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Mon chef a toujours raison, même quand il a tort !

En entreprise, certains chefs d’équipes veulent toujours avoir raison. Ils s’entêtent et n’acceptent pas qu’on remette en question leur point de vue. Quelles que soient leurs raisons, une chose est sûre : leur gestion au quotidien est très difficile. Faut-il adopter la tête basse ou plutôt chercher, coûte que coûte, à leur prouver qu’ils ont tort quand il le faut ? Le point avec Sanae Hanine, formatrice en développement personnel et en communication non violente.

Mon chef a toujours raison, même quand il a tort !

Conseil : «Le chef a toujours raison», que pensez-vous de cette pensée courante ?

Sanae Hanine
: Les bases d’une bonne dialectique stipulent que les pensées entre deux êtres rationnels peuvent s’accorder comme deux horloges marquant la même heure. Elles peuvent aussi diverger sans créer de controverse, partant du principe que cette dernière suppose une certaine égalité de statuts entre les protagonistes, chose qui fait défaut dans une relation hiérarchisée comme en entreprise par exemple.

Dans cette perspective, la locution «Le chef a toujours raison» désigne une manière d’être et de manager de certains chefs issus de l’école du management directif et quelque peu paternaliste et autocratique. Selon le postulat de ce précepte, vouloir faire écouter à son chef un autre son de cloche, «ce serait comme vouloir apprendre au castor à bâtir sa hutte». Bien que la controverse soit souvent bénéfique aux deux parties, car elle leur permet de rectifier, d’enrichir les idées et de se faire aussi de nouvelles opinions, certains chefs ne le voient pas de cet angle. En effet, dans l’école du management directif, la contestation des idées du chef est estimée comme une contestation de son pouvoir. Dans ce style de management, il est rarement permis à d’autres personnes d’avancer des opinions divergentes. Et comme derrière chaque action, il y a toujours une bonne intention, cette position s’explique par une volonté d’agir sur les choses et non de les subir. Néanmoins, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il ne faut pas oublier que même un chef «à la main de fer», c’est tout de même une personne qui a des sentiments et une part d’humanité qui peut se voir atteinte par les critiques. Quand vient le temps des critiques, il peut être animé d’une vision et savoir être à l’écoute. Bien que c’est très délicat, mais il existera bel et bien une manière de faire parvenir une idée différente ou un autre point de vue à la personne concernée. Il faut bien noter que les chefs ne sont pas les seuls à être atteints de ce syndrome de Procuste, certains collaborateurs en sont atteints également. Ils ont tendance à vouloir jouer aux petits chefs. Ils ont une atrophie de l’imagination et ont une tendance à vouloir tout «formater» selon leurs propres critères. Donc, dans certaines situations, il faut balayer devant sa porte avant d’accuser son chef.

Quelle attitude adopter face à un manager qui croit avoir toujours raison ?

Dans des situations extrêmes, lorsque vous êtes face à un «Procuste», «la paix vaut encore mieux que la vérité», comme l’a si bien dit Voltaire. Il y a même un sage qui a avancé un jour que «toute vérité n’est pas bonne à dire et que l’homme le plus détestable est celui qui dit la vérité». Ce n’est pas une apologie du mensonge, mais c’est une protection. Parce que pour certaines personnes lorsqu’elles se rendent compte que vous leur ôtez toute chance de gagner par la raison, elles peuvent alors devenir blessantes, voire insultantes. L’attitude à adopter ne consiste pas tout simplement à dépersonnaliser la situation, mais aussi à la trianguler. L’échange n’est plus entre vous et elle, mais entre elle et le sujet problématique. Dans les situations impossibles, il faut tout simplement faire preuve de l’acceptation et d’investir en soi par l’apprentissage de la gestion de ses réactions et de ses émotions. Il faut également apprendre à être un champion de l’argumentation en préparant ses preuves. Ce qu’il faut éviter à tout prix c’est la confrontation directe qui n’a pour résultats qu’une grande frustration. Il faut aussi être assertif et factuel. Dans l’argumentation, il faut s’armer avec des chiffres, des faits, des études, des analyses, etc. 

Quelles sont vos recommandations pour une relation de confiance et de respect avec son manager ?

Justement, vous venez d’avancer le mot magique : la confiance. En effet, lorsque vous arrivez à bâtir une relation de confiance avec votre chef, ce dernier aura plus tendance à vous écouter et à prévaloir vos points de vue. Ce que je recommande, c’est de s’orienter vers soi et de se rendre compte de son propre rôle dans le besoin et de ses propres tendances d’autoritarisme. Soyez honnête dans votre estimation personnelle. Apprenez à évaluer honnêtement vos propres forces et faiblesses. Adoptez «la mentalité miracle», qui consiste à avoir un esprit ouvert à tous et attaché à rien. Il faut considérer les idées de son chef comme une occasion d’apprentissage plutôt qu’une remise en cause de ses compétences. Se confronter à des idées différentes est une manière d’évoluer et de grandir. Lorsqu’on essaye d’embrasser l’univers de l’autre et de comprendre pourquoi il pense ainsi, c’est un grand pas vers la compréhension mutuelle.

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