mosquées, notamment pour la prière d'«El Ichaa» et les «Tarawih». Certains parents tiennent à accompagner leurs enfants vêtus à la traditionnelle, dans une atmosphère empreinte de spiritualité et de piété, a-t-il poursuivi.
Les volets sportif et culturel n'étaient pas omis, des tournois de football mettant aux prises les équipes des quartiers et des soirées culturelles mêlant théâtre, poésie et musique andalouse égayaient les nuits ramadanesques dans une ambiance conviviale et festive, a-t-il dit avec un air nostalgique.
«Aujourd'hui, on voit de moins en moins de visites entre familles, proches et amis, de soirées artistiques animées par des orchestres de quartiers, et de compétitions sportives entre les jeunes des quartiers voisins, ainsi que des rencontres où on raconte les histoires des Prophètes et les messages à en tirer», a noté le chercheur, précisant que les gens préfèrent de plus en plus resserrer leurs liens sociaux et s'enfermer dans un monde strictement virtuel, ce qui a impacté négativement la cohésion sociétale.
Bien que de nouvelles pratiques sont apparues, mais les Tangérois restent fortement attachés aux traditions ancestrales, qui donnent un goût tout à fait particulier aux journées ramadanesques. Sanae El Ouahabi-MAP

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