Conseil : «Le chef a toujours raison», que pensez-vous de cette pensée courante ?
Sanae Hanine : Les bases d’une bonne dialectique stipulent que les pensées entre deux êtres rationnels peuvent s’accorder comme deux horloges marquant la même heure. Elles peuvent aussi diverger sans créer de controverse, partant du principe que cette dernière suppose une certaine égalité de statuts entre les protagonistes, chose qui fait défaut dans une relation hiérarchisée comme en entreprise par exemple.
Quelle attitude adopter face à un manager qui croit avoir toujours raison ?
Dans des situations extrêmes, lorsque vous êtes face à un «Procuste», «la paix vaut encore mieux que la vérité», comme l’a si bien dit Voltaire. Il y a même un sage qui a avancé un jour que «toute vérité n’est pas bonne à dire et que l’homme le plus détestable est celui qui dit la vérité». Ce n’est pas une apologie du mensonge, mais c’est une protection. Parce que pour certaines personnes lorsqu’elles se rendent compte que vous leur ôtez toute chance de gagner par la raison, elles peuvent alors devenir blessantes, voire insultantes. L’attitude à adopter ne consiste pas tout simplement à dépersonnaliser la situation, mais aussi à la trianguler. L’échange n’est plus entre vous et elle, mais entre elle et le sujet problématique. Dans les situations impossibles, il faut tout simplement faire preuve de l’acceptation et d’investir en soi par l’apprentissage de la gestion de ses réactions et de ses émotions. Il faut également apprendre à être un champion de l’argumentation en préparant ses preuves. Ce qu’il faut éviter à tout prix c’est la confrontation directe qui n’a pour résultats qu’une grande frustration. Il faut aussi être assertif et factuel. Dans l’argumentation, il faut s’armer avec des chiffres, des faits, des études, des analyses, etc.Quelles sont vos recommandations pour une relation de confiance et de respect avec son manager ?
Justement, vous venez d’avancer le mot magique : la confiance. En effet, lorsque vous arrivez à bâtir une relation de confiance avec votre chef, ce dernier aura plus tendance à vous écouter et à prévaloir vos points de vue. Ce que je recommande, c’est de s’orienter vers soi et de se rendre compte de son propre rôle dans le besoin et de ses propres tendances d’autoritarisme. Soyez honnête dans votre estimation personnelle. Apprenez à évaluer honnêtement vos propres forces et faiblesses. Adoptez «la mentalité miracle», qui consiste à avoir un esprit ouvert à tous et attaché à rien. Il faut considérer les idées de son chef comme une occasion d’apprentissage plutôt qu’une remise en cause de ses compétences. Se confronter à des idées différentes est une manière d’évoluer et de grandir. Lorsqu’on essaye d’embrasser l’univers de l’autre et de comprendre pourquoi il pense ainsi, c’est un grand pas vers la compréhension mutuelle.