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La croissance repart à la hausse en 2020, l’investissement à la peine

Si elle est partie pour terminer l’année sur un ralentissement, la croissance économique devrait reprendre ses droits à de meilleures performances en 2020, prédit le HCP. Toutefois, si l’endettement et les déficits jumeaux sont appelés à se réduire, l’investissement marquerait le pas comparé à son rythme de 2019, en dépit d’une accélération du financement bancaire. En conséquence, l’inflexion du chômage serait à peine perceptible.

La croissance repart à la hausse en 2020, l’investissement à la peine

La mollesse de l’économie nationale ne serait que de courte durée. L’économie du pays romprait, en effet, dès l’année prochaine avec le manque de vigueur qui la caractérise cette année et ferait même mieux qu’en 2018. Toutefois, elle est loin d’emprunter le sentier d’une croissance pérenne, vu la persistance d’un certain nombre de faiblesses. C’est la quintessence du dernier check-up livré par le Haut commissariat au plan (HCP) sur le comportement de l’économie nationale et qui esquisse les prévisions de croissance en 2019 et 2020.

Ainsi, le PIB du pays devrait croitre de 3,4% en 2020, après 2,7% pronostiqué pour 2019 et 3% enregistré en 2018. Cette croissance reste, cependant, impactée par la dépendance de la valeur ajoutée agricole aux aléas climatiques, bien qu’elle soit confortée par le développement des cultures hors céréalières, nuance Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au plan, lors de la présentation du budget économique exploratoire 2020, mardi dernier à Casablanca. Pendant ce temps, indique-t-il, «la dynamique des activités non agricoles n’arrive toujours pas à hisser la croissance économique nationale au niveau souhaité». Et ce, de surcroit, sur fond de perspectives de l’économie mondiale «peu porteuses» qui impacteraient la croissance de la demande adressée au Maroc. Celle-ci se limiterait à 3,5% en moyenne en 2019 et 2020 au lieu de 3,3% en 2018 et 5,5% en 2017. Cette évolution donnerait lieu à une légère hausse de l’inflation (0,8% en 2019 et 1% en 2020) et le taux de chômage baisserait à 9,9% en 2020, contre 10% prévu en 2019 et 9,8% en 2018.

Le non-agricole tarde à décoller !

La croissance économique reposerait donc davantage sur les activités primaires qui devront reprendre leurs droits sur la croissance en 2020. La valeur ajoutée du secteur primaire progresserait de 4,6%, après une baisse de 2,1% prévue en 2019, selon le HCP. Par contre, le secteur non agricole verrait sa croissance reculer d’un point à 3,1%. Soit le même taux qu’enregistrerait le secteur secondaire qui serait soutenu, particulièrement, par la poursuite du dynamisme de l’activité minière et par la performance de certaines branches des industries manufacturières essentiellement les industries chimiques et parachimiques et les industries mécaniques électriques et métallurgiques, note le HCP. S’agissant du secteur tertiaire, il croitrait d’environ 3% (soit le même rythme prévu en 2019), avec l’amélioration des services marchands de 3,1% et des services des administrations publiques de 3%.

Autre constante dans l’évolution de l’économie nationale, relevée par le HCP, la croissance devra être portée par la demande intérieure. Celle-ci progresserait de 3,2% au lieu de 2,8% en 2019, enregistrant ainsi une contribution de 3,5 points à la croissance en 2020, après 3,1 points estimés pour 2019. Elle est tirée par une évolution tendancielle de la consommation nationale finale et l’accroissement de l’investissement brut.

Ainsi, la consommation finale nationale maintiendrait son rythme de croissance à 3,3% en 2020, dégageant une contribution de 2,6 points à la croissance. 

Elle serait tractée notamment par la consommation des ménages qui, «profitant des effets positifs escomptés de la campagne agricole 2019-2020 et de l’amélioration des revenus dans le cadre des résultats du dialogue social», s’accroitrait de 3,6% en 2020 après 3,5% en 2019, estime le HCP.

La consommation des administrations publiques évoluerait, quant à elle, de 2,5% au lieu de 2,9% en 2019, «suite à la décélération du rythme d’accroissement des dépenses budgétaires de fonctionnement non-salariées», explique le HCP. 

Pour ce qui est de la formation brute de capital fixe (FBCF), qui renseigne sur l’investissement, elle reste soutenue par la poursuite des grands projets d’infrastructure et continuerait de bénéficier également du démarrage de la production dans nombre d’entreprises installées dans le secteur des métiers mondiaux, notent les responsables du HCP. Cet indicateur ralentirait, toutefois, à 1,8% en 2020, après 2,2% en 2019. De ce fait, sa contribution à la croissance reculerait de 0,6 point en 2019 à 0,5 point en 2020. 

En revanche, la demande extérieure continuerait en 2020 de contribuer négativement à la croissance (-0,1 point), et ce, pour la troisième année consécutive. Pourtant, les exportations sont promises à une hausse de 8,1%, après 7,2% en 2019. De même que les importations (6,7% au lieu de 6,5% en 2019). 

L’endettement public en léger recul 

Côté finances publiques, le HCP table sur un raffermissement des recettes fiscales suite aux recommandations issues des assises fiscales et la hausse des dépenses de fonctionnement, avec la mise en œuvre de la deuxième tranche des valorisations de la masse salariale. Ce qui se traduirait par le maintien des recettes ordinaires qui se situerait à près de 21,3% du PIB en 2020 et par des dépenses ordinaires qui «resteraient rigides à la baisse» pour atteindre 19,5% du PIB.  Tenant compte des dépenses d’investissement, le déficit budgétaire devrait s’alléger passant de 3,6% en 2019 à 3,5% du PIB en 2020. Par conséquent, le taux d’endettement du Trésor s’allégerait à près de 64,8% du PIB, après 65,3% en 2019 et la dette publique globale reculerait à 80,7% du PIB au lieu de 81,3% estimé pour 2019.  Concernant les revenus nets en provenance du reste du monde, ils seraient en hausse de 5,2%, représentant ainsi 4,7% du PIB suite notamment à l’évolution attendue des recettes des MRE de 3,5%. Ce qui permettrait au compte courant de dégager un déficit moins accentué (4,9% du PIB, après 5,3% en 2019). Un besoin «qui reflète aussi l’écart entre l’investissement brut, qui devrait baisser à 32,4% du PIB et l’épargne nationale, qui s’améliorerait à 27,5% du PIB en2020», explique le HCP. n

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