Menu
Search
Mardi 19 Mars 2024
S'abonner
close
Accueil next Économie

Le continent, un espoir pour la croissance mondiale

Le mouvement est irréversible. L’Afrique est condamnée à une intégration économico-industrielle pour s’imposer comme futur centre économique mondial. Les nombreux officiels et opérateurs économiques prenant part au Forum international Afrique développement, qui s’achève aujourd’hui à Casablanca, en sont tous convaincus. Certes, des défis sont encore là, mais ils ne doivent pas freiner la dynamique enclenchée ces dernières années pour faire du continent «le lion de demain».

Le continent, un espoir pour la croissance mondiale
Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa bank : «L’agenda institutionnel avance dans le sens de l’intégration : 44 des 54 pays africains participent déjà à plus d’une communauté économique régionale, avec des degrés divers d’intégration et un potentiel de renforcement considérable». Ph. Saouri

«Dans un contexte d’incertitude, l’Afrique reste l’espoir pour la croissance mondiale». C’est en ces termes et devant une salle archi-comble que le président-directeur général du groupe Attijariwafa bank, Mohamed El Kettani, a ouvert les travaux de la sixième édition du Forum international Afrique développement (FIAD), dont le lancement a été présidé par Julius Maada Bio, le président de la République de Sierra Leone.
«L’intégration continentale procède de notre conviction qu’un nouvel élan du mouvement d’intégration économique de notre continent est nécessaire». Aux yeux d’El Kettani, si l’économie mondiale a connu une expansion en 2018, le monde semble être entré à nouveau dans une phase d’essoufflement et d’incertitude grandissante. «Dans cet environnement jonché d’incertitudes, le continent maintient le cap et demeure un espoir pour la croissance mondiale», souligne le PDG. D’ailleurs, poursuit-il, l’Afrique a engrangé une croissance de 3,5% en 2018 et devrait faire mieux cette année (4%). Pour El Kettani, plus de temps à perdre : la combinaison d’opportunités et de menaces auxquelles fait face le continent souligne plus que jamais l’impératif des réformes structurelles et de l’approfondissement de l’intégration économique, afin de libérer davantage les énergies créatrices de richesses et de valeur. «L’agenda institutionnel avance dans le sens de l’intégration : 44 des 54 pays africains participent déjà à plus d’une communauté économique régionale, avec des degrés divers d’intégration et un potentiel de renforcement considérable», souligne-t-il. Selon lui, l’Afrique pourra, sans doute, constituer le fondement d’un marché continental concurrentiel et émerger en tant que centre d’affaires reconnu au niveau international et offrant aux investisseurs, PME comme grandes entreprises, des marchés plus vastes avec des économies d’échelle efficientes et des retombées positives entre pays enclavés et pays côtiers. 

Un big-bang africain imminent
Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de la Coopération africaine, estime pour sa part que le continent est sur le point d’assister à un véritable big-bang. «Pour récolter les fruits de ce big-bang, il nous appartient de nous recentrer sur notre potentiel. L’Afrique a entamé son cours irréversible vers le futur. Je vous le dis comme je le pense : l’émergence de notre continent va bouleverser la hiérarchie des puissances économiques mondiales», développe le ministre. Ce dernier souligne, par ailleurs, l’urgence de surmonter les paradoxes et adopter un modèle de développement donnant une large place à la transformation industrielle selon les caractéristiques spécifiques des différentes économies du continent. «L’immensité de la tâche appelle bien entendu à une action concertée, collective et avant tout intra-africaine», prévient le ministre. L’ex-patron du cabinet Valyans juge que la future entrée en vigueur de la zone de libre-échange africaine va bouleverser la donne sur le continent. «C’est l’une des forces de ce big-bang africain puisqu’elle abolira les frontières et fera tomber les barrières tarifaires et non tarifaires en plus d’accélérer la mobilité de la main-d’œuvre et des capitaux et changer le visage de l’économie africaine», assure-t-il. 

Les infrastructures, clé de l’intégration
Dans ce mouvement vers l’intégration économique et la transformation industrielle du continent, les infrastructures constituent la clef de la transition et de l’intégration.
C’est d’ailleurs l’un des points essentiels de l’intervention de Li Li, ambassadeur de la Chine au Maroc. «Pour réussir son intégration économique, l’Afrique a besoin d’infrastructures performantes afin de mieux fluidifier les échanges commerciaux entre les pays de la région et, partant, débrider la croissance», soutient Li Li. Ce dernier se réjouit que le Maroc, comme la Chine, milite pour le pluralisme et l’ouverture et s’attache à soutenir l’Afrique dans son développement. Pour lui, l’Est et l’Ouest du continent ont certes des spécialités différentes, mais l’échange entre eux va donner des résultats indéniables.  Les défis sont donc nombreux pour faire du continent «le lion de demain», a lancé Khoudia Mbay, ministre sénégalaise de la promotion des investissements. Parmi ces défis, l’accès au financement qui demeure difficile. «Tout le monde croit que l’Afrique est le prochain centre du monde. Et puisque tout le monde y croit, les Africains devraient y croire davantage et faire sauter les barrières tarifaires et dogmatiques», recommande-t-elle.  Le président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Abdallah Boureima, avance un autre constat : l’exigence de l’intégration régionale est devenue encore plus forte dans le monde aujourd’hui. 
«Dès lors, il deviendra difficile, voire impossible pour les pays africains 
de se développer individuellement». La messe est dite. 

-------------------------------------

Ils ont dit...

Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa bank
«Le FIAD reflète l’approche de S.M. le Roi Mohammed VI qui avait interpellé, dans le discours fondateur d’Abidjan, la communauté africaine pour que les Africains fassent confiance à l’Afrique. Ce forum contribue modestement à cette intégration économique.»

Khodia Mbaye, ministre de la promotion des investissements, des partenariats et du développement des télesrvices-Sénégal
«Aujourd’hui, l’Afrique est au centre des problématiques de développement au monde avec des potentiels importants en termes de ressources humaines, une jeunesse dynamique, des femmes inventives et puis le désir d’intégration entre l’Est et l’Ouest du continent.» 

Mohcine Jazouli, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, chargé de la Coopération africaine 

«Grâce à ce genre de rencontre, nous avons l’occasion d’avoir une trentaine de nationalités représentant plus de 2.000 personnes pour échanger et pour créer une dynamique intra-africaine. Ce forum a atteint sa maturité et correspond à un rendez-vous incontournable pour l’ensemble des décideurs et hommes d’affaires africains.» 

Li Li, ambassadeur de Chine au Maroc

«Je crois fort que le développement du continent africain est devant nous. Il faut joindre tous les efforts pour accompagner cet essor. La coopération Est-Ouest doit dépasser le cadre géopolitique pour agir plutôt dans le sens de pluralité. La Chine est disposée et disponible pour soutenir cette orientation.»

 

Lisez nos e-Papers